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Le "juste prix" du… mix énergétique

Publié le 15 novembre 2018

Par Damien Chalon
3 min de lecture
ZOOM DE L'OVE. L'Observatoire du Véhicule d'Entreprise revient sur les obstacles qui se dressent sur la route des gestionnaires de parcs dans la mise en place d'un mix énergétique diversifié. Le principal écueil est d'ordre financier.

 

Le métier de gestionnaire de parc n’est pas un long fleuve tranquille. Loin de là. Entre les règles fiscales qui changent au gré de l’humeur des politiques, les campagnes anti-automobile qui se généralisent dans les grandes villes, les ukazes à l’encontre des énergies que les pouvoirs publics ont pourtant soutenues pendant des années, il leur est bien difficile de faire des choix éclairés et économiquement viables.

 

Les énergies alternatives ont le vent en poupe. Les constructeurs multiplient les annonces sur l’électrification de leurs catalogues produits : douze modèles attendus chez BMW en 2025, quatre-vingt chez VW, vingt chez Audi. Chez les Français, les ambitions aussi sont bien présentes avec 100 % de la gamme PSA électrifiée en 2025 et 50 % de celle de l’Alliance Renault-Nissan, mais dès 2022.

 

Ces échéances sont tout à la fois proches (pour les constructeurs qui doivent investir en conséquence pour cette mutation technologique) et éloignées (pour les gestionnaires de parcs, qui conçoivent dès maintenant leur car policy pour plusieurs années).

 

Surtout, les choix énergétiques des constructeurs contraints de respecter les règles de Bruxelles (95 g de CO2 en 2020 et une augmentation de la part des véhicules à faibles émissions à horizon de 2030) répondent-ils vraiment aux besoins des entreprises ?

 

Pour la première fois cet automne, la part du diesel dans les flottes d’entreprise est passée sous le seuil de 80 %. Mais les entreprises ne pourront pas indéfiniment réduire la part de cette énergie dans leurs parcs, au risque de voir exploser le poste automobile dans leurs budgets.

 

Le véhicule électrique convient parfaitement à certains usages, mais pas à tous et, en l’état actuel de son coût d’usage, sa place reste difficile à justifier massivement dans une flotte. Même constat pour les hybrides rechargeables, pourtant considérés comme un élément d’amélioration de la transition énergétique, notamment pour la rupture psychologique qu’ils témoignent.

 

Sur le papier, ces modèles, avec leurs deux moteurs, constituent en effet un bon compromis pour certaines typologies de conducteurs, adeptes de trajets périurbains et qui ont la faculté de recharger quotidiennement. L’offre d’hybrides rechargeables va d’ailleurs largement s’étoffer dans les prochains mois, notamment côté marques françaises. Et un bonus à l’achat sera selon toute vraisemblance remis en vigueur par l’exécutif.

 

Mais, dans l’entreprise, les hybrides rechargeables peinent encore à percer, avec moins de 1 % des immatriculations totales depuis le début de l’année. La raison de cette désaffection se trouve peut-être dans les résultats d’une étude britannique : selon le cabinet The Miles Consultancy, qui a analysé les données de 1 500 véhicules de flottes au Royaume-Uni, 70 % des conducteurs d’hybrides rechargeables ne les rechargent jamais. Résultat : des consommations qui explosent dès que les véhicules roulent sur les voies rapides et autres autoroutes.

 

La transition énergétique est bel et bien une réalité pour l’entreprise. Les décideurs sont prêts à jouer le jeu de la diversification de leur mix-énergétique, parfois par obligation, souvent par conviction, d’autant plus si c’est le prix à payer pour pouvoir continuer à entrer dans les villes et à circuler dans le Grand Paris… Mais le juste prix qu’elles peuvent payer, c’est le prix de leur propre compétitivité.

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

 

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