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Crise de l’or noir : même pas une bonne nouvelle pour les énergies renouvelables

Publié le 23 avril 2020

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - La chute historique du baril de pétrole américain (le WTI), sous la barre de zéro dollar, le 20 avril à New York, donne la mesure de l’ampleur du chaos économique dans lequel le Covid-19 plonge la planète depuis plusieurs semaines.

 

Il met aussi un peu plus en exergue les conséquences des luttes sans merci auxquelles se livrent les principaux producteurs de pétrole que sont les Etats-Unis (avec leur gaz de schiste), l’Arabie Saoudite (fer de lance de l’Opep) et la Russie.

 

Il est loin le temps où les experts de Goldman Sachs et autres Gazprom prévoyaient un baril à 150, 200 voire même 250 dollars. Qui dit mieux ? C’était il y a dix ans, lors de la crise des subprimes, qui devait déjà laisser nombre de stigmates à l’économie mondiale. A l’époque, les monarchies pétrolières et les compagnies énergétiques se frottaient les mains ; tandis que les gouvernements s’inquiétaient pour le pouvoir d’achat des automobilistes…

 

Changement de décor en 2020. La mise à l’arrêt brutal de l’économie pour contenir l’avancée de la pandémie, a entraîné naturellement une chute tout aussi brutale de la demande de matières premières, et donc de pétrole. Mais en face la production, elle, reste abondante et conduit, surtout aux Etats-Unis, à une saturation des capacités de stockage. Résultat : les compagnies pétrolières et les détenteurs de contrats à terme préfèrent brader leur brut plutôt que de devoir payer « à perte » pour le stocker en attendant un hypothétique acquéreur. C’est ce qui s’est passé cette semaine aux Etats-Unis, sur le contrat WTI à terme du mois de mai.

 

Depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, les prix du pétrole de la Mer du Nord (le Brent), l’autre référence du pétrole, ont plongé de 70 %, passant de 68 à 20 dollars. Une bonne affaire pour les automobilistes, dont ils profitent au demeurant très peu, pour cause de confinement et de raréfaction de leurs déplacements ! Mais un véritable cauchemar pour les compagnies pétrolières, qui assistent impuissantes à l’évaporation de leur manne financière. « L’IFPEN avait prévu des investissements (cumul mondial) en exploration-production de 517 milliards de dollars en 2020 », rappellent Armelle Bohineust et Fabrice Nodé-Langlois dans une enquête très fouillée du Figaro (1). Avec la chute des prix actuelle, le marché attend désormais « en cumulé, 100 milliards de dollars de coupes dans les investissements des compagnies pétrolières ».

 

Total se rêve en leader du solaire d'ici à 2025. Les géants Shell ou BP voient aussi leur avenir en vert. Mais pour enrayer le krach pétrolier en cours, ils ont rogné sévèrement dans leurs dépenses (-20 % en moyenne, soit 3 milliards de dollars pour Total, 5 milliards pour Shell ou Aramco). Moins d’investissements donc, dans l’exploration-production, le raffinage ou la distribution, autrement dit les métiers historiques des compagnies ; mais moins d’argent aussi pour les projets de nouvelles énergies.

 

Patrick Pouyanné, le n°1 de Total, a bien martelé fin mars, que le budget de la compagnie consacré aux nouvelles énergies (entre 1,5 et 2 milliards de dollars) sera bel et bien maintenu. On ne demande qu’à le croire, sous peine de mettre la lutte contre le réchauffement climatique au second rangdes priorités économiques, après la sortie de la crise du Covid-19. Depuis le début de l’année le champion tricolore a concrétisé pas moins de six opérations d’acquisition dans les énergies renouvelables, dont la dernière en date, cette semaine, dans le solaire. Une façon de confirmer son objectif que l’électricité bas carbone représente 15 % à 20 % de ses ventes à l’horizon 2040. 2040, vous savez, l’année même où la vente de véhicules thermiques ne sera plus autorisée en  France…

 

Pour rassurer les inquiets sur l’avenir incertain, en ces temps pleins d’imprévus, une chose reste immuablement stable : le montant impressionnant de taxes dans le prix d’un litre d’essence a la pompe !

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1) « Comment la pandémie a contaminé l’or noir ». Armelle Bohineust et Fabrice Nodé-Langlois. Le Figaro ( 22 avril 2020).

 

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