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Electricité, très chère

Publié le 15 octobre 2020

Par Arval Mobility Observatory
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – Voilà un nouveau casse-tête, façon Rubik’s Cube, dont se serait bien passé l’exécutif. Le développement massif annoncé des véhicules électriques et électrifiés, associé à une montée en charge des énergies alternatives, va inévitablement s’accompagner d’une forte tension du réseau actuel.

 

Résultat, il y aura urgence dans les prochaines années à adapter, renforcer et rénover l’ensemble du système électrique français, qui commence à accuser le poids des années, puisqu’il est âgé en moyenne de 50 ans, comme le rappelle Le Figaro (1).

 

Et c’est là que la belle histoire de la transition énergétique qui doit, sur le papier, améliorer la qualité de l’air et de nos poumons, dépolluer la planète et nos industries, ralentir le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles, pourrait bien « coincer » auprès de l’opinion publique. Car elle risque (ne devrait-on pas plutôt dire, va) s’accompagner d’une augmentation de notre facture d’électricité.

 

La question du prix de l’électricité était jusqu’alors étrangement absente des débats et des discours des politiques. Elle s’y invite désormais clairement, avec la feuille de route que vient de dévoiler la Commission de régulation de l’énergie (la CRE) pour les années 2021-2024. Et là, patatras, pas de miracle : RTE, en charge du réseau national, et Enedis, qui gère les réseaux de proximité, réclament une hausse annuelle des tarifs de 1,4 %.

 

Si la CRE accède à leur demande, sur la facture de Monsieur et Madame Tout Le Monde, cela se traduira par une augmentation annuelle de 50 euros de l’une de ces fameuses petites lignes pour initiés, répondant au joli acronyme de TURPE (pour tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité). Pas facile à vendre aux citoyens en pleine crise économique et sociale de la Covid-19.

 

Pour se justifier, les opérateurs expliquent qu’ils vont entrer dans « une période exceptionnelle », au cours de laquelle les réseaux seront fortement sollicités, et les investissements extrêmement lourds (autour de 35 milliards pour RTE et 69 milliards pour Enedis sur les quinze prochaines années).

 

Le prix de l’électricité pourrait-il devenir le caillou dans la chaussure de la transition énergétique ? Peut-être pour les particuliers, priés ou désireux de changer à vitesse grand V leurs modes de déplacements, d’abandonner leurs véhicules thermiques au profit de véhicules propres, et en même temps, de passer à la caisse. D’autant plus que les arbitrages budgétaires pour 2021 et 2022 annoncent un joli coup de rabot sur les aides à l’achat.

 

Peut-être aussi pour les opérateurs de l’énergie. Car avec la baisse assumée du poids du nucléaire dans le bilan énergétique de la France, la question de la montée en puissance des énergies de substitution et de leur intégration au réseau (avec les contraintes de chacune) se pose. C’est, en termes choisis, ce qu’explique le nouveau patron de RTE aux Echos, lorsqu’il évoque « l’amélioration de la pilotabilité du système » (2). La France a besoin d’électricité produite à partir des éoliennes ou des usines photovoltaïques, qui sont rappelons-le des énergies intermittentes, mais pas trop et surtout, pas toutes en même temps. Il faut donc pouvoir doser (on dit écrêter chez les électriciens), les heures de production d’énergies renouvelables afin de ne pas surcharger le réseau.

 

Prenons garde à ce que la belle mécanique de la transition énergétique ne se grippe pas d’un excès de tarifs de l’électricité.

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). Pourquoi la facture d’électricité va augmenter. Le Figaro. 14 octobre 2020

(2). RTE se voit en chef d’orchestre de la transition énergétique. Les Echos. 9 octobre 2020.

 

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