Matières premières : évolution à géométrie variable
Il n’y a pas encore si longtemps, à l’âge d’or des véhicules thermiques, la grande question était de savoir quelle serait l’évolution des cours du brut, et par voie de conséquence, des prix à la pompe pour les automobilistes. Les grands-messes des pays producteurs de pétrole réunis au sein de l’Opep à Vienne étaient suivis comme le lait sur le feu ; tout comme les jeux de "poker menteur" entre l’Arabie Saoudite et les différents membres du cartel.
Aujourd’hui, les hauts et les bas du baril de pétrole, font de plus en plus rarement "la Une" de l’actualité. La dernière fois, c’était sans doute lors du pic de la crise sanitaire de 2020, lorsque les cours avaient brièvement navigué en territoire négatif. Il faut dire que la situation était alors particulièrement grave puisque, confinement oblige, les voitures restaient au parking, tandis que les avions étaient cloués au sol.
L’envolée des matières premières (ou à l’inverse, leur déconfiture) ne suscite plus autant de questions ou d’inquiétudes dans le grand public. Même la pénurie de semi-conducteurs, qui contraint les concessionnaires automobiles à reporter de plusieurs mois la livraison des modèles à leurs clients, n’entraîne pas de vagues pour le moment. Plutôt que d’acheter un véhicule neuf, les clients se rabattent sur le marché de l’occasion, entraînant du même coup une hausse prix des occasions récentes.
Pendant le mois de mai, les cours du cuivre et du fer, ont chacun battu leur "plus haut" historique (10 400 dollars la tonne pour le cuivre et 230 dollars la tonne pour le fer). Dans une quasi-indifférence générale. L’heure, il est vrai, est au redémarrage de l’économie mondiale, à la relance des pays ; il n’est donc pas aberrant que les prix des différentes matières premières (industrielles comme agricoles) flambent.
Dans la dernière édition de son ouvrage de référence dans ce domaine, le rapport CyclOpe, le professeur Philippe Chalmin ne voit d’ailleurs pas d’emballement du marché des matières premières à moyen terme ; autrement dit, le rebond actuel des prix est à mettre en parallèle avec leur plongeon d’il y a un an. A lire entre les lignes du rapport, on comprend que les plans de relance des pays, les programmes d’investissements et les milliards injectés dans les économies par les banques centrales, favorisent l’envolée des prix des métaux et autres matières premières agricoles. Une situation qui n’aura donc qu’un temps et qui fait dire à l’auteur du rapport CyclOpe que "en toute logique et sauf catastrophe, on devrait assister, après cette phase de rattrapage, à une détente des marchés, fin 2021 ou en 2022". (1)
Il est cependant certains métaux, dont les cours, connaîtront plus de hauts que de bas. Ce sont ceux associés de près ou de loin à la transition énergétique. La production massive de voitures électriques nécessite cuivre, cobalt, nickel, lithium, graphite et autres terres rares en quantité. Quant à l’essor des énergies éoliennes et photovoltaïques, il est conditionné à la disponibilité du sélénium, gallium ou indium. Pour les spécialistes, ce seront bel et bien eux, "le pétrole de la transition énergétique".
L’Arval Mobility Observatory
(1). Cuivre, fer, coton... L’envolée inédite des cours des matières premières. Le Monde, 26 mai 2021.
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