Et à la fin, c’est la voiture qui gagne
Au nom du changement climatique, elles ont animé nombre de conférences et symposium réunissant les meilleurs experts sur ce que seront, par exemple, « les mobilités de demain ». Elles ont aussi occupé des heures durant nos élus, les parlementaires, qui ont voté en novembre une Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), censée permettre de désintoxiquer les Français de la voiture, au profit de « mobilités douces », réputées meilleures pour l’environnement.
Dans le Larousse, la mobilité est la « propriété ou le caractère de ce qui est susceptible de mouvement, de ce qui peut se mouvoir ou être mû, changer de place, de fonction ». La mobilité peut être professionnelle (changement de métier), géographique (déménagement). Elle peut aussi traduire un état instable (mobilité des sentiments).
Dans le cas qui nous occupe, les mobilités cherchent pour nos sociétés une parade efficace au « tout automobile », qui a longtemps régi les déplacements des citoyens. Elles ouvrent la voie à de multiples jeunes entreprises, inconnues il y a encore quelques années (dans le covoiturage, Flixbus a à peine deux jours, Klaxit et Karos, n’atteignent pas encore l’âge de raison, tandis que les trottinettes Bird ou Lime soufflent tout juste leurs deux bougies) et créent un secteur économique à part entière. Dans cet écosystème en constant foisonnement, Blablacar du haut de ses 13 ans, fait déjà figure de senior !
Grâce aux nouvelles mobilités, l’arsenal juridique s’étoffe pour donner un cadre à tous ces déplacements en vogue. Qui aurait cru, en début d’année 2019, que les trottinettes électriques feraient leur entrée dans le Code de la Route et seraient donc sous le coup d’amendes en cas d’infraction ? Car, c’est le revers de la médaille, ces nouvelles mobilités ne sont pas neutres sur le plan de la santé publique, avec plusieurs morts à leur actif sur la voie publique par imprudence, vitesse excessive, sentiment de liberté.
Toujours au nom des « mobilités vertueuses », la puissance publique mobilise des fonds pour accélérer le mouvement. Du jamais vu. La LOM contient ainsi un plan vélo doté d’un budget de 350 millions d’euros sur sept ans pour créer des pistes cyclables, financer des forfaits mobilités durables dans les entreprises ou accélérer l’apprentissage du deux roues à l’école.
Enfin, en cas de mobilité empêchée, comme c’est le cas depuis quinze jours, des formules innovantes de travail prennent leur essor dans le milieu professionnel. On ne travaille plus au bureau, on « télétravaille » depuis son domicile ou bien, on utilise des espaces de co-working proches de chez soi. Certains de ces nouveaux usages survivront sans aucun doute à la grève actuelle des transports, en ayant fait la preuve de leur efficacité et en étant plébiscités par les salariés éligibles.
Mais comme l’histoire est un éternel recommencement, la nécessité d’être mobile, même en temps de grève, remet en selle l’ennemi juré des adeptes des « nouvelles mobilités », à savoir la bonne vieille voiture. Des records de bouchons ne cessent d’être battus depuis quinze jours. Si les trains restent à quai pour les départs en vacances à la fin de la semaine, nul doute que le recours à la voiture familiale, peu importe qu’il s’agisse d’un diesel, d’une essence, d’une hybride ou d’un SUV, sera massif. Et tant pis pour les émissions de gaz à effet de serre ou l’explosion des particules fines. Le sauvetage de la planète et de notre santé attendra bien, encore un peu, la fin de la trêve des confiseurs. Et à ce propos, nous vous souhaitons quand même de Bonnes fêtes.
L’Arval Mobility Observatory
