CES Las Vegas : back to reality
Dans les années 2015-2017 le CES, c’était « the place to be ». Dans la capitale du poker et des casinos, rien n’arrêtait la French Tech, longtemps première délégation européenne voire mondiale, et ses jeunes start-up tricolores promises aux plus belles victoires dans la bataille des objets connectés. A l’époque, la présence d’Emmanuel Macron, alors jeune ministre de l’Economie en vogue, deux années de suite à cette grand-messe faisait courir tous les médias français et rendait possibles toutes les ambitions.
Cinq ans plus tard (une éternité dans l’économie numérique), l’engouement et la folie médiatique ont considérablement baissé en pression. Certes le CES est toujours considéré comme un salon de l’auto bis, très axé sur la technologie. Mais les innovations n’ont plus pour simple but de faire rêver et de faire le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias ; elles doivent être économiquement réalistes et déboucher sur des applications concrètes pour demain. C’est en quelque sorte un retour sur Terre pour ce salon techno dans la ville de toutes les démesures ; et pour les ambassadeurs de la French Tech qui doivent plus que jamais faire la preuve de l’utilité de leurs innovations.
Si l’on voulait faire un bilan du CES 2020, on pourrait dire que cette année « innovations » a rimé avec « sécurité ». Prenons le pare-soleil intelligent de Bosch, par exemple, un système développé par des ingénieurs américains du groupe. Partant du constat que l’éblouissement est une cause majeure d’accident, loin devant le brouillard ou le verglas, l’équipementier a eu l’idée de se servir d’une caméra, tournée vers le conducteur, afin d’évaluer son niveau de vigilance. Au moindre problème, un signal est envoyé pour activer un pare-soleil high-tech. Seule la zone balayée par le soleil est obscurcie. Le conducteur peut ainsi continuer à voir toute la zone qu'aurait cachée un pare-soleil classique.
Même recherche de sécurité chez Valeo, qui a dévoilé un logiciel baptisé Valeo Move Predict.ai. En étudiant les images transmises par les caméras intégrées dans la voiture, le groupe affirme pouvoir détecter les intentions des piétons et autres usagers vulnérables (cyclistes, utilisateurs de trottinettes) entrant dans le champ de vision. L’algorithme repose sur l’analyse de leurs mouvements et de leur attention. De quoi permettre d’alerter le conducteur en cas de danger ou d’améliorer les performances du freinage d’urgence automatique.
L’équipementier a aussi le souci de ce qui se passe dans les véhicules. Il a ainsi développé avec l’opérateur télécom japonais NTT DoCoMo un système permettant de détecter un enfant oublié dans une voiture et d’envoyer aux parents tête en l’air un message sur leur smartphone. Chaque année des faits divers (parfois dramatiques) nous rappellent que ce genre d’oubli n’est pas si anecdotique que cela.
A Las Vegas comme ailleurs, on réalise que l’innovation ne vaut d’être vécue, que si elle est partagée par tous.
L’Arval Mobility Observatory