Engagement pour le climat : le temps de la posture… et celui de l’action
En lisant simplement l’intitulé, il faut certes s’y reprendre à deux fois pour bien comprendre le thème du sommet « Parties prenantes pour monde cohésif et soutenable », mais pour Klaus Schwab, le fondateur du Forum, l’intention est claire : les grands décideurs politiques et économiques de la planète doivent s’engager à ne plus émettre de gaz à effet de serre en 2050 et il le leur a écrit noir sur blanc.
En matière de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique, les prochaines années sont émaillées de dates butoir : 2050 donc, pour le zéro émission exigé par Davos ; 2040 pour la fin des véhicules thermiques en Europe et pour l’arrêt de l’utilisation des plastiques; 2038 pour la fin de la production électrique au charbon en Allemagne ; 2035 pour ramener à 50 % la part du nucléaire dans le bilan énergétique français ; 2024 pour l’interdiction des véhicules diesel à Paris ; 2022 pour la fermeture des dernières mines de charbon en France… Autant de dates qui, au gré des échéances politiques ou électorales, ou de l’air du temps, sont encore susceptibles d’évoluer. Les promesses n’engagent-elles pas que ceux qui y croient ?
Avec le diesel dans l’automobile, le charbon est désormais l’épouvantail à bannir de nos économies développées. Le numéro un de la gestion d’actifs, le fonds américain BlackRock, vient d’indiquer que d’ici la fin de cette année, les entreprises réalisant plus de 25 % de leur chiffre d’affaires dans l’extraction de charbon thermique n’auront plus droit de cité dans ses portefeuilles gérés de manière active. Affichage médiatique ou réel engagement « vert » ? Chacun se fera son jugement, mais Les Echos rappellent que les fonds indiciels cotés (ETF) qui représentent les deux tiers des actifs gérés par le même BlackRock ne sont pas concernés par cette interdiction…. Peut mieux faire donc.
C’est bien la limite de cette course contre la montre planétaire pour éviter le réchauffement climatique. Il y a les déclarations officielles, les engagements largement médiatisés et la réalité économique qui oblige à créer des exceptions, réduire les ambitions, retarder les calendriers, voire abandonner tout simplement les engagements au nom d’intérêt supérieurs.
L’exemple du charbon est à cet égard édifiant. Car pendant que plusieurs pays (2025 pour le Royaume-Uni et l’Italie, 2030 pour les Pays-Bas) tirent un trait sur ce qui a fait la fortune de la première révolution industrielle, d’autres au contraire continuent à investir massivement. En Chine, selon le site Endcoal, 241 centrales sont en cours de construction et 200 sont autorisées. Au Japon, 24 nouvelles centrales à charbon sont aussi en projet. Toujours selon le même site, il y aurait aujourd’hui plus de 6 700 unités en exploitation dans le monde.
D’autres nations s’exercent à la pratique du grand écart en affichant un engagement sans faille envers les énergies renouvelables tout en conservant leur ancrage dans les énergies plus traditionnelles. « La Norvège conforte son statut d’émirat européen », expliquait il y a quelques jours Le Figaro en évoquant l’inauguration en Mer du Nord du champ pétrolier de Johan Sverdrup. Ses réserves assureront à la Norvège, qui revendique en même temps la plus grande densité de véhicules électriques au monde, un demi-siècle de production pétrolière.
Le défi climatique est l’affaire de tous les citoyens. Quel que soit notre pays de naissance, nous partageons la même planète et peu importe, finalement, que l’objectif soit atteint en 2042, 2046 ou 2050. Du moment qu’il est atteint réellement.
L’Arval Mobility Observatory