Mobilités pas si douces
Le dernier Baromètre sur la Sécurité routière d’Axa Prévention nous rappelle fort à propos que circuler dans les rues de Paris ou des grandes villes françaises ne doit pas s’apparenter à un rodéo. Les rues de Paris, Lille, Lyon, Bordeaux etc, ne sont pas le Far West. Les règles du Code de la route s’appliquent en effet à tous : piétons, automobilistes, deux roues (voire trois) sous toutes leurs formes, et personne ne doit s’en affranchir.
A première vue, cela semble évident, mais ça va encore mieux en le disant, si l’on en juge par les résultats de l’enquête de l’institut Kantar pour le compte de l’assureur. Passe encore (et encore !) que 40 % des usagers de trottinettes ne connaissent pas le Code de la route ; ils n’ont pas tous passé leur permis de conduire et donc leur Code. Mais que 78 % des utilisateurs de ces petits bolides osent téléphoner en roulant et 72 % envoyer des SMS, relève de la pure inconscience. Ici pas de trace du fameux principe de précaution dont on nous rabat les oreilles sur bien d’autres sujets…
La sonnette d’alarme avait déjà été tirée avec l’envolée de l’usage du vélo, il y a quelques années. Bis repetita, cette fois avec la trottinette électrique, tout aussi dangereuse (sinon plus) pour leurs propriétaires/locataires et les piétons. C’est tout le problème d’un engouement rapide pour un usage : sa règlementation par la puissance publique a souvent un train de retard, et dans l’intervalle, c’est un peu l’anarchie.
Dans le cas des EDPM ou engins de déplacement personnels motorisés, le Code de la route a bien été modifié en 2019, mais la communication n’a sans doute pas été suffisante. La pandémie de Covid, les confinements successifs, la désorganisation de l’économie et l’effet repoussoir des transports en commun, ont fait le reste.
Les chiffres de la mortalité à vélo ou sur des engins motorisés connaissent bel et bien une augmentation : 182 tués en métropole en 2020 (dont 87 sur le seul troisième trimestre, alors que le pays était déconfiné), 197 en 2019, 175 en 2018, contre 147 en 2010. De son côté, la Fédération française de l’assurance recensait en 2020 quelque 157 blessés impliqués dans des accidents de trottinette électrique.
Pour que les "mobilités douces" portent vraiment bien leur nom, il sera essentiel qu’elles s’accompagnent d’un réel travail de pédagogie quant à leurs utilisations. C’est à force d’agiter la peur du gendarme, que les automobilistes ont attaché leur ceinture, réduit leur vitesse, choisi de conduire plutôt que de boire au volant. L’émergence du vélo, de la trottinette ou encore du scooter électrique dans le quotidien des déplacements des Français passe aussi par cette exigence d’éducation au civisme.
Privilégier les pistes cyclables plutôt que les trottoirs, respecter les feux de signalisation et autres priorités, porter un casque, laisser son portable au fond de sa poche, sont quelques unes des évidences auxquelles se conformer. C’est aussi à ce prix que les mobilités douces prendront naturellement leur place dans la boite à outils des solutions de déplacement déployées par les entreprises pour leurs collaborateurs. Peut-on hélas encore se passer de la peur du gendarme en France ?
L’Arval Mobility Observatory