Les trottinettes électriques s’achètent une conduite
Pour autant, le combat n’est pas fini. On pourrait même dire qu’une nouvelle bataille commence. Celle des effets secondaires des mobilités dites « douces ». Prenez le cas des trottinettes électriques. En un temps record, elles sont devenues « tendance » et ont envahi non seulement les rues, mais aussi – et c’est bien là le problème – les trottoirs des villes. Quelques inconscients ont même été filmés à plus de 85km/h sur le périphérique ou l’A86 en banlieue parisienne.
A Paris intra-muros, on a dénombré jusqu’à douze opérateurs de trottinettes en free-floating. Comprenez, après utilisation, on laisse ces petits deux roues n’importe où. Résultat, les engins étaient purement et simplement abandonnés sur la voie publique, quand ils ne terminaient pas leur existence au fond des eaux de la Seine ou du canal Saint-Martin…
Outre les nuisances écologiques (au fond de l’eau, les batteries contenant des métaux lourds sont une menace pour l’environnement) et esthétiques (ces tas de ferrailles enlaidissent l’image de la Ville Lumière), les nouveaux modes de déplacements soulèvent des questions de sécurité. Car, comme bien souvent en matière d’innovation, la réglementation tarde hélas, à suivre l’explosion des usages.
Pour reprendre l’exemple des trottinettes, un décret vient d’en codifier l’utilisation : âge du conducteur (12 ans) ; nombre d’usagers sur l’engin (un seul !) ; vitesse maximale (25 km/heure) ; équipements obligatoires (port du casque et gilet réfléchissant) ; conditions de roulage (pistes cyclables devenues « véloroutes », voire trottoirs à titre exceptionnel). Quant à Paris, la municipalité va lancer un appel d’offres pour limiter à trois le nombre d’opérateurs de trottinettes, avec plusieurs obligations à la clé.
Le partage de l’espace public pour la sécurité du plus grand nombre sera sans doute l’un des enjeux de demain. Et pas seulement en France, où 107 piétons, déjà, sont décédés au troisième trimestre 2019, contre 98 il y a un an, selon les statistiques de l’Onisir (1). Le New York Times expliquait récemment qu’en moyenne, 17 piétons et 2 cyclistes ont perdu la vie chaque jour aux Etats-Unis en 2018 (2). Des chiffres en hausse de 3,4 % et 6,3 %, et jamais vus depuis 1990. Il y avait donc urgence à stopper la mobilité aigre-douce…
L’Arval Mobility Observatory
(1) - Onisir : Observatoire national interministériel de la Sécurité routière.
(2) - Deadliest Year for Pedestrians and Cyclists in U.S. Since 1990 par Nicholas Bogel-Burroughs - 22 octobre 2019