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Gilles Bellemère, ALD Automotive : "Si les entreprises font des plans sociaux massifs, nous aurons un impact"

Publié le 28 mai 2020

Par Damien Chalon
7 min de lecture
Le directeur général d’ALD Automotive France revient sur les mesures d’accompagnement prises pendant le confinement et dans la phase actuelle de reprise. S’il redoute une crise économique sérieuse, il plaide pour les atouts de la LLD, un produit pertinent dans ce contexte.
Gilles Bellemère, directeur général d'ALD Automotive France.

 

Comment ALD s’est organisé pendant la période de crise sanitaire ?

Notre expérience est que le 11 mai n’a pas marqué une rupture franche dans l’activité B2B. Sur l’ensemble de cette période de confinement, nous sommes passés chez ALD par plusieurs phases, sans doute les mêmes d’ailleurs que nos clients. La première a été celle de la sidération, quand nous avons quitté le bureau nous ne savions pas quand nous allions revenir. Il n’y a pas eu de transition entre un mode de travail à 100 % en présentiel à un autre à 100 % à distance, et ce pour la quasi totalité de nos 1 200 collaborateurs. Chacun a dû trouver ses marques et régler les problèmes d’accès à distance, ce qui a été fait en deux ou trois jours. Il a ensuite fallu revoir nos modes de communication et trouver une organisation capable de fonctionner durablement en temps de crise. Nous avons vite compris que le confinement allait durer et nous avons pris les mesures adéquates. Dès la troisième semaine, nous étions finalement en mesure de traiter les demandes de nos clients sans retard particulier. A certains égards, nous avons même eu plus de temps pour travailler sur des sujets de fond, sur le développement de certains business ou de nouveaux process.

 

Comment avez-vous gardé le contact avec vos clients ?

Nous avons vu petit à petit les demandes des clients revenir. Un certain nombre d’entre eux ont repris leur activité ou ne se sont pas arrêtés, notamment ceux dans la livraison, dans le sanitaire et le social. Nous avons évidemment gardé le contact avec l’ensemble de nos clients, par exemple en organisant des webinars sur la fiscalité et le WLTP. Je tiens ensuite à souligner que nos plus grands clients, qui ont les structures de gestion de flotte les plus organisées, ont continué à demander des cotations et à passer des commandes pendant le confinement. Et puis notre activité a finalement commencé à reprendre fortement dès la semaine du 4 mai. Quand les clients ont su que le 11 mai marquait la fin du confinement, tout le monde a amorcé la reprise. Un afflux a ainsi été constaté sur les activités de maintenance, les conducteurs n’ayant pas pu faire leur entretien périodique ou leur permutation de pneus hiver/été pendant le confinement.

 

Quid des restitutions ?

Cette activité est très liée aux livraisons. Nos clients nous sont très fidèles pour la majorité d’entre eux et quand nous avons une restitution, nous faisons dans la foulée la livraison d’un véhicule neuf. En l’occurrence, l’activité livraison VN n’est pas encore de retour à la normale, notamment en raison de procédures sanitaires qui ralentissent le processus. Et puis côté client, la priorité est de remettre la machine en marche, de faire en sorte que les véhicules au parc soient en état de rouler, et pas forcément de prendre la livraison des voitures. Nous avons une activité commerciale qui a repris mais nous ne sommes pas encore à 100 %.

 

Quand envisagez-vous un retour à la normale ?

Je pense que cela va se faire progressivement entre maintenant et la rentrée de septembre. Ce que nous ne savons pas aujourd’hui c’est la situation économique globale du pays. L’économie a été mise sous cloche depuis le mois de mars avec des soutiens publics massifs. Or, nous sommes habitués à ce que notre activité soit liée à l’activité économique du pays. S’il y a une crise, en fonction de son intensité, forcément nous aurons un impact plus ou moins fort. Si les entreprises font des plans sociaux massifs, nous aurons un impact. Certains secteurs auront à l’inverse besoin de plus de véhicules, comme celui de la livraison.

 

Allez-vous durcir vos conditions d’accès à la LLD ?

Nous sommes vigilants, de là à dire que nous avons durci nos conditions d’accès à nos services, je ne crois pas. Quand nous entrons en relation avec un client, nous regardons toujours la même chose, comment s’est passée son activité ces dernières années et quelles sont ses perspectives d’évolution. Ces perspectives seront peut-être moins importantes dans certains secteurs. En fonction de cela, nous adapterons nos décisions. Nos équipes commerciales et risques ont l’habitude, c’est le cœur de notre métier. Et puis les clients font d’eux-mêmes des demandes qui sont en rapport avec leurs besoins et leurs capacités. Concernant les clients existants, nous faisons comme nous avons toujours fait. Nous allons sans doute connaître une crise sans précédent mais nous avons encore en mémoire celle de 2008 au cours de laquelle nous avons accompagné nos clients en trouvant des solutions adaptées à chaque besoin. Cela peut passer par la réduction du parc, par l’allongement de la durée des contrats… C’est l’avantage de la LLD que de proposer des solutions flexibles. La LLD peut être un bon produit en temps de crise qui permet d’assurer dans les meilleures conditions financières une mobilité de qualité avec des véhicules dernier cri.

 

Comment accompagnez-vous les clients les plus en difficulté ?

La règle depuis le départ est de proposer à nos plus petits clients un report, s’ils le souhaitent, de leurs échéances de mars, avril et mai. Cela a été bien accueilli. Ceux qui sont confrontés à des difficultés viennent nous voir et on regarde ensemble ce que l’on peut faire. Outre les reports d’échéances, nous pouvons proposer des prolongations de contrat, ce qui permet de diminuer le coût du loyer. L’avantage de la LLD est encore une fois sa flexibilité.

 

Les projets de transition énergétique de vos clients sont-ils remis en question ? Le sujet de la réduction des coûts va-t-il prendre le dessus ?

Le mouvement de la transition énergétique vers des voitures plus propres, notamment électriques, est une tendance lourde. Est-ce qu’il va y avoir une petite pause le temps que tout le monde retrouve ses esprits ? Peut-être. Mais nous n’avons pas de clients qui nous disent qu’ils arrêtent tout. Les grands objectifs de réductions d’émissions de CO2 n’ont pas été remis en cause, les problématiques liées à l’environnement et à la transition énergétique n’ont pas changé. Les clients sont toujours dans cette logique. La réduction des coûts vient en parallèle. On joue sur ce dernier sujet sur tous les paramètres à notre disposition. Cela peut passer par la réduction de la taille de la flotte, par le recours à nos offres flexibles, par du car sharing qui permet d’optimiser l’utilisation des voitures, par le rallongement des contrats ou par un audit de la flotte pour être sur que la car policy soit adaptée aux besoins et au meilleur rapport qualité/prix.

 

Comment accueillez-vous les annonces faites dans le cadre du plan de relance de l’automobile ?

Forcément, l’augmentation du 2 000 euros du bonus va avoir un impact. Sur un contrat de location de 36 mois, cela fait 55 euros en moins chaque mois. Cela réduit donc le TCO. Une fois de plus, les clients ont bien compris que nous avions une multitude de possibilités. Le tout diesel n’avait pas de sens. Maintenant, avec l’évolution des normes environnementales, nous avons une offre de motorisations très large et en fonction de la loi de roulage du collaborateur, on va trouver une solution adaptée qui peut être du pur électrique, de l’hybride rechargeable ou du diesel. Quand il y a un système de bonus qui se met en place, les paramètres qui nous servent à étudier la pertinence d’une offre de LLD et la motorisation qui va avec va forcément évoluer. Mais si on met un bonus juste pour quelques mois, cela veut dire qu’un client va prendre un modèle aidé maintenant par opportunité et que la prochaine fois il basculera peut être sur une autre énergie. D’où l’importance d’étudier le roulage et les besoins de chaque collaborateur pour trouver la motorisation adaptée. Quoi qu’il en soit, il est pertinent de bonifier ces motorisations alternatives compte tenu des enjeux de CO2 qui sont les nôtres.

 

Comment expliquez-vous la hausse des loyers financiers observée ces dernières semaines ?

Le loyer financier n’est qu’une partie du contrat de location. Les taux ont augmenté car il y a une tension sur le marché des taux. Nos taux ont semble-t-il moins augmenté qu’ailleurs car nous avons la chance d’être adossés au groupe Société Générale qui a la capacité de nous financer à des taux intéressants. La hausse des taux est donc logiquement répercutée dans la partie loyer financier.

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