Mais où est passé le "plan hydrogène" ?
A l’époque où il était encore ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot avait martelé à plusieurs reprises qu’il envisageait pour la France rien moins que le leadership mondial en matière d’hydrogène. Le "plan hydrogène" présenté en juin prévoyait de débloquer 100 millions d’euros de financement à compter de 2019. Il fixait en outre des objectifs ambitieux pour la filière à horizon de 2028 : 20 000 à 50 000 véhicules utilitaires légers, 800 à 2 000 véhicules lourds, un millier de stations d’avitaillement et 40 % du mix énergétique.
Depuis ces annonces de l’eau (H2O) a, il est vrai, coulé sous les ponts. L’urgence est davantage à trouver des solutions rapides à l’envolée des prix des carburants, pour calmer la rue, que de plancher sur les grands équilibres énergétiques de demain. Du coup, la filière de l’hydrogène et l’ensemble de son éco-système s’interrogent sur la pérennité du plan Hulot. Le quasi-silence présidentiel sur la question, mardi à l’Elysée, ne devrait pas les rassurer.
Pourtant l’hydrogène peut constituer une réponse, comme d’ailleurs l’électricité ou les motorisations hybrides, à condition toutefois que l’énergie utilisée pour sa production soit propre. Ses avantages sont désormais bien connus : une molécule riche en énergie, capable de stocker l’électricité, d’alimenter des voitures, et d’annuler les émissions de CO2 et autres particules.
A l’heure de la valse des étiquettes sur les carburants et des boîtes à outils conçues dans l’urgence (chèque énergie, primes à la conversion pour les plus modestes afin de rajeunir un parc automobile vieillissant et polluant), l’hydrogène peut faire entendre sa petite musique : la combustion d’un kilo d’hydrogène libère environ trois fois plus d’énergie que celle d’un kilo d’essence et ne produit que de l’eau. L’autonomie des véhicules est supérieure à celle des modèles électriques et le temps de recharge très rapide.
Sur le terrain, des initiatives en faveur de l’hydrogène se font jour : la SNCF vient d’annoncer la commande de prototypes de trains à hydrogène pour remplacer les vieilles motrices au diesel. Quant à EDF, à qui Emmanuel Macron a demandé d’élaborer un programme de "nouveau nucléaire" pour 2021, elle a aussi investi dans l’hydrogène en devenant en juin dernier le premier actionnaire de la société McPhy, moyennant 16 millions d’euros.
Dans les territoires aussi, les élus donnent leur chance à l’hydrogène. Dans la Manche, Saint-Lô est devenue il y a un an la première ville de France à proposer des vélos électriques à hydrogène. A Paris, des taxis à hydrogène roulent dans les rues sous la bannière Hype. Quant aux constructeurs, jusqu’alors très réservés sur les perspectives du marché national au point de n’y commercialiser aucun modèle, ils changent de stratégie, à l’instar de Hyundai avec son SUV Nexo ou Toyota et sa Mirai.
L’hydrogène ne réglera pas tous les problèmes de transition énergétique. Il devra en priorité devenir une énergie accessible au plus grand nombre (difficile aujourd’hui de trouver des voitures à moins de 70 000 euros). Mais il a sûrement des arguments à faire valoir dans la grande concertation sur l’énergie qui s’annonce. Il faut donner de l’oxygène au "plan hydrogène".
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise