Hydrogène : bientôt la forme "olympique" ?
Et si l’hydrogène disait « Merci » aux Jeux Olympiques ? La compétition sportive la plus suivie au monde (plus de 3 milliards de téléspectateurs en moyenne) offrira en effet lors de ses prochaines éditions (Tokyo 2020, Pékin 2022 et Paris 2024) une vitrine inédite et exceptionnelle à cette énergie parée - sur le papier - de toutes les vertus, mais qui a bien du mal à faire valoir ses atouts en France.
En 2020, à Tokyo, lors des JO d’été, le village olympique sera alimenté à l’hydrogène, les voitures officielles rouleront elles aussi à l’hydrogène. Le gouvernement japonais ambitionne de faire circuler 2,5 millions de véhicules dotés de piles à combustible sur son réseau en 2025 et de tripler le nombre de stations de recharge (plus de 320).
A Paris, qui accueillera les JO d’été en 2024, c’est une stratégie des petits pas qui est privilégiée autour de l’hydrogène et qui passe avant tout par les flottes de taxis. Un cap important vient d’ailleurs d’être franchi dans ce domaine, avec la constitution de HysetCo, une société commune entre Toyota, Air Liquide, l’énergéticien Idex et les taxis Hype.
Peu importe que les constructeurs français restent ostensiblement à l’écart de cette énergie (Peugeot vient de dévoiler une 208 100 % électrique et Renault joue la carte de la Clio hybride), les ambitions des quatre partenaires sont à la hauteur de celles des « dieux du stade », qui briguent des médailles olympiques : disposer d’ici fin 2020 de 600 taxis Hype à hydrogène aux couleurs de la Toyota Mirai. Soit six fois plus qu’aujourd’hui.
Un véritable challenge pour Toyota (partenaire du mouvement olympique) dont le rythme actuel de production est de 3 000 unités dans le monde et par an. Côté stations de recharge, là encore, des prouesses techniques sont attendues en un temps record. Air Liquide, qui possède déjà quatre stations de recharge en régions parisienne, estime qu’il en faudrait une douzaine supplémentaires pour assurer le succès du projet Hype. Et par la même occasion, de Paris 2024, dont l’un des piliers est, rappelons-le, « la mobilité zéro émission ».
Le sport viendra-t-il donc en aide à l’hydrogène pour assurer son déploiement dans un pays jusqu’alors largement orienté vers le diesel et les énergies fossiles, et qui a lancé sa révolution verte en faisant un nouveau pari, électrique cette fois-ci ?
La France, qui s’abrite derrière la faiblesse de l’offre constructeur en hydrogène, le prix des voitures (80 000 euros environ pour une Mirai), le coût des investissements de développement et son savoir-faire en matière électrique, pourra-t-elle encore longtemps se désintéresser de cette énergie ? Des initiatives se multiplient (à petite échelle certes) en régions. Les 24h du Mans accueilleront prochainement une écurie 100 % hydrogène. Et qui sait si, les députés français ne réclameront pas un jour l’installation, dans l’enceinte du Palais Bourbon, d’une station de recharge comme viennent de le faire leurs homologues sud-coréens à Séoul ? Les « hydrogénosceptiques » ne sont-ils pas finalement dans l’erreur ?
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise