Matthieu Echalier, Gac Group : "Nous avons passé le cap des 500 000 véhicules gérés via Gac Car Fleet"
Le Journal des Flottes : Revenons pour commencer sur l’année 2023. Quel bilan en faites-vous ?
Matthieu Echalier : Si je devais résumer l’année 2023, ce fut une très belle année avec beaucoup de travail accompli, laborieuse au sens noble du terme. Nous avons mis les bouchées doubles sur un énorme projet, qui avait débuté en 2022 d’ailleurs, avec Enedis. Il a débouché sur l’intégration de 35 000 voitures supplémentaires dans notre logiciel Gac Car Fleet en janvier de cette année. Nous avons déployé énormément de ressources à cette occasion, et surtout Enedis nous a poussés à améliorer certains de nos outils, comme la gestion de la maintenance. Avant, nous avions une gestion de la maintenance assez "light" avec l’enregistrement des interventions effectuées, en cours et à venir. Là, il a fallu rentrer dans le détail avec des champs sur la carrosserie, l’électricité, la peinture… Il a également fallu intégrer la maintenance prédictive. Ils nous ont poussés assez loin, ce qui nous a permis de faire franchir un bon cap à notre logiciel.
JDF : Il s’agit de votre plus gros client ?
M.E. : Enedis est l’un de nos plus gros clients à ce jour. L’État monte progressivement en puissance aussi. Nous voyons de plus en plus de préfectures et de ministères qui utilisent notre outil en vertu du contrat que nous avons passé avec l’État il y a quelques années. Je pourrai également citer Veolia ou encore Bouygues. Bouygues est aujourd’hui le plus gros groupe sous contrat avec la branche construction, Colas, Equans ainsi que TF1 et d’autres filiales.
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JDF : Le rachat de SIP2 a également dû accaparer une partie de votre attention…
M.E. : L’un des gros sujets a effectivement été l’intégration de SIP2. Nous sommes tombés sur une super équipe et un super produit qui était un peu laissé en déshérence, qui n’était pas valorisé par les personnes qui l’avaient racheté. Il y a eu trois propriétaires successifs qui n’en ont rien fait… Notre première préoccupation a été de bien intégrer l’équipe, même si elle reste basée à Paris et que nos bureaux sont à Lyon. L’outil a été maintenu, il reste parfaitement autonome pour le moment. Nous n’avons rien touché mais nous avons malgré tout embauché un développeur, et nous avons aidé le service client avec nos process et nos outils. Rien qu’en faisant ça, les retours des clients SIP2 sont très positifs. Nous en avons perdu quelques-uns à la suite du rachat, mais nous en avons gagné d’autres. Évidemment, il y aura à terme un projet d’unification pour n’avoir qu’un seul outil, mais cela ne se fera probablement pas avant 2026. Nous aurons alors un socle avec plusieurs déclinaisons, l’une pour les grands comptes, une autre pour le service public et une dernière pour les petits comptes. L’idée est également d’avoir des versions pour les différents pays sur lesquels nous sommes ou serons présents.
Le chiffre symbolique de 500 000 voitures gérées via Gac Car Fleet met en lumière la patience dont il faut faire preuve quand on entreprend
JDF : Justement, l’international. Où en êtes-vous de vos ambitions de développement ?
M.E. : C’est un gros sujet. Nous avions tenté il y a quelques années de nous implanter en Italie. Je pense que cette décision était prématurée. Nous n’étions pas prêts, le marché non plus. Les entreprises italiennes ne voyaient pas trop l’intérêt à l’époque d’utiliser un logiciel de gestion de flotte. Depuis, quelques concurrents sont apparus et la communauté des fleet managers a commencé à s’intéresser aux outils susceptibles de les accompagner dans leur métier. Nous avons également tenté notre chance aux Pays-Bas et surtout en Espagne. Nous avons fait une très belle conquête en début d’année en Espagne avec une flotte de 5 200 véhicules. Un partenariat très fort a également été conclu avec un fleet manager en Belgique, où nous avons 15 000 véhicules intégrés dans Car Fleet. Gac est aussi présent en Afrique du Nord par le biais d’Ocean qui distribue notre produit. Nous sommes en revanche totalement inconnus en Allemagne ou en Autriche. Le fait est que l’international, c’est hyper long ! Tout prend du temps. Nous avons embauché un directeur commercial international début 2023, Maxime Bergès, avec qui nous avons commencé à construire les fondations de notre développement. Les premiers murs vont commencer à monter en 2025, avec nos premiers volumes de masse. Quelques belles ventes ont malgré tout été réalisées, Capgemini nous a par exemple confié sa flotte internationale qui avoisine les 12 000 véhicules dans 17 pays.
JDF : La taille atteinte en France est-elle un gage de réussite à l’export ?
M.E. : Cela ne nous sert pas encore, mais elle nous servira demain. Nous avons 125 salariés aujourd’hui, dont une centaine sont sur l’activité voiture, ce qui nous donne de la crédibilité lorsque nous allons voir des prospects internationaux. Ils sont rassurés de savoir qu’ils vont potentiellement travailler avec un éditeur de logiciel très structuré et qui gère déjà plus de 500 000 voitures via Car Fleet et 180 000 via SIP2 !
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JDF : Le cap des 500 000 voitures a donc été franchi par Car Fleet ?
M.E. : Oui ! Ce chiffre symbolique met en lumière la patience dont il faut faire preuve quand on entreprend. Seize ans après avoir obtenu la confiance de notre première flotte de 210 véhicules, nous avons passé aujourd’hui le cap des 500 000 véhicules gérés via Gac Car Fleet ! C’est un chiffre assez marquant. Je peux vous en livrer quelques autres. Par exemple, 52 % de nos clients ont une flotte de moins de 300 véhicules, et 24 % ont moins de 100 véhicules. 59 % des véhicules gérés sont des diesel, tandis que la part de véhicules électriques ne cesse d’augmenter. Elle représente 8 % en 2024 contre 4 % en 2021.
JDF : Prévoyez-vous de proposer de nouveaux services, d’étoffer Gac Car Fleet ?
M.E. : Nous avons trois grands axes de travail. Il y a tout d’abord tout ce qui tourne autour de l’électrique. On le fait depuis longtemps avec la remontée de charges, le calcul des consommations des hybrides rechargeables… D’autres petits plus seront apportés. Vient ensuite le sujet des bornes. Les clients peuvent désormais enregistrer les bornes de recharge, les câbles intelligents et bientôt il sera possible de les commander dans notre outil. En 2024, nous aurons beaucoup de développements autour des bornes, nous essayons d’anticiper au maximum les sujets qui vont se présenter à nos clients. Le troisième grand axe sera celui des allocations des véhicules. Nous allons développer un service qui permet d’orienter le salarié vers le véhicule le plus adapté à ses usages.
Mes commerciaux font une centaine d’acquisition de nouveaux clients par an
JDF : Quelle est la marge de progression de Gac Technology en France ?
M.E. : À un moment, nous allons arriver sur un plateau. Je me disais déjà cela il y a six ans, il y a trois ans. Et au final, nous continuons à progresser de 30 % chaque année. Mes commerciaux font une centaine d’acquisitions de nouveaux clients par an. Encore beaucoup d’entreprises gèrent leur parc automobile sous Excel. On voit que dans tous les secteurs d’activités, en RH, en finance notamment, des outils émergent. Les entreprises se disent que cela pourrait être aussi pertinent pour leur flotte automobile, elles murissent sur le sujet. Nous allons donc continuer à croître, mais à un moment les +30 % vont effectivement passer à +20 % puis +10 %. Le fait est que nous avons un très bel outil pour les flottes au-delà de 50 voitures et nous avons lancé un outil pour aller chercher les plus petits parcs qui constituent potentiellement un marché énorme. Il faudra en revanche l’aborder autrement et là nous avons encore pas mal de choses à inventer.
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