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La venue des plates-formes

Publié le 3 avril 2015

Par Gredy Raffin
7 min de lecture
La géolocalisation s’inspire du modèle de l’économie numérique et les fabricants de solution sont désormais plus des éditeurs de plates-formes de service. La SITL sera une occasion de se rendre compte de cette mutation.
Parmi les leviers de croissance, il y a l’autopartage en entreprise. Le modèle économique peine néanmoins à trouver un bon équilibre.

Année impaire, la SITL s’installe donc au Parc des expositions de la Porte de Versailles. Encore une fois, les éminents représentants du secteur de la logistique ont répondu à l’appel de l’événement qui revendique la plus belle exhaustivité d’Europe. Là, les spécialistes de la géolocalisation auront une part significative de l’espace d’exposition, à hauteur de 30 %, selon l’organisateur. “La technologie et les systèmes d’information sont fortement représentés car, sans leur apport, il est impossible de mettre en place un service compétitif”, insiste Alain Bagnaud, directeur général de la SITL. A ce titre, trois thématiques marqueront cette édition : la logistique industrielle, la logistique de distribution et l’internationalisation. Trois approches pour un enjeu central, qui est la compréhension de l’évolution profonde du métier.

Raisons qui ont poussé les fournisseurs de solutions de gestion de flottes à se laisser convaincre d’investir dans un stand, à commencer par le leader du marché, Masternaut. L’entreprise, qui gère quelque 300 000 systèmes connectés en Europe (dont 95 % de véhicules roulants), profite de cette occasion pour lever le voile sur ses derniers produits, des nouveaux modèles d’ATU (Asset Tracking Unit) que sont le MT-330, le MT-700 et le MT-1200. Ceux-ci sont dédiés aux objets (bennes, remorques…), soit les 5 % restants du mix, et prouvent clairement que les BTP et les transporteurs sont dans le viseur.

Démocratisation confirmée

Cette année, la SITL se déroule dans un contexte semble-t-il favorable : celui d’un secteur de la géolocalisation des véhicules qui retrouve des couleurs. “C’est un marché dynamique et à fin février, nous avons déjà vendu plus de 500 boîtiers et généré six fois notre chiffre d’affaires habituel de la période”, se satisfait Eric Felix, le président de GFD Services. Une tendance que nous confirme Jeremy Gould. Le vice-président en charge des ventes de TomTom Telematics va jusqu’à prédire une croissance globale de 15 à 20 %, en France, en 2015. Mais que l’on ne s’y trompe pas, le marché hexagonal compte toujours parmi les retardataires. L’explosion annoncée des volumes résonne alors comme une sempiternelle promesse. On devrait voir la pénétration des solutions de gestion de flottes passer de 13-15 % (estimations moyennes données par les fournisseurs, N.D.L.R.) à plus de 20 % d’ici trois ans, sous la pression des entreprises clientes, dont “la vision est passée d’une approche produit de contrôle à produit de gestion des ressources”, estime Eric Felix. Intervenant auprès des TPE-PME, ce dernier enregistre une demande en progression pour les solutions à connecter sur la prise OBD. Les entreprises voudraient pouvoir ainsi mieux maîtriser les manipulations de matériel. Une logique qui ne s’applique pas chez les grands comptes, comme le fait remarquer Masternaut.

La démocratisation de la technologie et les perspectives de retour sur investissement augmentent l’attractivité des offres. Yann Depond, président de Deltatech, parle d’un ROI de trois mois à peine avec WinFlotte, à titre d’exemple. Face à ce constat positif, les investissements ne faiblissent pas. Geoconcept, par exemple, indique injecter 24 % de son chiffre d’affaires dans la R&D. TomTom Telematics, qui a fait l’impasse sur la SITL, explique miser beaucoup sur la communication en vue de booster le développement d’un réseau de partenaires. Par partenaires, il entend non seulement revendeurs, mais surtout éditeurs d’applications, car il est question de cela désormais. Conformément au nouveau modèle économique qui se confirme dans la profession. “Notre vision est de nous associer aux experts qui ont des outils adaptés et la réactivité pour ajuster les fonctions”, assène Jeremy Gould. Le métier a changé. D’aucuns ont rendu les armes, d’autres ont exécuté une transformation. “Désormais, les revendeurs gagnent de l’argent sur la vente des boîtiers, nous sur la mise à disposition d’une plate-forme Web, et les éditeurs avec leurs applications thématiques”, détaille le VP Sales de TomTom Telematics.

La compétitivité en point crucial

Les potentiels contributeurs à la valeur ajoutée, pour la plupart des start-up, peuvent toutefois se positionner en nouvelle forme de concurrence. Ils transforment les standards (à l’instar de Myk.IO, FleetNote…), aident à la banalisation du service en changeant le modèle de distribution (Mapping Control) et font aussi chuter les prix de façon vertigineuse. Désormais – n’en déplaise aux plus anciens –, il n’est pas anormal de voir des offres à une dizaine d’euros par mois, par véhicule, parfois moins, comme chez Deltatech. Dans les milieux autorisés, on ne parle plus de “dumping”, comme il y a encore trois ans, mais de compétitivité face à un modèle “archaïque”. Une vision que soutient fermement Christophe Korfer, directeur France de LostnFound. Celui-ci dénonce à l’envi le niveau de marge appliqué par les “groupes en situation monopolistique”. Chez Masternaut, on défend une certaine idée de la valeur du service. “Nous allons travailler à remonter le prix moyen”, affirme Serge Lardy, à la direction de Masternaut, chez qui les factures s’établissent en moyenne à “20 à 25 euros”. Une lutte qui pourrait s’avérer vaine.

Pour cette édition de la SITL, seule Nissan a fait le déplacement parmi les marques automobiles. Le Japonais vient faire la promotion de son utilitaire électrique, e-NV200. PSA et Renault, qui ont communiqué sur des solutions de gestion de flottes, n’ont pas de stand à proprement parler. Le groupe sochalien ne manquera pas d’être évoqué sur celui de Kuantic, son partenaire d’affaires. Mais peut-être que, l’an prochain, la rivalité entre les marques automobiles positionnées poussera les directeurs d’activité à étudier la possibilité d’exposer. Dans les coulisses, certains laissent échapper les noms de Volkswagen et de Mercedes Utilitaires. Au salon de Genève, Volker Mornhineg, le grand patron mondial de Mercedes-Van, ne cachait pas son intérêt pour une telle évolution, sans pour autant faire des annonces concrètes.

Les métiers de la géolocalisation et de la gestion de flotte sont sans conteste en pleine transformation. Il y a aura, d’ici peu, ceux qui travailleront pour les constructeurs et ceux qui joueront l’indépendance. Mais quoi qu’il en soit, il y aura assez de dossiers à traiter pour tout le monde. A priori.

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FOCUS - SITL ouvre un nouvel espace NextGen

En 2015, SITL Paris innove avec la création du nouvel espace baptisé “Transport Next Generation”. Son but est de rassembler les équipements de transport innovants, au service de la performance des schémas de transport des industriels et des distributeurs. “Le transport est le maillon le plus sensible des chaînes logistiques, promis à une augmentation de ses coûts à travers l’application de nouvelles réglementations et le renchérissement du coût de l’énergie”, souligne Alain Bagnaud, directeur de Reed Exhibitions Transport & Logistics. Le transport impose donc de nouvelles approches entre les acteurs de la supply chain pour trouver de nouveaux gisements de productivité.

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FOCUS - Ocean en ordre de bataille

Après avoir structuré sa direction en répartissant les responsabilités sur cinq piliers et avoir fait évoluer le modèle économique pour accroître la part du récurrent (de 10 à 40 %, en deux ans), Jacques Rivière, le président, annonce la sortie prochaine d’une toute nouvelle plate-forme logicielle. Son nom commercial n’a pas encore été validé, mais l’on sait déjà qu’elle va permettre une plus grande souplesse fonctionnelle. Outre l’autopartage, apparaîtront donc de “nouveaux business”, comme le promet Jacques Rivière, et la gestion des objets connectés. A noter que cette plate-forme sera multilingue afin d’accompagner les clients en phase d’internationalisation. Selon les plans d’Ocean, elle sera en ligne d’ici quelques semaines et à la fin de l’année, aura intégré l’ensemble des 2 000 clients (45 000 véhicules).

Pour mémoire, Ocean a réalisé un chiffre d’affaires de 10,2 millions d’euros en 2014. En ce début d’année, la société a mené la plus grande vague de recrutements de sa jeune histoire, avec dix nouveaux collaborateurs, dont quatre commerciaux, après avoir renforcé son équipe d’installateurs ces derniers mois.

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