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"Je fais ici, ce rêve étrange et pénétrant…"

Publié le 2 avril 2020

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - Les jours se suivent et les prévisions de l’état du marché automobile mondial au sortir de la crise du Covid-19 se veulent plus alarmistes les unes que les autres, avec des répercussions jamais vues sur l’emploi dans la filière.

 

Qui croire entre ceux qui prédisent un repli du marché de -15, -25% voire plus de la production automobile cette année ? Mais au fond, cette course à la statistique anxiogène est-elle bien utile ? Nous ne savons même pas aujourd’hui à quelle date aura vraiment lieu le fameux « déconfinement », à quel moment les usines pourront réellement redémarrer les productions, et surtout, quand les clients pourront, en toute sécurité sanitaire, de nouveau franchir le seuil des concessions automobiles. Confinés dans nos habitations, littéralement assommés par la litanie du nombre de décès du Covid-19, du nombre de patients en réanimation, du nombre de malades guéris, du nombre de masques fabriqués, commandés, importés, livrés… cette échéance nous paraît encore bien lointaine et, il faut le reconnaître, quelque peu irréelle.

 

Pourtant, à l’instar de Martin Luther King, pourquoi ne pas se mettre à « rêver » et à échafauder un avenir le plus « rose » possible pour l’industrie automobile après cette pandémie ? Certes, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a reconnu qu’Européens et Français, auront sans doute d’autres priorités que de se précipiter pour acheter une voiture neuve, une fois « libérés et délivrés ». C’est la raison pour laquelle les industriels réclament d’ores et déjà un plan de relance pour la filière, le retour des bonus pour les achats de véhicules électriques pour les entreprises, et la restauration des aides à l’achat de modèles hybrides rechargeables, pour tous.

 

Pourtant, si l’on regarde vers la Chine, qui sort lentement mais sûrement (espérons-le) du confinement, certaines études montrent que l’achat automobile pourrait connaître un sursaut, justement à cause du Covid-19. L’institut Ipsos avance, par exemple, que les Chinois se méfient davantage des transports en commun, foyer s’il en est de contamination, et qu’ils pourraient ainsi se retourner vers la voiture pour leurs déplacements. Toujours selon Ipsos, 66 % des Chinois non-propriétaires de voitures neuves envisageraient ainsi un achat automobile dans les six mois. Certes la Chine a un taux d’équipement automobile bien inférieur à la moyenne occidentale (141 pour 1000 habitants), mais si une telle hypothèse s’applique aux autres pays confinés, cela fait quand même un joli marché potentiel.

 

L’avenir de la voiture individuelle n’est peut-être pas aussi sombre, car les autres acteurs de la mobilité et des déplacements souffrent, eux aussi, beaucoup du Covid-19. En raison du confinement et donc, de l’interdiction de se déplacer, les opérateurs de micro-mobilités et des mobilités partagées ont vu leur activité plonger Un peu partout dans le monde, ils ont dû réduire drastiquement leurs offres, fermer des activités, quand ils n’ont pas mis la clé sous la porte. Quant aux capitaux-risqueurs, jadis friands de ces start-ups innovantes, qui se voyaient en licornes de demain, ils ont eu vite fait de se retirer de ces acteurs devenus, justement, trop risqués… Résultat, un effondrement de plus de 60 % de leurs investissements en quelques semaines et de belles sagas comme celles de Lime, Bird, et même Uber ou Lyft, qui posent question.

 

La réalité sera sans doute un mix de scénario noir, gris, blanc et pourquoi pas, un peu rose. La question sera la capacité de résistance, voire de résilience des industries concernées, en attendant un retour à la normale qui risque de prendre du temps. Comme lors de la « bulle internet » du début des années 2000, chacun redéfinira ses priorités. En matière de déplacements, les entreprises se montreront sans doute plus pointilleuses, encouragées par la réussite du télétravail pendant le confinement. Les investisseurs y regarderont à deux fois avant d’investir « à tout va » dans des projets qui ne tiendront peut-être pas la route en cas de gros temps. Les consommateurs choisiront mieux leurs dépenses prioritaires.

 

Pour que la machine économique reparte, on aura toutefois besoin de tous les outils de déplacements (individuels, collectifs, partagés, mutualisés), mais en arbitrant vraiment entre l’essentiel et l’accessoire, entre l’habitude et l’usage, entre la nécessité et l’impact climatique, entre l’impulsif et le bon sens… « I have a dream »…

 

L’Arval Mobility Observatory

 

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