CSRD : l’écosystème des flottes se tient prêt

Le Sesamlld a donné la parole à ses partenaires lors d’une réunion tenue fin avril et à laquelle Le Journal des Flottes a assisté. L’occasion pour ces membres associés du syndicat des loueurs longue durée d’aborder un sujet qui prend de l’ampleur dans les entreprises, celui de la CSRD.
La directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive promet d’être une étape importante pour toutes les entreprises dans leur processus de décarbonation de leurs activités. Une fois qu’elles seront concernées.
En effet, la loi du 30 avril 2025 portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne en matière économique, financière, environnementale, énergétique, de transport, de santé et de circulation des personnes a modifié le calendrier d’application de la CSRD.
Un report de deux ans vient d’être acté pour les grandes entreprises et les PME cotées en Bourse. Un délai supplémentaire qui s’accompagne d’une simplification des règles relatives à la publication des informations.
Ce pas de côté ne veut pas dire pour autant que les entreprises sont exonérées de toute initiative. C’est ce que nous avons pu constater lors de la réunion du Sesamlld. L’atelier réunissant les loueurs longue durée et les partenaires du syndicat a permis de constater que beaucoup avait déjà été entrepris pour être au rendez-vous de ce reporting extrafinancier. Extraits.
Christophe Villain, directeur commercial et marketing de Macadam France
"Macadam France n’est pas encore concerné par la CSRD au regard de son nombre d’employés. Néanmoins, notre volonté depuis le départ est de rationaliser les déplacements de nos salariés qui sont amenés à faire des inspections un peu partout en France. Nous tenons compte de la durée de trajet et de l’empreinte carbone de tous ces déplacements. Pour les inspecteurs évoluant en région parisienne, nous leur avons donné la possibilité de basculer sur des scooters ou des motos électriques. Les avantages sont multiples. Cela limite les problèmes de stationnement, ils perdent moins de temps dans les embouteillages et, bien entendu, leur empreinte carbone est meilleure. Nous nous intéressons aussi au crédit mobilité qui sera déployé en janvier 2026."
Fanny Desseauve, responsable RSE du groupe Opteven
"Nous sommes concernés par le sujet CSRD, nous l’avons pris à bras-le-corps. Tout l’écosystème va d’ailleurs être concerné à différents niveaux d’intensité. Nos clients commencent à nous demander des bilans carbone, ce qui nous oblige à évaluer nos services dans ce domaine. Les services que nous délivrons à nos clients représentent 91 % de notre bilan carbone. Donc, si nous voulons avoir un impact, c’est à ce niveau-là qu’il faut agir, mais nous savons aussi que nous ne pouvons pas le faire tous seuls, puisque ces émissions sont réparties à différents niveaux de notre chaîne de valeur. Pour délivrer des prestations d’assistance, nous faisons appel à des partenaires comme des dépanneurs qui vont se déplacer. Cela fait partie de notre bilan carbone, mais aussi du leur. Nous discutons donc avec eux pour limiter leur impact en intervenant, par exemple, avec des dépanneuses électriques en ville. Sur la panne mécanique et les prestations de réparation, nous essayons de mettre en avant les pièces de réemploi en lieu et place de pièces neuves. Cela présente un double intérêt économique et écologique."
Lila Laamarti, business development manager pour Geotab
"Notre métier est de connecter les véhicules pour remonter des données. Nous analysons le parc pour permettre à nos clients de faire un bilan et de comprendre ce qui peut impacter leur taux d’émissions de CO2. Il y a par exemple des comportements au volant, comme la conduite brusque ou le stationnement moteur tournant, qui font que les véhicules consomment plus. Quand un véhicule n’est pas connecté, nous n’avons pas cette information. Si l’entreprise dispose de ces données, elle peut agir auprès de ces conducteurs et ainsi réduire les émissions de CO2 liées à sa flotte. Nous pouvons également faire un audit d’un parc pour proposer une trajectoire d’électrification en fonction des usages. Il est possible de déterminer la part des véhicules qui peuvent basculer sur de l’électrique, sur de l’hybride rechargeable ou du full hybrid notamment. Geotab travaille enfin avec un organisme de certification allemand, TÜV Rheinland, qui va nous permettre d’établir un rapport sur les émissions de CO2, soit tous les ans, soit tous les trimestres. Nos clients peuvent accéder à ce rapport en quelques clics et ainsi voir ce qui a été émis par leurs véhicules. C’est un rapport très fiable basé sur la donnée. "
Laurent Schlosser, directeur France de GT Motive
"Chez GT Motive, nous travaillons notamment sur un rapport RSE qui permet de donner la visibilité sur les émissions de CO2. Si on regarde toute la chaîne de l’après-vente, il y a évidemment la pièce avec le choix de la remplacer ou de la réparer, mais il faut tenir compte de sa fabrication, de son transport, de son emballage… Il y a une telle chaîne qu’il est aujourd’hui impossible techniquement de mesurer les émissions de CO2 qui en découlent de A à Z. En revanche, nous pouvons définir des critères très spécifiques qui permettent de déterminer plus précisément quelles sont les émissions de CO2. Ces critères peuvent être le recours aux pièces de réemploi, le transport ou encore l’équipement des garages. Pour ces derniers, on va regarder l’ancienneté de leur cabine de peinture et les émissions de CO2 associées, ou encore leurs actions en matière de recyclage des emballages de pièces. On va ainsi pouvoir mesurer, sur la base de ces critères, la chaîne de CO2 et donc définir les performances de chacun. Notre rapport va prendre en compte la marque de la pièce, le modèle, l’usine de fabrication, la provenance des pièces, la performance des garages ou encore le recours à des pièces de réemploi. Nous proposons à nos clients comme les loueurs longue durée ou les assureurs de nous fournir les différents véhicules en flotte et les différentes réparations à effectuer puis, à partir de ces réparations, nous allons faire des calculs de CO2 avec des pistes d’optimisation. "
Marie-Pierre Assemat, category manager marchés entreprises chez Carglass
"Au niveau de la directive CSRD, nous devions être concernés en 2026 pour publier notre premier rapport au niveau du groupe Belron. Celui-ci va finalement être décalé de deux ans, comme cela vient d’être décidé au niveau des instances européennes. Néanmoins, la trajectoire carbone du groupe a été validée au niveau mondial par un organisme international. Au niveau des Scopes 1 et 2, chaque filiale doit réduire ses émissions de CO2 de 42 %, et sur le Scope 3 qui est le plus gros, car il concerne la fabrication du verre pour nos pare-brise, l’objectif est de -25 %. Ce dernier représente 90 % de notre bilan carbone. Pour la France, les objectifs ont déjà été atteints sur les Scopes 1 et 2 grâce à l’électrification de notre flotte de véhicules ateliers. L’intégralité de nos 390 utilitaires a basculé sur de l’électrique en 2024. Le challenge reste donc le Scope 3. Le premier levier d’action est de tout faire pour réparer les pare-brise plutôt que de les remplacer. Nous travaillons ensuite avec nos partenaires verriers pour produire des pièces bas carbone. Pour produire des pare-brise notamment, il faut des matières premières comme du sable et ensuite les chauffer à des températures extrêmement élevées. Aujourd’hui, l’énergie employée est le gaz, mais nos partenaires testent des fours recourant à des énergies plus vertes. C’est un énorme challenge industriel qui va s’étaler sur plusieurs années. Nous travaillons également au recyclage des pare-brise, un process qui nécessite moins de chaleur dans les fours. Un autre point sur lequel nous agissons est celui du transport."
Benjamin Huvé, country manager France de DriiveMe
"Le transport de véhicules est un maillon essentiel de l’empreinte carbone globale. Nous réalisons du convoyage via du transport unitaire de véhicules avec des jockeys. Nous opérons environ 180 000 trajets par an en France, soit une voiture toutes les trois minutes, beaucoup pour le compte des loueurs longue durée. Aujourd’hui, nos donneurs d’ordres sont principalement guidés par le coût, en mettant en balance le transport par camion vs le convoyage. Nous nous retrouvons dans des situations assez absurdes au niveau environnemental avec des véhicules électriques transportés sur des camions qui vont consommer 20 ou 30 litres aux 100 km. Ce serait plus vertueux de les transporter par la route directement. Chez DriiveMe, nous nous efforçons de communiquer de manière très transparente la data liée à chaque transport, notamment le kilométrage et la consommation de carburant. Nos clients ont ainsi toute la latitude pour pouvoir déclarer comme il faut la réalité carbone des transports. Nous avons réalisé une étude avec Carbone 4 portant sur 300 000 convoyages. L’idée est de comparer notre activité avec le transport routier, dans toutes les configurations possibles (petits ou longs trajets, types de carburants, convoyeur indépendant ou salarié…). Demain, cela débouchera sur un outil de benchmark en temps réel qui permettra de voir si c’est plus intéressant de livrer tel ou tel véhicule par camion ou par convoyage."
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