En matière de CO2 la meilleure note, c’est zéro !
Dix ans après l’explosion de la plateforme offshore Deepwater Horizon qui avait déclenché la plus grave marée noire de l'histoire américaine, la troisième major pétrolière fait son mea culpa. Par la voix de son tout nouveau PDG, âgé de 49 ans, elle s’engage à atteindre la neutralité carbone en 2050. BP doit changer de modèle, se réinventer, a expliqué Bernard Looney devant des investisseurs, qui appelaient de longue date cette révolution culturelle des géants de l’or noir. Des géants qui, jusqu’alors, soit faisaient la sourde oreille, soit médiatisaient des actions de compensation carbone en espérant calmer les marchés.
« Les arbres, le nouvel argument responsable des pétroliers », titrait en juillet dernier l’expert de la finance durable et de l’économie responsable, Novethic, rappelant les initiatives de Total (92 millions d’euros par an investis dans une nouvelle « business unit » dédiée à la reforestation) ou de Shell (277 millions d’euros sur trois ans dépensés pour planter des arbres aux Pays-Bas, en Espagne ou en Australie). Et la filiale de la Caisse des Dépôts de s’interroger : « planter des arbres suffira-t-il ? ». A l’évidence non, si l’on en juge par les annonces récentes de BP.
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, le groupe britannique devra en effet éliminer ou compenser pas moins de 415 millions de tonnes de CO2, dont 55 millions émises par ses activités d’extraction pétrolières et gazières et 365 millions de tonnes émises via l’utilisation finale de ses produits. C’est-à-dire les carburants et les gaz brûlés dans les transports et les chauffages. Inutile de dire que Bernard Looney a placé la barre très haut. A part BP, un seul pétrolier (et encore plus petit que lui), l’espagnol Repsol, affiche des ambitions similaires. Plus frileux, leurs concurrents, Shell ou Total, ambitionnent de réduire de moitié leur empreinte carbone sur la période ou déclarent leur flamme aux énergies renouvelables…. Quant aux géant américains, pour l’instant, ils laissent le temps au temps !
L’heure est pourtant grave pour les majors pétrolières. Sous la pression de l’urgence climatique, elles sont contraintes de passer leurs comptes à la paille de fer et de dévaloriser la valeur de leurs actifs pétroliers et gaziers : autour de 2 milliards d’euros chez BP, 3,5 milliards chez Repsol, plus de 9 milliards chez Chevron. Combien de temps pourront-elles supporter ces « actifs échoués », comme on les appelle dans le jargon de la finance, sans prendre le taureau par les cornes ? Et dans combien de temps, ces compagnies n’auront plus de « pétrolières » que le nom ?
L’Arval Mobility Observatory