S'abonner

Mais qui donc construira les voitures autonomes ?

Publié le 25 juin 2020

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - Après avoir consenti de lourds investissements dans la voiture autonome, les constructeurs automobiles, contraints par la crise de la Covid-19, lèvent sérieusement le pied. De quoi donner des idées aux géants des nouvelles technologies ?

 

L’industrie automobile mondiale est à l’heure des choix. La crise de la Covid-19 a achevé de fragiliser une filière déjà confrontée à de nombreux challenges avant le déclenchement de la pandémie. Les chiffres du cabinet spécialisé Alix Partners donnent le tournis : équipementiers et constructeurs étaient au pied d’un mur de dettes de 313 milliards de dollars, auquel se sont ajoutés 72 milliards directement liés aux semaines de confinement. (1)

 

Résultat : les constructeurs sont face à "des choix cornéliens en matière d’allocations d’actifs", affirme le cabinet. Selon lui, c’est la voiture autonome qui devrait faire les frais des arbitrages inévitables pour espérer survivre. "Une part substantielle des 79 milliards de dollars d’investissements annoncés dans les véhicules autonomes prévus sur la période 2020-2025 ne devrait pas se concrétiser", écrit-il dans son étude.

 

Les dernières annonces lui donnent en partie raison, si l’on en juge par le poids des acteurs concernés. Car, lorsque BMW et Daimler officialisent la mise en sommeil de leur partenariat lancé en 2019 dans la conduite autonome, on se dit qu’effectivement l’heure est grave. Avant eux, d’autres géants avaient mis le pied sur la pédale de frein. En mai, GM a supprimé 160 postes au sein de sa division consacrée à la voiture autonome Cruise, qui compte 2 000 collaborateurs. Quant à Ford, il a repoussé à des jours meilleurs le lancement de ses taxis autonomes, initialement prévus en 2022.

 

Aujourd’hui, outre les déclarations (façon méthode Coué) du président Macron sur la nécessité de préserver en France les technologies autour de la voiture autonome, ou l’engagement plus volontariste de VW (collaboration avec Ford, investissement de 2,6 milliards de dollars dans Argo AI), nombre de constructeurs reportent à plus tard l’avènement de la conduite sans chauffeur, pour privilégier des sujets plus brûlants.

 

Et si, finalement, l’avènement de la voiture autonome ne venait pas de là où on l’attendait naturellement. Compte tenu des sommes en jeu et du poids de la technologie qu’elle embarque, la voiture autonome ne sera-t-elle pas le prochain terrain de jeu par excellence des géants des nouvelles technologies qui n’ont de cesse de repousser les frontières de leurs activités ? La filiale de Google, Waymo, a ainsi été classée en tête des compagnies qui maîtrisent le mieux la technologie, dans le cadre d’un classement opéré par l’institut Guidehouse Insights, devant les traditionnels Ford, GM, BMW, Daimler, Toyota ou VW.

 

D’autres GAFAM sont en embuscade comme Amazon, à qui la presse américaine prête un intérêt pour la start-up dédiée au matériel pour robots- taxis Zook, ou encore Apple, dont 5 000 collaborateurs à Cupertino sont dédiés à ces technologies autonomes. Le géant à la pomme affirme ne pas vouloir  mettre à la route lui-même un véhicule, mais plutôt de vendre son environnement technologique à des clients constructeurs qui exploiteront des modèles. Peu importe finalement que la carrosserie ne soit pas « brandée » Apple, du moment que le nerf de la guerre (la plateforme technologique) lui appartienne.

 

C’est aussi le calcul fait par le spécialiste de l’électroménager 2.0, Dyson. Certes il a abandonné son projet N526 et les 560 millions d’euros dépensés dans l’aventure. Mais il estime que son expérience profitera à d’autres…. Quant à Sony, et son concept Sony Vision-S, dévoilé au dernier CES de Las Vegas, il confirme si besoin l’appétit des géants de la tech pour l’industrie automobile, mais à leurs conditions. Plus besoin d’investir dans de la mécanique thermique coûteuse. Les voitures de demain feront sans doute moins rêver les amateurs de belles carrosseries et de ronronnement de moteurs. Mais elles plairont à coup sûr à la génération « geek ».

 

L’Arval Mobility Observatory 

 

(1). Alix Partners. “Global Automotive Outlook : Mastering Uncertainty”. 2020.

 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :
cross-circle