BlaBlaCar Daily donne la priorité aux entreprises multisites
Il n'est pas possible de courir tous les lièvres à la fois. BlaBlaCar Daily a donc pris la décision stratégique de démarcher en priorité les grands groupes dont les activités se répartissent sur plusieurs sites. Un choix fait en fonction des atouts de la plateforme de covoiturage du quotidien comme l'explique Adrien Tahon, le directeur général. "Notre liquidité, autrement dit notre capacité à connecter des individus, atteint 80 %. Ce qui veut dire que nous couvrons largement le territoire national. BlaBlaCar Daily doit donc accompagner des comptes dont les échelles dépassent les frontières régionales", a-t-il indiqué au Journal de l'Automobile.
Cette idée a été confirmée par les preuves de covoiturage, le document nécessaire au versement des subventions, qui montre que BlaBlaLines, l'ancienne version de BlaBlaCar Daily, était utilisée aux quatre coins de la France. "Avant de disposer d'une offre structurée, nous avions plusieurs contacts entrants, assure le directeur général, nous allons relancer ces prospects pour le proposer la puissance de notre plateforme".
Pour des trajets de 30 km en moyenne
Le responsable vise deux périodes sensibles, le mois de mai qui rime cette année avec un retour progressif à la normale et le mois de septembre, "période à laquelle les consommateurs sont capables de remettre en question leurs habitudes pour s'ouvrir à de nouvelles choses". Pour lui, les perturbations actuelles ne sont pas vouées à s'inscrire dans la durée et les Français auront, sous peu, à nouveau besoin de solutions de mobilité. "Le télétravail va diminuer", fait-il le pari, alors que selon les études en sa possession 3 salariés sur 4 se déplacent en voiture.
BlaBlaCar Daily débutera sur les bases de BlaBlaLines à savoir que les distances de covoiturage du quotidien font en moyenne 30 km et qu'il faut environ 7 trajets pour créer sa propre communauté de voyageurs. La notion de confiance mutuelle étant très importante. D'ailleurs 2 trajets sur 3 sont réalisés par des équipages réguliers. Et Adrien Tahon de prévenir les entreprises contre la tentation de plateforme fermée : "moins de 20 % des gens voyagent entre collègues". Les études du groupe BlaBlaCar montrent qu'il y a une forme de réticence, mais aussi que la chose n'est pas toujours possible.
Une communauté de 1,5 million d'inscrits
La marge de progression est avérée. BlaBlaCar Daily compte 1,5 million d'inscrits quand BlaBlaCar, le service de covoiturage longue distance, recense 18 millions de personnes. Et seuls 60 % de la communauté des voyageurs du quotidien ont également un profil sur l'application historique. Ce que le directeur général interprète comme une forme de complémentarité de valeur.
"Le changement de nom aide à la lisibilité de la marque et les consommateurs nous rattachent mieux au groupe", salue l'initiative Adrien Tahon. A l'inverse, il est aussi question de gain de lisibilité à l'endroit des entreprises. "Avant l'entrée en vigueur de la Lom (Loi d'orientation des mobilités, ndlr), nous ne savions pas si les démarches des sociétés étaient sincères ou le fruit d'une campagne de communication, déplore encore Adrien Tahon, maintenant le cadre va changer la donne, car la mise en place du forfait mobilité sera un indicateur de l'implication".
La concurrence est rude pour BlaBlaCar Daily. Karos et Klaxit occupent solidement le terrain aussi bien sur le segment des entreprises que des collectivités. Adrien Tahon s'en accommode. "Même à trois grands acteurs, nous sommes encore tout petit, constate-t-il avant tout. Nos services dépendent du volume de voitures et l'enjeu reste pour l'heure de provoquer un changement de comportement". Il devrait garder son "approche consommateur" pour se différencier des rivaux, tandis que l'application continuera d'évoluer par itération.
Ensuite, à plus long terme, BlaBlaCar Daily pourrait ne former qu'un ensemble avec toutes les autres composantes du groupe (BlaBlaCar, BlaBlaBus, BlaBlaRide…). Alors le mastodonte français du transport aura plus de mal à cacher au monde sa volonté de devenir un géant de la mobility-as-a-service (MaaS).
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