Quels enseignements de la crise sanitaire ?
C’est ainsi que des marques de cosmétiques (LVMH, L’Oréal, Yves Rocher pour n’en citer que quelques-unes) mais aussi de petites PME locales (ELP en Dordogne ou Inavine Lab en Eure-et-Loir), ont mis à disposition leurs lignes de fabrication pour sortir les précieux gels hydro-alcooliques, qui se font désespérément attendre dans les pharmacies et les rayons des grandes surfaces.
Même mobilisation sur le front de la fabrication des masques. La Chine en produit 120 millions par jour, la France à peine un million…. Plutôt que de mettre leurs couturières au chômage technique, Petit-Bateau ou Lacoste à Troyes, ArmorLux à Quimper, se sont lancés dans la fabrication de masques en tissu pour répondre aux besoins urgents de l’industrie, du commerce ou de la distribution. Une goutte d’eau dans l’océan des besoins, diront certains. A l’évidence une manifestation de solidarité dans « cette économie de guerre » qu’il faut construire.
Même l’industrie automobile sort de ses routes balisées. Au Canada, le gouvernement de Justin Trudeau a exhorté l’industrie nationale tout entière à se convertir dans la production de matériel médical. Message reçu par l’Association canadienne des fabricants de pièces automobiles. Outre-Atlantique toujours, Ford s’est allié à GE et à 3M (le fabricant des Post-It et de pièces très variées pour l’industrie)pour produire des respirateurs artificiels et divers matériels médicaux. Même mobilisation chez GM ou Tesla.
Outre-Manche, c’est aussi le branle-bas de combat parmi des constructeurs autos, déjà éreintés par les conséquences du Brexit, pour produire masques, gants et autres dispositifs. Quant à Fiat-Chrysler, il a réorganisé une de ses usines chinoises pour la fabrication de masques à destination des pompiers et ambulanciers américains, mexicains ou canadiens. Pour stocker et distribuer ces différents matériels, des centres ad-hoc ont été installés dans les espaces de réception désertés par les touristes dans certains grands hôtels de luxe new-yorkais.
La polyvalence des industriels n’est pas le seul « bienfait » de cette vertigineuse crise du Covid-19. Une véritable révolution « dans la hiérarchie des métiers » est peut-être en préparation, explique la sociologue du travail, Dominique Méda dans une interview décapante au magazine Pour l’Eco. « A l’heure d’une crise sanitaire mondiale, l’enseignement est clair : aujourd’hui les métiers essentiels sont ceux qui nous permettent de continuer à vivre (…) Soudainement, les titulaires des métiers les mieux payés nous apparaissent bien inutiles et leur rémunération exorbitante », affirme-t-elle en appelant d’urgence à une nouvelle étude de « la hiérarchie sociale des métiers relativement à leur utilité réelle » (1).
Ces reconversions des métiers en urgence ne sont pas sans rappeler la production d’obus par les constructeurs automobiles en 1914… Le président n’a-t-il pas parlé de guerre ? Et sommes-nous à la veille d’une refonte des organisations du travail et à l’avènement d’une nouvelle forme d’holacratie, version XXIème siècle et digitale ? Réponse… après le confinement.
L’Arval Mobility Observatory