Oui, les salons de l’automobile restent indispensables
Une quinzaine de grandes marques de constructeurs qui manquent à l’appel, une durée d’exposition ramenée de seize à onze jours, un nombre de visiteurs redouté en baisse… Le Mondial de l’Auto de Paris (et plus généralement les salons de l’automobile) ont-ils toujours une raison d’être ?
Le patron de Volkswagen, l’un des grands constructeurs absents de cette édition 2018, estime que les salons autos sont de purs produits des "sixties" et, à ce titre, totalement "out of date". A noter que les autres marques du groupe sont heureusement présentes.
A en croire certains observateurs, ces événements ont été purement et simplement ringardisés par des manifestations plus "hype", à l’instar du CES de Las Vegas, et condamnés à disparaître à plus ou moins longue échéance.
A y regarder de plus près, le Mondial de l’Auto n’est pas seul à connaître une crise existentielle. DS ou Opel ont fait l’impasse sur le salon de Genève, tandis que Peugeot, Fiat ou Volvo ont boudé celui de Francfort, et que le salon de Detroit a dû se résoudre à changer de date à partir de 2020 pour contenter les marques allemandes…
Il est vrai que la thématique automobile a pris de l’ampleur dans les différents shows technologiques (CES de Las Vegas, Mobile World Congress de Barcelone et autre Web Summit de Lisbonne). Il est vrai aussi que le coût de la participation à ces grand-messes automobiles peut faire réfléchir à deux fois les constructeurs, alors même que la voiture est clouée au pilori par certaines municipalités et que la fiscalité automobile devient dissuasive pour un nombre croissant de conducteurs. N’oublions pas, à cet égard, que l’âge moyen du parc automobile s’allonge en France et atteint désormais 9 ans. Une éternité pour l’innovation technologique et autant d’occasions manquées de remplacer des véhicules anciens, nocifs pour l’environnement, par des récents beaucoup plus vertueux.
Pour autant et malgré tous leurs handicaps, les salons automobiles (et donc le Mondial de l’Auto) restent des moments incontournables pour le client final. L’automobile n’occupe qu’un très modeste espace au sein des shows high-tech et ne touche que les leaders d’opinion (médias, blogs).
Visiter un salon automobile, déambuler dans les allées et passer du temps sur les stands, c’est la garantie de pouvoir s’asseoir à bord des modèles, découvrir toute une gamme de véhicules et bénéficier d’informations de la part d’un personnel formé à cet effet. Pour se plonger dans les innovations, des espaces sont d’ailleurs à disposition, avec force bornes tactiles et autres aménagements. Rien de comparable dans les shows high-tech : les véhicules ne sont pas forcément accessibles (parfois, le concept est présenté en réalité virtuelle). Quant au dialogue avec des experts, là encore, il est réduit à sa plus simple expression.
Pour l’édition 2018, le Mondial de l’Auto a imaginé de nouveaux concepts : centre d’essai indoor, espace dédié aux nouvelles technologies, salon de la mobilité… Pour sécuriser leur avenir, les salons de l’automobile doivent évoluer et tenir compte des nouveaux comportements (mobilité partagée, numérique), sans pour autant perdre ce qui fait leur spécificité : le contact avec le produit.
Si les contraintes financières s’avèrent trop lourdes pour les constructeurs, l’avenir n’est-il pas, dans ce contexte, à des salons européens tournants, mais avec toutes les marques présentes ? Aussi longtemps que l’automobile restera un sujet passionnel et à fort contenu affectif, le salon automobile aura ainsi toute son utilité. Et le Mondial de l’Auto à Paris restera le Mondial de l’Auto. N’oublions pas, enfin, ce bon vieux principe de marketing : tout ce qui se voit se prend et tout ce qui se prend s’achète…
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise