France-Allemagne : même combat !
La convergence entre la France et l’Allemagne n’est pas un vain mot. Le récent traité d’Aix-La Chapelle signé entre le président Macron et la chancelière Merkel en est la toute dernière preuve.
Mais ce n’est pas la seule : prenez le cas de la vitesse sur route ou de la hausse des prix des carburants. Et bien, ces questions redeviennent un enjeu politique des deux côtés du Rhin. Avec, toutefois, des objectifs différents : calmer la colère des gilets jaunes en France et au nom de considérations environnementales en Allemagne.
En France, après bientôt onze semaines de mobilisation des « Gilets jaunes », le retour aux 90 km/heure, partout ou à certains endroits, pourrait désormais faire partie des « possibles » pour le gouvernement Philippe. « Si le 80 km/h n’a servi à rien en termes de sécurité routière, nous pourrons revenir au 90 km/h », fait ainsi savoir le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
A l’origine, cette mesure devait être évaluée au bout de deux ans en termes de vies sauvées, l’objectif du gouvernement étant d’éviter 400 accidents mortels par an. Quant au calendrier de hausses programmées de longue date du prix des carburants (via la taxe carbone), il a dû être supprimé pour 2019, sur décision de l’Elysée.
En Allemagne, au pays des autoroutes « no limit », le débat est lancé pour instaurer des limitations de vitesse sur certaines portions à 130km/h. Une énième tentative, plusieurs fois poussée dans le passé par des associations au nom de la mortalité sur ces autoroutes sans limitation. Cette fois, la commission indépendante écologiste mandatée par le ministère des Transports préconise une telle limitation pour réduire les émissions de CO2. D’ailleurs la commission indépendante assortit cette mesure d’une autre, fiscale celle-ci, avec le rapprochement des taxes entre essence et diesel, qui se traduirait par une augmentation de 21 centimes d’ici 2021, puis une augmentation de 52 centimes des prix des carburants à la pompe à horizon de 2030.
La « plate-forme nationale pour l’avenir de la mobilité » allemande a aussi beaucoup d’idées sur les nouvelles mobilités, pour favoriser justement des déplacements moins émetteurs de CO2 et pour financer les véhicules électriques. Un projet de loi sur le climat est d’ailleurs à l’étude outre-Rhin pour le courant de cette année, afin de réduire de moitié les émissions de CO2 de l’Allemagne et entrer ainsi dans les clous des règles européennes.
Même si la contagion « Gilets jaunes » n’est pas à craindre chez nos voisins allemands, ces préconisations risquent de faire des mécontents dans ce pays où la vitesse reste un droit fondamental et la voiture, une fierté nationale.
Et plus largement, après avoir fait les riches heures de la Révolution industrielle, tant en France qu’en Allemagne, l’industrie automobile ne risque-t-elle pas à terme de devenir la mal-aimée de ce début de XXIème siècle ? En Europe en tout cas, la filière et ses 13,3 millions d’emplois, suivent avec une certaine appréhension l’inflation des normes et autres contraintes réglementaires venues de Bruxelles. Malheureusement pour eux en effet, les réductions d’émissions de CO2 liées à la vitesse, ne leur bénéficieront pas dans leur difficile défi d’atteindre les ambitieux objectifs européens de 2021 et 2030.
Quant aux automobilistes, ils vivent de plus en plus mal leur métamorphose en « vaches à lait » d’Etats impécunieux. Et ce d’autant plus lorsque la voiture reste pour eux le seul mode de déplacement pour aller travailler ou pour voyager, faute de transports en commun dignes de ce nom.
L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise