SNCF, RATP : les mammouths devenus agiles ?
A l’heure du MaaS (mobility as a service), des déplacements dits multimodaux, de l’usage plutôt que la possession de véhicules, ces vénérables entreprises qui ont largement passé le cap de la "seniorité", changent résolument de langage. Elles font désormais de l’agilité, de la réactivité et du "temps réel" les maîtres-mots de leur développement.
La pandémie de Covid-19 est passée par là, chahutant leurs modèles. Il n’a fallu que quelques jours, en mars 2020, pour que les rames de métro et les wagons de trains ne se vident de leurs clients. Le hic, c’est qu’une fois le déconfinement venu, ces mêmes usagers eux, ne sont pas revenus en masse dans les gares et les stations du métropolitain, effrayés d’être contaminés par le virus et profitant des nouvelles conditions de travail à distance.
La note est donc plus que salée pour les deux groupes : 5 milliards d’euros de recettes manquent à l’appel à la SNCF, qui répète à l’envi qu’elle va se "réinventer" pour retrouver ses voyageurs. Du côté de la RATP, ce sont 900 millions d’euros de recettes voyageurs qui font défaut, avec en plus, une perte nette inédite de près de 140 millions au titre de l’exercice 2020.
Voilà pourquoi les deux champions du service public changent de costumes et se muent en "champions" de la mobilité. Depuis le 15 juin, l’application de la RATP "Bonjour RATP" doit permettre à ses utilisateurs de connaître toutes les offres de mobilités à leur disposition pour se déplacer, effectuer des réservations et même les payer. Avec la RATP, et grâce à un éventail de partenariats, on peut désormais faire du vélo (avec Veli’b), bientôt de la trottinette électrique (avec Tier) ou encore rouler en VTC (avec Marcel). On est loin des rames et des bus bondés !
La SNCF n’est pas en reste. Son "Assistant SNCF" lancé en 2019 permet à ses 16 millions d’utilisateurs de prendre un Uber en Île-de-France, d’accéder aux réseaux de taxis de 61 villes en France, de trouver un vélo ou une trottinette électrique à Paris, Lyon, Marseille, Grenoble et Bordeaux ou encore de payer directement les abonnements pour les transports en commun dans plusieurs villes moyennes françaises (Cholet, Poitiers, Nevers, Saint-Brieuc, La Baule et Le Croisic).
L’idée est certes intéressante, mais la SNCF et la RATP ne sont pas seules à l’avoir eue. Et sur la route de la mobilité, comme sur celle de leurs métiers historiques respectifs, l’heure est à l’ouverture et à la concurrence. En face, les challengers ont pour nom Uber et peut-être bientôt certains géants du numérique. Un dispositif de la LOM (l’article 28 très exactement) va en effet permettre, à compter de juillet prochain, à n’importe quel acteur (et pas simplement aux opérateurs d’une application) de vendre des tickets de bus, des billets de train, des trajets en VTC, vélos électriques ou trottinettes.
On n’est donc pas loin du risque d’overdose de solutions côté clients, et d’hyper concurrence côté fournisseurs de solutions. La question de la rentabilité se posera rapidement aux différents acteurs, lesquels ne se satisferont sans doute pas, pour reprendre la formule du baron de Coubertin bien connue dans l’univers du sport, de simplement participer à la révolution des mobilités ! Service public n’est pas philanthropie !
L’Arval Mobility Observatory
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