Moteurs thermiques : la fin des étincelles ?
La cause des motorisations thermiques semble entendue : d’ici 2035, les usines automobiles n’en sortiront plus de leurs lignes de production. L’Europe devrait sceller leur destin autour du 14 juillet en annonçant de nouvelles mesures permettant de réduire les émissions de CO2 de 55 % en 2030, contre 40 % jusqu’alors, avec 2050 en ligne de mire et la neutralité carbone du continent.
La fin des moteurs thermiques signifie a contrario l’envolée des automobiles électriques, remède a priori universel contre la pollution climatique et les émissions de CO2. Les uns après les autres, même ceux dont les noms étaient historiquement associés aux riches heures des moteurs thermiques, les constructeurs dévoilent leurs nouvelles priorités en matière d’électrification de leurs gammes, à coups de milliards de dollars d’investissements. Des Jaguar ou des Porsche électriques, il va bien falloir s’y habituer !
Que la planète automobile carbure à l’électrique, soit. Mais avec quelle électricité ? Comme le répètent à l’envi les observateurs, si on charge les voitures électriques avec de l’électricité issue de centrales à gaz ou à charbon, le compte de la neutralité carbone n’y sera pas.
La France peut bien sûr se targuer d’un bilan énergétique favorable grâce à son parc nucléaire. Mais les détracteurs de l’atome entendent bien voir cette part se réduire à l’avenir, au profit des énergies renouvelables. Et c’est là qu’entrent en scène les anti-énergie solaire, énergie éolienne de tout poil… À coups d’éditos virulents dans les médias ou d’opérations "coup de poing" sur le terrain, ces opposants entendent dirent tout le mal qu’ils pensent de ces énergies renouvelables qui représentaient 23 % du mix-énergétique français en 2019 et dont la part doit atteindre 40 % d’ici 2030, selon la feuille de route gouvernementale.
L’exécutif a beau jeu de répéter à qui veut l’entendre "que l’éolien c’est vital ; que les énergies renouvelables, c’est vital. Qu’on en a besoin pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre et pour avoir un mix énergétique plus décarboné" (1), la stratégie de l’Etat en matière de renouvelable a parfois de quoi dérouter. Entre modification des conditions d’implantations des nouveaux parcs éoliens autour des radars militaires, droit de veto des maires sur l’installations de nouveaux mâts sur leurs communes (tout juste voté par le Sénat dans le cadre de la loi Climat), nouvelles modalités de révision des tarifs du photovoltaïques, critiques sur les coûts de rachat "exorbitants" de l’électricité éolienne par EDF, le renouvelable voit son étoile brutalement pâlir.
Pourtant le renouvelable en général et l’éolien en particulier, ont encore pas mal de terrain à rattraper sur l’échiquier international, face à de redoutables concurrents. Rien que dans l’éolien off-shore, où la France fonde pourtant de gros espoirs, quelque 5 000 éoliennes sont raccordées en Europe, mais pas une ne tourne dans l’Hexagone, rappelait il y a peu la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.
Les Français sont prêts à prendre le train de la voiture électrique, à condition que les autonomies annoncées par les constructeurs ou que les infrastructures de recharge soient au rendez-vous. Assurons-nous également que le "carburant" du véhicule électrique soit aussi disponible, en quantité, "propre", et au juste coût. Reste une question, pour le moment encore sans réponse : qui va compenser les 68 milliards de TVA et de TIPP sur les carburants ?
L’Arval Mobility Observatory
(1) Eoliennes, fermes solaires : le jeu ambivalent du gouvernement. Les Echos. 3 juin 2021.
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