L’hydrogène, ça tombe pile !
Et si demain l’humanité roulait, plutôt, à bord de véhicules propulsés grâce à une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène, ressource la plus disponible dans l’univers ? En un mot, et si Jules Verne avait eu raison bien avant tout le monde ; lui qui prédisait dans l’Ile Mystérieuse -publié en 1874-, que l’hydrogène serait un jour la principale source d’énergie utilisée par l’homme (1)…
Bien sûr, science-fiction et économie font rarement bon ménage. Pourtant, les signaux forts se multiplient en faveur de ce gaz ne générant en brûlant que de la vapeur d’eau. Même l’Agence internationale de l’Energie parie désormais sur l’avenir de l’hydrogène et appelle de ses vœux une accélération de son exploitation dans le cadre de la transition énergétique.
Plusieurs pays ont déjà fait de l’hydrogène leur priorité des prochaines années. C’est le cas de la Chine, qui abrite sur son territoire la moitié du parc de véhicules électriques mondial. C’est aussi vrai du Japon, qui entend bien profiter de l’exceptionnelle vitrine offerte par les JO de 2020 pour déployer son savoir-faire en la matière. De l’autre côté du globe, en Californie, un million de véhicules à hydrogène pourraient sillonner les routes en 2030. A chaque fois, des investissements consistants sont prévus pour créer un réseau de stations de recharge à la hauteur des ambitions de chacun.
Côté industriels, c’est la veillée d’armes. L’été a ainsi été riche en annonces sur le front de la pile à combustible. BMW, par exemple, a confirmé que son premier modèle à hydrogène serait un X5 et qu’il arriverait vers 2022. Quant à l’équipementier Continental Automotive, il a inauguré un laboratoire dédié à la pile à combustible, en coopération avec l’Université technique de Chemnitz. Que dire également du chinois Great Wall, qui a concrétisé plusieurs acquisitions dans ce domaine et qui a prévu de sortir son premier modèle à pile à combustible en 2020, sous la marque Wey ?
Et les constructeurs français dans tout cela ? La bonne nouvelle, c’est qu’ils s’y mettent, après avoir laissé le champ libre aux Toyota, Hyundai et autres Honda. Faurecia et Michelin travaillent de concert sur cette technologie au travers de la société Symbio, dont le prolongateur d’autonomie à pile à combustible avait équipé en 2016 un millier de Kangoo électriques de la Poste.
PSA programme de son côté le lancement d’une flotte de véhicules utilitaires à hydrogène en 2021. Quant à Renault, il est en train de commercialiser une version hydrogène avec prolongateur d’autonomie du petit utilitaire Kangoo,et programme pour 2020 une version hydrogène du Master.Lentement mais sûrement également des bus à hydrogène commencent à sillonner les routes de plusieurs communes de l’Hexagone. Des flottes de taxi, comme celle de Hype à Paris soutenue par le géant mondial des gaz industriels Air Liquide, parient sur cette technologie.
Reste néanmoins à soigner le Talon d’Achille de la filière hexagonale pour que des véhicules à hydrogène circulent en nombre : les stations de recharge. Coûteuses (autour d’un million d’euros), on en compte à peine plus d’une dizaine en France, quand l’Allemagne en revendique plus de 75 et que 381 sont exploitées à travers le monde. Il y a donc fort à parier qu’il faudra beaucoup de Jules Verne du XXIème siècle pour inverser la tendance et combler le retard de la France. Pour une fois, évitons l’histoire de l’œuf et de la poule : lançons en France un vrai plan de déploiement des stations, les véhicules suivront.
L’Arval Mobility Observatory
(1) L’hydrogène, carburant du futur. Cahier de l’Observatoire du Véhicule d’entreprise. Octobre 2015.