La planète, c’est aussi l’affaire des entreprises
Est-ce un hasard du calendrier ? La Commission européenne vient de publier cette semaine son texte législatif sur les critères définissant les investissements favorables ou non au climat (la fameuse taxonomie). Un décret d’application européen très attendu, mais qui suscite beaucoup de craintes dans le monde des affaires, puisqu’il va imposer aux grandes entreprises de déclarer quelle est la part de leurs activités, compatible avec une économie verte et décarbonée.
En France, le projet de loi Climat & Résilience poursuit son parcours au Parlement avec, on le sait, différentes mesures contraignantes pour les entreprises. Et c’est justement le moment qu’a choisi l’Afep (Association française des entreprises privées) pour ouvrir une plate-forme numérique mettant en lumière et en valeur les actions de ses membres en faveur du climat.
Depuis plusieurs années, les entreprises ont pris l’habitude d’être classées dans des "palmarès", plus ou moins flatteurs pour leur image d’ailleurs, au gré des thèmes que l’exécutif souhaite pousser : index de l’égalité hommes-femmes par-ci, classement des entreprises mauvaises payeuses par-là, sans oublier les "Top employeurs" et autres classement des sociétés où il fait bon vivre et travailler.
Avec "Ambition4Climate", c’est le nom de la plateforme de l’Afep, une trentaine de fleurons de l’industrie française décline ses actions en faveur de la neutralité carbone. Une véritable "opération-vérité" en quelque sorte, avec pour chaque réalisation, une description de son contenu, le montant de l'investissement réalisé et surtout, la mesure de son impact sur les émissions de gaz à effet de serre.
A la lecture des 70 réalisations présentées, un constat s’impose : mobilités et énergies propres occupent une place de choix dans les actions en faveur du climat. On part ainsi à vélo chez L’Oréal pour effectuer les livraisons de ses produits. A horizon 2025, avec l’initiative "Green Last Mile", ce sont 50 villes à travers le monde (parce qu’elles le valent bien) qui bénéficieront de ce programme incluant également certains véhicules électriques.
Chez Perrier (groupe Nestlé), on nous fait aimer le train en réhabilitant une ligne ferroviaire entre son usine de Vergèze et le port de Fos-sur-Mer dans les Bouches du Rhône, d’où partent ses produits à l’export. En passant de camions roulant au diesel à un train à 80 % électrique, la marque achemine 70 % de son export maritime par voie ferroviaire, soit près de 13 500 conteneurs par an, affirme réduire son empreinte carbone de 2 200 tonnes de CO2/an.
Cap également sur les flottes de poids lourds roulant à l’hydrogène grâce à Faurecia et à son système de réservoirs de stockage ad hoc. Sur une période de quatre ans, l’équipementier français équipera 1 600 poids lourds Hyundai de cette technologie produite en France, qui rouleront ensuite en Suisse pour le compte d’entreprises de logistique ou de la grande distribution.
Quant à Thales, il joue à l’énergéticien. Le groupe d’électronique a en effet transformé le parking du site Thales Alenia Space à Toulouse en producteur d’électricité grâce aux 8 100 m2 d’ombrières photovoltaïques installées sur son toit. A la clé, la possibilité d’assurer 6 % de la consommation annuelle du site soit 1 798 MWh/an.
La peur du gendarme (en l’occurrence de la taxonomie bruxelloise) suscite bien des innovations en faveur du climat. Elle a sans doute de beaux jours devant elle, la taxonomie actuelle devant être complétée par d’autres objectifs, comme la protection de l’eau, la lutte contre la pollution, la biodiversité ou le développement de l’économie circulaire. De nouvelles initiatives en perspective donc pour la jeune plate-forme de l’Afep. C’est quand il n’y aura plus besoin du gendarme que la partie sera gagnée…
L’Arval Mobility Observatory