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Mobilité durable : les entreprises volontaires, mais pas assez épaulées

Publié le 23 janvier 2020

Par Alice Thuot
5 min de lecture
La réduction de l’impact des déplacements des salariés s’est peu à peu imposée comme un thème majeur, et ne cesse de prendre de l’ampleur à travers la LOM. Pourtant, les freins à la mise place d’une vraie politique de mobilité durable sont encore multiples.
Les dirigeants d'entreprises croient en la mobilité durable mais manquent de moyens.

 

C’est en somme ce que montre la 3e édition du baromètre de la mobilité durable en entreprise, réalisée par Opinion Way pour les Clés de la Mobilité by Athlon. 502 dirigeants et 1 023 salariés représentatifs des entreprises de 50 salariés et plus ont été interrogés dans le cadre de cette étude. Avec un premier constat : contrairement à ce qui était observé il y a à peine 4 ans, les déplacements dans les entreprises tendent à diminuer mais concernent de plus en plus de structures. Cette année, la quasi-totalité des entreprises (98 %) déclare avoir au moins un salarié effectuant des déplacements professionnels, soit une évolution de 8 points en trois ans. Plus d’entreprises concernées donc, mais moins de salariés en déplacement : 70 % des dirigeants estiment ainsi que moins de la moitié de leurs salariés réalisent des déplacements professionnels, soit une hausse de 5 points.

 

L’augmentation des nombre d’entreprises concernées se traduit par une plus grande implication des dirigeants d’entreprise en faveur de la mobilité durable. Pour preuve, 70 % des chefs d’entreprise souhaitent mettre en oeuvre une politique de mobilité durable, limitant et/ou optimisant les déplacements de leurs salariés. 79 % d’entre eux affirment que la mobilité durable leur tient à coeur.

 

Faciliter et limiter les déplacements

 

Avec deux axes : faciliter, mais aussi limiter les déplacement. Dans la première catégorie, 44 % des dirigeants proposent une voiture de fonction classique, 14 % une voiture de fonction hybride, et 7 % une voiture de fonction électrique. 29 % des dirigeants proposent un abonnement pro à la SNCF, et 19 % un abonnement auprès d’une compagnie aérienne. D’autres abonnements, plus rares, peuvent également être proposés : les abonnements aux parking relais, qui encouragent l’utilisation de la multimodalité – en combinant voiture, moyen de déplacement encore le plus utilisé, à des modes de transports doux ou des transports en commun – sont proposés par 14 % des dirigeants.

 

Afin de limiter les déplacements, les principales mesures mises en place sont les mêmes qu’il y a 3 ans et restent relativement stables. Elles consistent à fournir aux salariés un smartphone, un ordinateur portable ou une tablette (78 %, -1 point depuis 2016), à privilégier les conférences téléphoniques (74 %, +2 points), et à s’équiper en matériels de visio-conférences (63 %, +3 points depuis 2016 et +12 points depuis 2013). Pourtant, ces bonnes volontés semblent se heurter au manque de ressources dédiées à ce sujet dans les entreprises. Et donc, une absence d’institutionnalisation de la mobilité durable en entreprise. Ainsi, seuls 13 % des dirigeants déclarent qu’il existe au sein de leur entreprise un service, ou une fonction, dédiés à la mobilité durable. Ce taux, qui évolue peu (+4 points en six ans), est toutefois plus élevé dans les entreprises plus grandes (26 %).

 

Un manque de ressources

 

Le manque d’aides publiques est également déploré par les dirigeants interrogés. 39 % d’entre eux souhaitent des aides financières pour réduire le coût de la mise en place de moyens de déplacement plus écologiques : proposer aux salariés l’autopartage, le covoiturage, des véhicules d’entreprise hybrides et électriques, leur mettre à disposition des abonnements SNCF et transports en commun, etc. En effet, le coût de la mise en œuvre de solutions de mobilité plus écologiques est perçu comme un obstacle par 27 % des chefs d’entreprise, une proportion en nette augmentation depuis 2016 (17 % lors de l’édition précédente du baromètre).

 

28 % des dirigeants interrogés attendent des pouvoirs publics qu’ils renforcent les infrastructures de transport, de connexion et de recharge comme les parking relais à proximité des gares, les bornes de vélo en libre-service, les bornes de recharges pour véhicules électriques… Le manque d’infrastructures est vécu comme un frein à une mobilité plus propre par 34 % des chefs d’entreprise. "Les obstacles à la mobilité durable – infrastructures, coût, complexité, etc. – sont si dissuasifs que 29 % des sociétés n’essaient ni de limiter, ni d’optimiser leurs déplacements pour les rendre plus propres. Les entreprises ont aujourd’hui besoin d’accompagnement de la part des professionnels de la mobilité et des pouvoirs publics", souligne Bruno Morizur, directeur général d’Athlon France.

 

La voiture reste indispensable

 

Conséquence, la voiture reste indispensable dans la grande majorité des entreprises. Dans le détail, la voiture individuelle – qu’il s’agisse de la voiture de fonction (68 %) ou des voitures personnelles des collaborateurs (58%), ainsi que le train (56 %) restent d’après leurs dirigeants les moyens les plus utilisés par les salariés pour leurs déplacements professionnels. Ces trois moyens de transport connaissent une hausse d’utilisation en trois ans (respectivement +8 points, +10 points et +4 points depuis 2016), à l’image de l’ensemble des moyens utilisés par les salariés pour leurs déplacements professionnels. La baromètre fait ressortir une augmentation de l’utilisation de moyens de déplacement personnels, comme le vélo ou le scooter / la moto, mais également des transports urbains.

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