Chaque énergie décarbonée a sa place

La baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les pays appartenant au club du G20 est à ce jour très insuffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce taux n’a reculé que de 0,5 % en 2021, selon les résultats de Net Zero Economy Index publié par le cabinet d’audit et de conseil PwC. C’est trois fois moins que la moyenne observée au cours des 20 dernières années (-1,4 %). Au regard du ralentissement économique lié au Covid-19, ce résultat est tout simplement très mauvais.

Les pays développés consomment toujours trop d’énergies fossiles ; la guerre en Ukraine ne devrait pas arranger la situation en raison de la flambée des prix de l’énergie. Le retour en grâce du charbon en est une des preuves les plus évidentes. Voilà pourquoi les énergies renouvelables ont une vraie carte à jouer, certaines plus que d’autres toutefois, en raison de leurs coûts de fabrication, de leurs rendements et de l’opposition des opinions publiques.

La directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, a ainsi récemment regretté que "l'éolien terrestre soit devenu un gros mot au moment où la transition et la crise énergétiques nécessitent au contraire de mobiliser toutes les énergies renouvelables". A ses yeux, "ce sentiment anti-éolien n'a plus lieu d'être dans un monde où on est en urgence énergie tous les jours".

Dans une grande enquête, Le Figaro pose cette semaine tout net la question : "les énergies renouvelables sont-elles utiles à la France", alors que le pays gère un "parc nucléaire unique au monde" ? Le simple fait de poser cette question prouve l’ampleur du débat qui s’est installé dans le pays.

Les conclusions du quotidien font la part belle à un mix énergétique donnant sa place à chaque énergie. "Aucun pays ne vise un mix 100 % nucléaire (…) A contrario, un mix 100 % éolien et solaire n’est envisagé par aucune grande nation". Toutes les formes d’énergie doivent donc être mobilisées dans un bouquet énergétique répondant à l’atteinte du zéro carbone en 2050.

Cette convergence énergétique nécessaire permet de gommer les "défauts des énergies renouvelables", insiste l’enquête : les quantités importantes de matériaux nécessaires pour les panneaux solaires et autres éoliennes (cuivre, silicium, terres rares) ; l’atteinte visuelle portée aux paysages ou encore la place prise par ces équipements dans l’espace public.

Il est vrai qu’avec une hausse attendue de 15 % de sa production électrique en 2035 et 35 % à horizon de 2050, pour couvrir ses besoins actuels et futurs, tant dans l’industrie que dans les transports ou les nouvelles mobilités, la France ne peut pas tout attendre de son parc nucléaire. D’autant que, là aussi, les enjeux sont énormes pour remplacer un parc de centrales vieillissantes, construites dans les années 70-80 et qui atteindront, logiquement l’âge de la retraite prochainement.

Reste alors à croiser les doigts et à espérer dans les années à venir que les hivers seront bien venteux et les étés très ensoleillés, pour permettre d’utiliser à plein les capacités des infrastructures renouvelables. Mais là encore, rien n’est moins sûr : selon les données publiées par Copernicus, le programme de l’Union européenne, qui collecte les informations portant sur l’état de la Terre, "l’Europe a un problème de vent… L’année 2021 a été la plus faible depuis plus de quarante ans en Europe en termes d’intensité des vents et 2022 n’a pas été meilleure". Selon le site Transition & Energies, qui relaie l’information, cette tendance devrait même perdurer.

L’Arval Mobility Observatory