Les villes françaises ne font pas rêver les conducteurs
Les Français adorent les classements. On connait celui des sportifs les mieux payés, celui des artistes les plus « bankables », celui des entreprises où « il fait bon travailler » ou encore le top des employeurs où « il fait bon être stagiaire ». Un nouveau et –instructif- palmarès vient de sortir, réalisé par le spécialiste européen de la vente de pièces automobiles, Mister Auto : c’est le premier classement mondial des villes où « il fait bon conduire ».
Celui-ci, les Français ne devraient pas beaucoup l’apprécier. Car les villes françaises brillent par leur absence aux premières places du classement, même si elles sont six à figurer dans ce Top 100. Il faut en effet attendre le 33ème rang pour trouver la première ville tricolore, en l’occurrence la ville rose (Toulouse), suivie par Nice en 41ème position, Bordeaux (47ème), Lyon (56ème), Marseille (64ème). Le bonnet d’âne revenant à Paris, avec une piètre 71ème place, en raison principalement des mauvais résultats de la capitale sur le plan des embouteillages et de la sécurité au volant.
Pour établir ce classement, une quinzaine de critères ont été passés au peigne fin, parmi lesquels la qualité des infrastructures, le coût de déplacement (carburant, stationnement…), mais aussi la qualité de l’air ou encore le réseau de transports en commun.
A moins de cinq ans des Jeux Olympiques d’été ou à quatre ans de la Coupe du monde de Rugby, les villes françaises n’apparaissent dans le Top 10 d’aucun critère d’évaluation. Sur la qualité des routes par exemple, ce sont les Suisses qui font carton plein avec trois municipalités primées (Genève, Zurich, Bâle). Même satisfaction pour le Canada, dont deux villes – Calgary et Brisbane – trustent deux des trois places du podium du classement général. Quant au Japon, ce pays voit deux de ses villes (Osaka et Tokyo) dans le trio de tête pour le faible niveau des violences routières.
La voiture, bien que malmenée dans l’Hexagone depuis quelques années surtout si elle est dotée d’une motorisation diesel, reste plébiscitée par les Français. Sept sur dix déclarent ne pouvoir s’en passer dans leur vie quotidienne, pour aller au travail ou accompagner leurs proches. La faute à des transports en commun insuffisants ou peu ponctuels, même si, la dernière Enquête Globale Transports (EGT), fort opportunément publiée aujourd’hui, indique que pour la première fois depuis qu’elle existe (soit il y a 45 ans), les habitants d’Ile de France sont de plus en plus nombreux à laisser leur voiture au parking au profit du train, métro et autres RER.
Comme le rappelait le journal Les Echos en fin de semaine dernière (1), en 2018, l’autorité organisatrice des transports Ile de France Mobilités (IDFM) a tout de même infligé un malus de 31 millions d’euros à la SNCF par rapport à son contrat d’objectifs, en raison des retards et des annulations de trains liées à des mouvements de grève.
Alors, à quelques jours de la mobilisation sociale dans les transports contre la réforme des retraites, en France, qui devrait remettre des voitures en nombre sur les routes, ce palmarès de Mister Auto confirme en tout cas que les municipalités du monde entier, ont tout intérêt, quels que soient les effets de mode, à préserver les conditions de conduite de leurs administrés. Celui qui a des oreilles, qu’il entende !
L’Arval Mobility Observatory
(1). La ponctualité des transports en Ile-de France affectée par les travaux par Denis Fainsilber. Les Echos. 6 novembre 2019