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Au Nord… ce seront les batteries

Publié le 19 novembre 2020

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - "Au Nord c’étaient les Corons", chantait Pierre Bachelet dans les années 80. Ces dernières semaines, au Nord, c’est une nouvelle catastrophe sociale à la une, avec la fermeture de l’usine Bridgestone à Béthune et 863 salariés bientôt sur le tapis.

 

Des fermetures de sites industriels et des plans sociaux, les Hauts-de-France en ont connu plus souvent qu’à leur tour au cours des dernières années. Car avant les pneus, et sans pour autant remonter aux plans sociaux dans le textile ou les mines de charbon du milieu du XXème siècle, il y a eu l’électroménager, la vente par correspondance, l’industrie des tubes ou encore le transport maritime, pour ne parler que des plus grosses "charrettes". On se souvient de la fermeture de l’usine Whirlpool à Amiens, qui avait été au centre de la campagne présidentielle de 2017, des 1 178 postes supprimés à La Redoute ou encore des plans à répétition chez le verrier Arc International, spécialiste mondial des arts de la table. Clap de fin aussi pour le papetier Arjowiggins à Wizernes dans le Pas-de-Calais ou les unités de métallurgie de Sambre et Meuse à Maubeuge.

 

Avant eux les déboires des salariés des bagages Samsonite à Hénin-Beaumont, de la fonderie Metaleurop Nord à Noyelles-Godault, de Goodyear à Amiens-Nord ou encore de Continental à Clairvoix, avaient défrayé la chronique sociale au début des années 2000.

 

Cette énumération de plans sociaux ne doit pas pour autant occulter l’évolution majeure de la région : les Hauts-de-France sont en train de transformer leur industrie pour prendre le train de la digitalisation et des usines 4.0. Avant la crise de la Covid-19, la région était d’ailleurs dans le Top 3 tricolore des sites qui attiraient le plus les investissements étrangers, derrière l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, selon l’étude du cabinet E&Y. Dans ce même rapport, la France se classait alors au premier rang européen en nombre d’investissements internationaux sur des projets industriels devant l'Allemagne et la Grande-Bretagne (1). Elle est, depuis, revenue à la troisième marche du podium…

 

Cette évolution est enclenchée depuis plusieurs années. En 2018, le même E&Y indiquait que les Hauts-de-France captaient à eux seuls 17 % des projets d’investissements industriels internationaux, devant les régions Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes (14 % chacun) (2).

 

A la tête de la population la plus jeune de France (hors Ile-de-France), de 61 000 km de routes, 2 755 km de voies ferrées, 230 km de façade maritime, du deuxième ensemble portuaire de l’Hexagone, d’une métropole européenne (Lille) ou encore d’un maillage logistique de grande ampleur, la région ne manque pas d’atouts. Les Hauts-de-France, ce sont aussi 17 accélérateurs et incubateurs pour start-up dans la santé, la mobilité, le digital, la transition énergétique, notamment (3).

 

A l’heure de l’électrification croissante du parc automobile national, c’est dans les Hauts-de-France que va s’installer le fameux "Airbus des batteries" à l’horizon de 2023. Un projet à 120 millions d’euros, orchestré par deux fleurons de l’économie française, Total (via sa filiale Saft) et PSA. A terme, la ville de Douvrin (62) doit faire jeu égal avec la municipalité allemande de Kaiserslauten, qui aura elle aussi sa "Gigafactory". La voiture électrique, de l’avis des experts de l’environnement et de l’industrie, c’est l’avenir. Et comme les batteries représentent 40 % de la valeur ajoutée de ces véhicules, autant dire que l’usine nordiste jouera un rôle de premier plan dans la construction de cette filière européenne d’excellence. Dans le pneumatique également, et malgré la déconvenue des Bridgestone, Goodyear et autres Conti, un avenir peut s’écrire autour du recyclage et du rechapage. Avec à la clé des emplois plus qualifiés et des produits plus haut de gamme.

 

"Je pardonne au passé en faveur de l'avenir puisqu'il est éclairé par l'espérance", écrivait la femme de lettres Mme de Sévigné à sa fille, Mme de Grignan, en septembre 1680... Une formule plus que jamais d’actualité aujourd’hui au pays des Ch’tis.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). L’attractivité économique de la France avant la Covid-10. Ernst & Young. Mai 2020.

(2). L’industrie française reste attractive pour les investisseurs étrangers. Cabinet E&Y. Mai 2018.

(3). Hauts-de-France : 17 incubateurs-accélérateurs pour start-up. Les Echos Entrepreneurs. 12 décembre 2019.

 

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