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Ferréol Mayoly, Arval France : "Depuis le 11 mai, l’activité est assez intense"

Publié le 4 juin 2020

Par Damien Chalon
8 min de lecture
Pour le directeur général d’Arval France, la sortie du confinement se traduit par une demande soutenue au niveau des interventions sur les véhicules. Quant à l’activité commerciale, elle n’est pas encore à 100 %.
Ferréol Mayoly, directeur général d'Arval France.

 

Comment Arval a vécu la période de confinement et comment reprend votre activité depuis le 11 mai ?

L’activité en amont de la location longue durée, notamment les demandes de cotation et les prises de commande, ne s’est jamais arrêtée. Elle s’est légèrement réduite, plus sensiblement sur les PME que sur les grands comptes, mais elle a continué. Une autre partie de notre activité qui a explosé pendant le confinement est le travail sur les contrats de location longue durée. Comme les véhicules ont peu roulé, nous avons beaucoup réajusté nos contrats avec des prolongations mais aussi parfois des suspensions des mensualités quand c’était important pour nos clients. En revanche, toute notre activité relative au véhicule en lui-même s’est stoppée avec l’arrêt des livraisons et des restitutions, et finalement assez peu d’interventions sauf pour les clients dans des secteurs prioritaires. Nous avons constaté une reprise sur cette partie à compter du début du mois de mai, en somme à partir du moment où la date du 11 mai a été connue. Nous avons vu revenir des demandes de rendez-vous et des demandes d’accords, que ce soit pour de l’entretien ou des pneumatiques par exemple. Et donc depuis le 11 mai, il y a une activité liée aux véhicules qui est assez intense. Tous nos plateaux téléphoniques sont très sollicités, que ce soit par nos fournisseurs ou nos clients. Pour résumer, l’activité au quotidien a bien repris et l’activité commerciale ne s’est pas interrompue même si elle n’est pas encore revenue au niveau qui était celui que l’on connaissait avant la mi-mars.

 

Quand estimez-vous que cette activité commerciale reviendra à la normale ?

Nous ne nous attendons pas à ce qu’elle revienne comme avant immédiatement. Nous avons des clients qui font attention au budget de leur flotte et qui continuent davantage à envisager de conserver des véhicules plus longtemps que prévu, plutôt que de les renouveler comme cela aurait été le cas sans la crise.

 

Dans quelle mesure les contrats peuvent-ils être prolongés ?

Cela dépend des contrats. Pour un client qui a déjà un contrat assez long et qui est un gros rouleur, nous n’allons pas pouvoir aller très loin. Ce n’est intéressant ni pour nous, ni pour lui. En revanche, il y a beaucoup de contrats qui ont des lois de roulage plus faibles, et dans ce cas nous pouvons faire des prolongations de 6 mois, voire même d’un an. Nous n’avons pas de règle systématique. Nous nous adaptons aux besoins des clients.

 

Incitez-vous vos clients à prolonger leurs contrats ?

Les demandes proviennent essentiellement de nos clients. Mais c’est aussi une proposition que l’on fait. Pour les véhicules ayant peu roulé pendant la période de confinement, ce qui est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui pour certains, il y a deux choses à faire : soit on modifie le contrat en réduisant le kilométrage, soit en allongeant la durée. Proactivement, nous allons voir nos clients pour savoir s’ils veulent faire quelque chose car l’utilisation qu’ils avaient envisagée ne sera pas celle qu’ils vont avoir au final. Ensuite, nos clients nous disent systématiquement qu’ils doivent faire attention, qu'ils ont besoin de faire des économies et souhaitent savoir comment ils peuvent en réaliser. Encore une fois, la prolongation de contrat est une solution car on économise davantage de loyer en prolongeant un contrat de quelques mois plutôt qu’en maintenant la même durée et en réduisant le kilométrage. A partir des demandes des clients, il nous arrive très fréquemment de proposer la prolongation des contrats.

 

Pensez-vous que ces demandes de prolongations vont se poursuivre tout au long de l’année, voire au-delà ?

Il est difficile de voir précisément comment les choses vont évoluer. Nos clients attendent de voir quelle est la reprise de leur activité. En temps normal, nous anticipons des renouvellements de contrats plusieurs mois à l’avance. Les contrats qui devaient arriver à échéance dans les prochaines semaines ont déjà des véhicules qui sont commandés et qui vont arriver en livraison. Ces livraisons vont être honorées. La question se pose plutôt pour les contrats qui devaient arriver à échéance au dernier quadrimestre. Nos clients réfléchissent à prolonger jusqu’au début d’année prochaine. Mais nous n’avons pas à ce stade de clients qui nous demandent de prolonger tous leurs contrats devant arriver à échéance en 2021. J’en profite pour rappeler que le renouvellement d’une flotte est toujours l’occasion de la faire évoluer sur le plan environnemental. Et on ne voit aucun signe de temporisation des entreprises sur le sujet de la transition énergétique. Dans ce cadre, le plan gouvernemental en faveur du véhicule électrique devrait inciter nos clients, et nous incite nous aussi, à continuer dans cette voie.

 

Les projets d’électrification ne sont pas affectés par la crise actuelle ?

Je pense que les incitations gouvernementales vont permettre d’accélérer les choses. D’autant plus que l’envie de nos clients est toujours là. Les incitations sont fortes pour s’orienter vers des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Et même si elles ne sont pas appelées à se maintenir à ce niveau au-delà de 2020, il y a d’autres éléments dans la loi d’orientation des mobilités et dans le plan de relance comme la mise en place d’un réseau de bornes qui nous donnent un cap à plus long terme.

 

Le sujet de la réduction de coût est-il à l’ordre du jour chez nos clients ?

Oui, c’est un sujet pour quasiment tous nos clients. C’est compréhensible. Nous pouvons les accompagner sur le sujet comme je vous le disais en prolongeant les contrats pour faire baisser le coût global de leur flotte. Et puis certains clients se posaient déjà la question avant la crise et se la posent encore plus aujourd’hui, à savoir comment réduire la taille de leur flotte. Nous proposons à ces clients des solutions comme de l’autopartage qui est une bonne piste, mais aussi de la location moyenne durée pour couvrir des besoins ponctuels. C’est pourquoi nous continuons à proposer de nouvelles solutions de mobilité pour répondre à toutes les demandes des clients.

 

Vous faites ici allusion au programme "The journey goes on" révélé le 19 mai dernier ?

Tout à fait. Nous avons identifié chez nos clients des besoins nouveaux. Il y a des tendances qui étaient déjà là comme la transition énergétique, la réduction des coûts, la réduction de la taille des flottes, l’optimisation des flottes, mais il y a aussi des réflexions qui s’intensifient sur la façon dont les entreprises accompagnent leurs collaborateurs dans la façon de se déplacer. Nos clients sont ici confrontés à un double enjeu : permettre aux collaborateurs de revenir sur leur lieu de travail sans que les transports en commun et le véhicule de fonction soient pas les seules options. Nous avions déjà des solutions existantes que nous remettons en avant mais nous avons aussi accéléré certains sujets. Le vélo fait partie des solutions que nous proposons avec du vélo-partage et une toute nouvelle offre de location longue durée qui sera lancée dans les prochaines semaines.

 

Pensez-vous que le marché du VO va être impacté par la crise ? Quel impact pourrait-il avoir sur les loyers s’il venait à baisser ?

Nous suivons nos ventes au jour le jour. Il est encore trop tôt pour dégager une tendance. Nous observons certaines évolutions mais il est difficile d’extrapoler. Il y a objectivement des raisons d’imaginer que le marché puisse être à la baisse car la France est en récession et que la crise économique est là. Si la demande est moins forte que par le passé, on peut imaginer que le marché se porte moins bien. Et puis il y a aussi des raisons d’imaginer que ce soit l’inverse. On sent un regain d’intérêt pour le véhicule particulier, des personnes vont vouloir s’équiper à moindre coût car ils ne voudront pas ou moins utiliser les transports en commun. Quant à savoir quel sera l’impact de l’évolution du marché VO sur les loyers, c’est un sujet sur lequel nous travaillons tous les jours. Les loyers des véhicules qui sont à la route sont déterminés, ils ne sont donc pas concernés. En revanche, les loyers que l’on va déterminer aujourd’hui pour des véhicules que l’on revendra dans trois ou quatre ans impliquent de prendre une position sera le niveau du marché du VO à cet horizon. Je ne sais pas encore où il se situera mais il devrait probablement être peu impacté par ce que nous sommes en train de vivre. Il faut faire la part des choses entre les mouvements que nous allons pouvoir observer dans les prochains mois et le niveau attendu dans trois ou quatre ans.

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