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Un secteur en pleine mutation

Publié le 26 février 2010

Par Armindo Dias
6 min de lecture
Le secteur de la location longue durée n'a pas été à la fête en 2009. Il a dû faire face à la fois à une baisse de la demande et à une dégradation importante du marché VO. Résultat : ses mises à la route ont décroché de 16,6 %....
Le secteur de la location longue durée n'a pas été à la fête en 2009. Il a dû faire face à la fois à une baisse de la demande et à une dégradation importante du marché VO. Résultat : ses mises à la route ont décroché de 16,6 %....
...Les loueurs s'attachent donc logiquement à développer de nouveaux services.

Les professionnels de la location longue durée ne devraient pas oublier 2009. En effet, sur cet exercice, ils ont été confrontés à une chute de la demande, à un renchérissement du coût de l'argent, à un recul du marché VO et à une dégradation des VR. Les loueurs ont heureusement pris quelques initiatives afin de faire face à toutes ces évolutions, synonymes aussi bien de moindres livraisons que de manques à gagner sur le VO (le manque à gagner par véhicule a pu atteindre les 1 500 euros !). "Nous avons notamment incité nos clients à prolonger leurs contrats", illustre François Piot, le président du Syndicat National des Loueurs de Voitures en Longue Durée (SNLVLD). Pour la plupart, ils ont été prolongés de plusieurs mois, cette prolongation, beaucoup moins fréquente chez les loueurs filiales de constructeurs, ayant permis aux professionnels d'envisager une amélioration du marché VO et un renchérissement des VR. "Les clients y trouvaient aussi leur intérêt", insiste toutefois François Piot. Les clients qui optaient pour un renouvellement plutôt qu'un allongement de contrat, risquaient en effet de voir le montant de leurs nouveaux loyers littéralement exploser avec la hausse des coûts de refinancements. Ils ne s'y sont d'ailleurs pas trompés selon François Piot : les taux de fidélisation, affichés l'an dernier par les loueurs auprès de leurs clients grands comptes et de leurs clients PME-PMI, se sont élevés à hauteur de respectivement 90 % et 75 %. Rien d'étonnant donc, au final, si le nombre de livraisons a décroché de 16,6 % et si le parc total en LLD s'est stabilisé à 1,1 million de véhicules en 2009 (voir tableaux en cliquant à droite sur "plus de photos/d'infos"). Il n'en semble pas moins que le secteur de la location longue durée est aujourd'hui à un tournant de son histoire.

Une profession à un tournant de son histoire…

"Notre métier est en train de changer", confirme le président du SNLVLD. Les loueurs ne peuvent, en effet, plus se contenter de louer des véhicules avec un minimum de prestations : le rapport à l'automobile a évolué et les grands comptes sont déjà matures en matière de LLD. Par ailleurs, certains paramètres prennent de plus en plus d'importance dans le choix des entreprises, ces dernières s'intéressant chaque jour un peu plus à leurs émissions de CO2 et au coût total de possession de leurs véhicules ou TCO. "Nous devrions donc être amenés à conquérir le marché des très petites entreprises, à mettre en place de nouvelles solutions de mobilité et à développer toujours plus de nouveaux services", poursuit François Piot. Nombre de professionnels se sont heureusement déjà mis en ordre de bataille. Le dernier d'entre eux est ni plus ni moins Diac Location, la filiale de location longue durée de Renault. Elle propose depuis début janvier une prestation dénommée C.A.R. "Plus", une offre qui devait initialement être lancée en septembre 2009. Elle donne accès à quatre offres différentes : C.A.R. "Plus" Sécurité, C.A.R. "Plus" Eco-Conduite, C.A.R. "Plus" Webdata et C.A.R. "Plus" Navbox. Les deux premières permettent d'accéder à des stages de conduite et d'éco-conduite, un accord de partenariat ayant été scellé entre Diac Location et l'organisme de formation ECF. "C.A.R. "Plus" Webdata permet d'optimiser la gestion de son parc et C.A.R. "Plus" Navbox d'accéder à un bouquet de services dans ses véhicules", indique Sylvain Schuler, le responsable du service marketing opérationnel de Diac Location. Ces deux dernières prestations - C.A.R. "Plus" Webdata et C.A.R. "Plus" Navbox - ont fait l'objet d'accords de partenariat avec les sociétés Masternaut et Goodkap!. "Une dizaine d'entreprises et un millier de véhicules sont déjà concernés par C.A.R. "Plus" ", se réjouit Sylvain Schuler.

...qui ne prend pas position à l'égard de la gamme N1…

De nouveaux challenges vont donc devoir être relevés par la profession en 2010. Les restitutions devraient en effet sensiblement augmenter avec l'arrivée à terme des contrats prolongés en 2009. "Le marché de l'occasion devrait néanmoins pouvoir les absorber, estime le président du SNLVLD. Ce marché devrait seulement connaître une petite pénurie de véhicules d'occasion peu kilométrés." Autre défi proposé aux loueurs longue durée : l'arrivée prochaine des véhicules électriques. Ici, les professionnels vont notamment devoir définir s'ils prendront en charge les véhicules avec ou sans leurs batteries. Chaque loueur va enfin devoir se positionner vis-à-vis de la gamme de véhicules dite N1. Créée grâce à une directive européenne de 2009, elle permet à un constructeur d'homologuer un VP en VU et donc à une entreprise de l'acquérir, non seulement en se passant de plafonds d'amortissement, mais aussi et surtout en n'ayant plus à payer ni de malus, ni de TVS ! Ils sont en revanche fournis avec une carte grise VU, se distinguent par la présence d'une plaque de tare et ne permettent pas de récupérer la TVA (sauf sur le carburant). Il n'empêche. Des constructeurs ont rapidement constitué leur gamme N1, et le premier à avoir "dégainé" est Renault : la marque au losange compte à ce jour une demi-douzaine de modèles homologués N1, parmi lesquels le Scénic, le Grand Scénic, le Kangoo et la Laguna Estate.

…alors que des constructeurs y travaillent

Chez Citroën, cette gamme concerne les modèles C4 Picasso et C5 Tourer, qui seront rejoints en cours d'année par le grand C4 Picasso 5 places et la C5 berline. Côté Peugeot, la gamme business est également proposée en homologation N1, les véhicules concernés comprenant à ce jour les modèles 3008, 5008 et 407 SW. Ils seront rejoints au second trimestre par les Peugeot Expert Tepee Confort et Peugeot Expert Tepee Loisirs, puis courant juillet, par la 308 SW. Volkswagen nous a fait savoir, lors du salon de Détroit, qu'il comptait, pour sa part, étoffer son offre en la matière, cette offre comprenant déjà le Touran. "Les loueurs longue durée ont beaucoup de mal à intégrer ces offres à cause de leur frilosité sur le VO", nous a aussi déclaré Thierry Lespiaucq, le directeur de Volkswagen France. Les loueurs ne sauraient pas vraiment comment revendre ce type de véhicules, ni dans quelle catégorie les placer. "Ils sont difficilement exportables et ils risquent de déstabiliser un certain nombre d'acheteurs avec leurs plaques de tare et leurs cartes grises VU", confirme Dominique Allain, directeur général d'EurotaxGlass's France. Or, les valeurs résiduelles de ces véhicules sont déjà inférieures de trois à quatre points à celles des mêmes modèles proposés en VP. Résultat : aucune position claire et précise n'a encore été adoptée par le syndicat des loueurs en matière de N1. "Chacun de nos adhérents est libre de faire ce qu'il veut en la matière, indique ainsi François Piot. Notre syndicat n'a pas pris de position concernant la gamme N1." Elle pourrait avoir une durée de vie éphémère, considère le président SNLVLD. Mais tout le monde n'est pas de cet avis. "Le risque de voir disparaître cette catégorie est relativement faible, nous a déclaré Thierry Lespiaucq. Elle découle d'une directive européenne."

Photo : François Piot, président du Syndicat National des Loueurs de Voitures en Longue Durée (SNLVLD)

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