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Ne vous moquez plus des voitures chinoises !

Publié le 1 avril 2021

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - Longtemps en échec dans leurs tentatives de conquête du marché européen, les constructeurs chinois apparaissent aujourd'hui plus crédibles avec une ribambelle de SUV électriques.

 

C’est en Belgique que cela se passe, mais le symbole n’en reste pas moins fort : pour la première fois de son histoire, le titre de "Voiture familiale de l’année" a été attribuée cette année à une voiture chinoise, la MG ZS. Un véhicule 100 % électrique produit par MG Motor, la marque britannique du constructeur chinois SAIC.

 

La montée en puissance du tigre chinois dans l’automobile européenne n’est plus simplement une hypothèse ; elle est bel et bien devenue une réalité. Non seulement, avec l’irruption de la propulsion électrique, la Chine est un fournisseur incontournable des marques européennes en batteries. Mais les constructeurs du premier marché automobile mondial (SAIC, BYD, et autres Geely), désormais à l’étroit à l’intérieur de leurs frontières, se sentent pousser des ailes à l’export.

 

Leur "arme fatale", ce sont les SUV "made in China" : électrifiés bien sûr, mais également bien meilleur marché que leurs homologues européens. C’est ainsi que l’on voit arriver depuis quelques semaines le U5, lancé par la start-up Aiways, qui n’a pas peur d’affronter les poids-lourds du segment comme la BMW iX3 ou l’e-tron d’Audi !

 

La stratégie de conquête de la Chine adopte parfois des ruses de guerre, façon "Cheval de Troie", avec une marque européenne très bien établie, Volvo, mais appartenant à un constructeur chinois, Geely, dont les modèles (Polestar et autres Lynk) grignotent lentement mais sûrement des parts de marché.

 

La prédiction des experts de France Stratégie (cette institution dépendant des services de Matignon) selon laquelle "la Chine pourrait envoyer l’industrie européenne au tapis", est-elle en marche (1)? Il est sans doute trop tôt pour le dire. Mais, n’en déplaise aux Européens, elle pourrait se réaliser par leur propre faute ! C’est en effet à cause des constructeurs automobiles du Vieux Continent que la balance commerciale avec la Chine ne cesse de se dégrader dans l’automobile. Qu’y a-t-il en effet de commun entre la Dacia Spring, la DS 9 de Stellantis, le SUV iX3 de BMW, la Smart de Daimler ou la Mini électrique de BMW ? Tous ces modèles sont (ou seront) fabriqués dans des usines chinoises, avant de revenir ensuite dans les concessions automobiles des grands marchés européens…

 

Le "made in China" va-t-il plomber les espoirs de construction d’une filière européenne du véhicule électrique compétitive, avec un "Airbus des batteries" digne de son grand frère de l’aéronautique et des usines de fabrication de modèles électrifiés rentables ? Les marques automobiles occidentales ont beau jeu de s’en défendre et de vouloir protéger une industrie automobile locale. Les chiffres sont là, et comme diraient nos politiques lors des désormais traditionnelles conférences sanitaires du jeudi soir, ils ne sont pas bons : selon l’institut IHS Markit, en 2025, les importations de voitures "made in China" en Europe pourraient représenter 500 000 unités par an, soit dix fois plus que l’an dernier.

 

On a vu, tout au long de ces derniers mois, ce qu’une désindustrialisation accélérée a comme conséquences sur des fleurons de l’industrie pharmaceutique tricolore ou sur une filière européenne des semi-conducteurs jadis prospère. Prenons garde, s’il est encore temps, de ne pas réitérer ces erreurs dans une industrie automobile européenne qui donne encore du travail à plus de 13,5 millions de personnes. Certes ce n’est pas l’année du tigre dans le calendrier chinois, pourtant le fauve est bien en chasse !

 

 L’Arval Mobility Observatory

 

(1) Automobile : le « made in China » à l’assaut de l’Europe. Les Echos 24 février 2021

 

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