Les nouveaux fléaux de la sécurité routière
C’est un fait, le bilan de la sécurité routière est en amélioration cette année. Les six premiers mois 2019 recensent moins de morts que sur la même période de 2018 : neuf de moins exactement, soit un total de 1 515 personnes, et 26 de moins sur la moyenne des cinq dernières années, selon les derniers chiffres de l’Observatoire interministériel Onisir.
S’il faut se féliciter de cette amélioration générale, puisque l’on est loin des années noires à plus de 10 000 victimes de la route, tous les signaux ne sont pas pour autant au vert. Résultat - sans doute - des nouveaux modes de déplacements prônés pour remplacer la voiture, on compte ainsi davantage de victimes parmi les piétons et les cyclistes, ce qui appelle de toute urgence l’instauration de nouvelles règles de partage de l’espace public.
Plus grave, de nouvelles « mauvaises habitudes » prennent le pas sur d’anciennes. Comme le rappelle le dernier baromètre Axa Prévention, les Français ont enfin compris qu’entre boire et conduire, il fallait choisir. En 2004, 19 % d’entre eux reconnaissaient prendre le volant après avoir bu plus de quatre ou cinq verres d’alcool ; en 2019, ils n’étaient plus que 6 %. Même chose pour la vitesse excessive ; toujours selon Axa Prévention, ils ne sont plus que (mais ils sont encore) 11 % en 2019 à admettre rouler à 160-170 km/h sur autoroute (au lieu de 130 km/h autorisés), contre 29 % en 2004.
Les nouveaux fléaux de la route ne manquent pas, alors même que les véhicules n’ont jamais été aussi sûrs d’un point de vue technologique. Le téléphone (pardon le smartphone) remporte tous les tristes suffrages haut la main. Envoyer ou répondre à des SMS ou à des appels, serait ainsi responsable de plus d’un accident mortel sur dix sur autoroute, indique la dernière édition de l’Association française des sociétés d’autoroutes (ASFA). Dépasser une voiture zigzagant entre les voies à cause d’un conducteur davantage accaparé par le dernier message de son smartphone que par la circulation, devient malheureusement de plus en plus banal.
Autre évidence : conduire fatigué augmente les risques de somnolence. Pourtant, là encore, les études montrent bien que l’adage « toutes les deux heures la pause s’impose » reste pour certains conducteurs un vœu pieu ! L’AFSA précise d’ailleurs que, l’année dernière, l’endormissement au volant a été responsable de 19 % des morts sur autoroutes et d’un tiers des accidents, contre 12 % attribuables à la vitesse.
Enfin, et sans relancer ici le débat sur l’âge des conducteurs, les grands chassés-croisés de l’été et les nombreuses études sur les Français au volant auxquelles ils donnent lieu, nous apprennent que les moins de 35 ans (qui ne représentent que 18 % des conducteurs sur autoroutes) seraient impliqués dans 30 % des accidents mortels. La faute, cette fois, à l’usage de drogues, de médicaments, mais aussi à la vitesse excessive.
Alors, oui, le bilan de la sécurité routière en France est globalement plus positif qu’avant. Mais dans ce domaine, comme dans d’autres, la bataille n’est jamais complètement gagnée. Et il faut savoir doser, comme pour les cocktails estivaux, les ingrédients (pédagogie, interdiction, sanction) pour améliorer les choses. Seule consolation (s’il en est), ces chiffres sont maintenant faibles en comparaison d’autres grandes causes de décès évitables (tabac 73 000/an ou alcool 41 000/an). Bonne route !
L’Arval Mobility Observatory