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God Save the British Automotive

Publié le 7 février 2019

Par Damien Chalon
3 min de lecture
ZOOM DE L'OVE. Le rapatriement au Japon de la production du prochain Nissan X-Trail est un nouveau signe que le Brexit sera douloureux pour l'industrie automobile britannique.

 

Moins de deux mois avant l’entrée en vigueur du Brexit, les conséquences de ce divorce inédit avec l’Europe commencent à « tomber » pour les secteurs industriels. L’industrie pharmaceutique, par exemple, accumule depuis des mois l’équivalent de six semaines de traitements pour parer à toute rupture d’approvisionnements, alors que le Royaume-Uni importe chaque mois 37 millions de boites de médicaments de l’UE. Mais depuis plusieurs jours, c’est au tour de l’industrie automobile d’encaisser les mauvaises nouvelles.

 

La décision de Nissan de renoncer à fabriquer son futur modèle SUV, X-Trail, dans son immense usine de Sunderland au profit de de celle de Kyushu au Japon, au nom de « l’incertitude persistante » quant à la forme que prendra le Brexit, risque de se répéter pour d’autres constructeurs dans les semaines et mois à venir. Pas de quoi rassurer les 850 000 employés qui travaillent dans cette filière outre-Manche.

 

Les derniers chiffres communiqués par la fédération britannique de l’automobile (Society of Motor Manufacturers and Traders) ont déjà de quoi inquiéter : ils mettent – notamment – en lumière une baisse de moitié des investissements dans l’automobile en 2018 (588,6 millions de livres, soit 668 millions d’euros), par rapport aux années antérieures. Un signe évident de l’attentisme des constructeurs, qui ont besoin de visibilité pour planifier de futurs projets outre-Manche. Or, de la visibilité et de la stabilité, c’est tout sauf cela que leur donnent actuellement les autorités britanniques.

 

Rien de positif n’apparait non plus du côté de la production automobile. En 2018, les usines du quatrième marché européen ont sorti moins de véhicules de leurs lignes d’assemblage qu’en 2017 : -9,1 % à 1,52 million d’unités, soit un plus bas depuis six ans, avertit la SMMT. Même chose du côté des moteurs, même si la baisse est contenue à -0,3 % et 2,7 millions d’unités. Traditionnellement fortement exportatrice (à plus de 80 %), l’industrie automobile a tout à craindre d’un Brexit sans accord, avec un rétablissement des droits de douane à la clé, la disparition des accords de libre-échange signés par l’UE avec certains pays (puisque le Royaume-Uni n’en fera plus partie) et un renchérissement du prix des modèles. La fédération britannique des constructeurs avait indiqué courant 2018 que la mise en place d’un hard Brexit se traduirait par une hausse du prix de vente des véhicules de 1 500 livres en moyenne (1 700 euros). La perte de vitesse des exportations est d’ores et déjà enclenchée avec une baisse de 7,3 % l’année dernière et des marchés qui se ferment aux voitures « made in UK », tels que la Chine (-24 %).

 

Et que dire du marché intérieur, présenté par d’aucuns comme une voie de secours pour écouler les stocks d’invendus sur les bras des constructeurs ? Las ! La demande domestique a, elle aussi, fortement mis sur le pied sur le frein avec un recul de 21 % des ventes de voitures fabriquées dans les usines du Royaume-Uni, selon le bilan de la SMMT. Dans ces conditions, où sont donc les relais de croissance de l’automobile britannique ? Les grands constructeurs du Royaume-Uni avaient déjà vu leur actionnariat partir à l’étranger, mais avaient sauvé leurs usines. Cette nouvelle zone de turbulences promet d’être encore plus périlleuse que la précédente.

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

 

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