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Et le nucléaire dans tout ça ?

Publié le 24 septembre 2020

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Dans le processus de transition énergétique, l’hydrogène et l’électrique figurent en pole position. Mais comment répondre à ce besoin croissant en énergie verte, si ce n’est en s’appuyant sur la filière nucléaire ?

 

Depuis plusieurs semaines on a compris que la relance de l’économie passerait par la transition énergétique. Depuis quelques jours, on a aussi la certitude que le développement de l’hydrogène serait l’un des piliers de cette révolution. Pour preuve, s’il en fallait, le plan de l’Etat à 7 milliards d’euros.

 

Ce changement d’échelle promis à la France dans l’hydrogène est certes une bonne chose : il donne des perspectives, va permettre de lancer des projets, d’animer les régions, de créer des emplois dont la France aura bien besoin dans les mois et les années à venir, de construire ou de renforcer des leaders du secteur. Bref, l’hydrogène des années 2020-2030 sera peut-être le pétrole dont la France manquait cruellement au début des années 80, et qu’elle cherchait à compenser à l’époque avec des idées…

 

A bien y regarder, cependant, la conquête de l’hydrogène risque aussi de créer de nouveaux dilemmes à nos gouvernants. Car il devra être vert, c’est à dire produit à partir d’électricité issue des énergies renouvelables et non pas fossiles (comme c’est le cas aujourd’hui pour 80 % de ses utilisations).

 

C’est bel et bien là que le bât blesse car les énergies renouvelables (ENR) en France ne représentent encore que 20 % du marché de l’énergie. Et malgré les objectifs fixés dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie, l’éolien et le solaire conservent un train de retard par rapport aux autres pays européens. Quand ce ne sont pas les arbitrages gouvernementaux qui viennent brouiller le message envoyé aux professionnels des filières ENR. "Au moment précis où le gouvernement entend amorcer à coups de milliards une filière de production d'hydrogène propre, Bercy ne trouve rien de mieux que de saper la confiance des industriels du renouvelable en projetant de baisser les tarifs de l'énergie photovoltaïque qui leur avaient été promis pour vingt ans avant 2011", regrette ainsi l’éditorialiste des Echos, Jean-Francis Pécresse pour qui "l’écologie en France ressemble de plus en plus à un bateau ivre". (1)

 

Et le nucléaire dans tout cela ? Il peut bien sûr contribuer à « verdir » l’hydrogène. Mais son avenir en France, en dépit de son histoire et de son poids dans le bilan énergétique, est clairement à la décroissance. Il fallait avoir de bons yeux pour trouver dans le plan de relance à 100 milliards d’euros du gouvernement, les lignes consacrées au nucléaire… et le montant du chèque qui lui a été alloué : 470 millions. Une vraie source d’inquiétude pour le PDG du groupe d’ingénierie Assystem qui dans un article du quotidien Le Monde n’a pas hésité à qualifier de "service minimum" l’engagement de l’Etat en faveur de l’atome. "Il faut, bien sûr, réduire la consommation d’énergie fossile, mais il faut produire plus d’électricité. Mais si on dit cela, on renforce la nécessité du nucléaire", prévient-il. (2)

 

Alors que la France a dû importer de l’électricité cet été et que des centrales au charbon ont été remises en activité pour compenser le manque de disponibilité de son parc nucléaire (arrêt des réacteurs pour entretien, fermeture de Fessenheim) et répondre à la demande, un nouveau débat est peut-être en préparation, n’en déplaise aux écologistes. Et si le succès de l’hydrogène et de la transition énergétique passait par le nucléaire ?

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1) Les Echos. « Une écologie sans boussole ». 18 septembre 2020. 

 

(2) Le Monde. « Foncer dans la filière hydrogène à l’allemande, c’est incompréhensible ». 21 septembre 2020.

 

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