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MaaS des villes, oui, mais surtout MaaS des champs

Publié le 11 février 2021

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Tous les Français ne sont pas égaux face aux problématiques de mobilité. Les habitants des villes sont privilégiés avec l’accès à de nombreux modes de déplacements, contrairement à ceux implantés dans les territoires.

 

Diversifier les modes de déplacement, réduire la place de la voiture, pousser les solutions dites à "mobilités douces" comme la marche ou le vélo, s’avère relativement simple dans les villes et les grandes agglomérations. C’est nettement plus compliqué et efficace dès lors que l’on raisonne à l’échelle des territoires, surtout ceux à densité de populations faible. Dans ces zones, "couper le cordon" avec la voiture est quasiment mission impossible, tant l’offre de transports de substitution est maigre voire inexistante.

 

Oui mais ça, c’était avant ! Avant quoi, direz-vous ? Avant le MaaS (pour "mobility as a service"), ces plates-formes qui doivent faire gagner du temps aux citoyens en agrégeant pour eux toutes les solutions de déplacements disponibles et en leur y donnant accès via une application. Actuellement, ce concept fait cogiter tous les opérateurs de la mobilité, mais également ceux des transports en commun, à la recherche d’un nouveau souffle avec la crise sanitaire et l’essor du télétravail, ou encore ceux du monde de l’automobile.

 

Sur le papier, l’idée est en effet intelligente : plutôt que d’opposer les modes de déplacements entre eux, associons-les (l’union fait la force, vous savez-bien) en fonction des besoins et des usages de chacun. On voit d’ici les responsables de la SNCF ou de la RATP se frotter les mains. Plus besoin de concevoir des campagnes publicitaires coûteuses et pas toujours efficaces (surtout si une grève vient tout perturber), type "à nous de vous faire préférer le train"! C’est le MaaS qui s’en charge…

 

Plus sérieusement, ce nouveau concept est peut-être la martingale tant recherchée par les responsables de petites villes ou de territoires isolés. Rien de tel qu’une application et un abonnement pour renseigner leurs concitoyens sur les moyens de déplacements à leur disposition et réduire ainsi leur sentiment d’isolement ou d’exclusion. En janvier 2020, un chercheur du Cerema n’hésitait pas à titrer "Le MaaS trait d’union des territoires." (1) "Les MaaS régionaux rendront plus visible un ensemble de services de mobilité, avec une information multimodale et intermodale, avec un support de validation commun et un système de tarification combinée", expliquait en substance Laurent Chevereau, directeur d’études Mobilité servicielle - MaaS du Cerema.

 

Depuis cette date, le MaaS a fait son bonhomme de chemin. Il a même désormais l’oreille des sénateurs, pour qui les mobilités partagées restent sans doute encore une idée un peu lointaine et abstraite. Le sénateur socialiste de Meurthe et Moselle, Olivier Jacquin, vient en tout cas de publier un rapport (2) visant à "réduire les fractures territoriales actuelles". Il fixe même un cap : 2040 (Décidément il va s’en passer des choses d’ici 2040).

 

Soucieux de ne pas –une nouvelle fois– opposer la voiture au reste du monde des solutions de déplacements, il entend surtout lutter contre les "mobilités à deux vitesses" : celles des territoires urbains bien pourvus et celles des espaces peu ou mal équipés, dont le choix se réduit à "la voiture ou rien".

 

Alors, avis aux start-ups et autres acteurs de la mobilité : développer des MaaS dans les territoires peu denses, c’est peut-être l’avenir. En tout cas, leur zone de chalandise est tout sauf négligeable à en croire Olivier Jacquin. "Les communes peu denses (où 50 % de la population vit dans des mailles comptant plus de 25 habitants par km2) et très peu denses, constituent l’immense majorité des communes françaises (plus de 30 000), couvrent 90 % du territoire national et accueillent un tiers des habitants de notre pays". Et ça encore, c’était avant ! Avant le confinement et l’envie de certains citadins d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs que dans leurs petits appartements exigus, mais "bien placés"… dans les grandes villes.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1) https://www.cerema.fr/fr/actualites/maas-trait-union-territoires. Le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité, l’aménagement) est placé sous la double tutelle du ministère de la Transition écologique et du ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.

 

(2) « Mobilités dans les espaces peu denses en 2040 : un défi à relever dès aujourd’hui ». http://www.senat.fr/notice-rapport/2020/r20-313-notice.html

 

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