Des entreprises et des hommes
2011 ne devrait ressembler en rien à 2010. En effet, les prochains mois devraient connaître à la fois l’éclosion d’un nouveau marché et un retour en fanfare du segment entreprise. En tout cas, c’est ce qu’ont tenu à faire savoir certains intervenants de la matinée-débat - “Marché du véhicule d’entreprise : bilan 2010 et perspectives 2011” - organisée par l’OVE au Palais Brongniart. “Nous allons assister au décollage du marché VE”, a ainsi tenu à faire savoir Philippe Brendel, le directeur de l’OVE. Les premiers véhicules électriques vont - enfin - être commercialisés et des infrastructures sont en cours de développement. La mise en place et le déploiement de ces infrastructures doivent, en outre, être facilités grâce à des préconisations appelées à intégrer un livre vert (il devrait être publié dans les toutes prochaines semaines). “Nous croyons dans ce type de véhicules même si leur coût total de possession reste relativement élevé”, a poursuivi Philippe Brendel. Ils devraient, quoi qu’il en soit, participer aux immatriculations de l’exercice en cours, immatriculations qui devraient à nouveau être très soutenues dans les pays émergents et dévissées dans des proportions moins catastrophiques que prévu dans les pays développés. “Les ventes devraient atteindre les 20 millions d’unités cette année en Chine”, a ainsi pronostiqué Eric Champarnaud, le directeur associé de la société d’études économiques et de conseil en stratégie Bipe. Et ces volumes pourraient à terme être intégralement produits sur place : l’Empire du Milieu souhaite se doter d’une capacité de production annuelle de 20 millions d’unités à l’horizon 2020, selon le responsable du Bipe. “Nous ne devrions pas dépasser les records des immatriculations des années 2000 en Europe et aux Etats-Unis en 2011”, a poursuivi Eric Champarnaud. Ses prévisions sont pourtant loin d’être totalement catastrophistes. En effet, ce responsable table cette année sur 1,975 million d’immatriculations VP en France, soit “seulement” 238 000 unités de moins par rapport à 2010 (2,213 millions). “Si la baisse des immatriculations ne sera pas si importante que cela, ce sera en partie grâce au marché des professionnels”, a expliqué le directeur associé du Bipe. Pour preuve : il estime qu’il devrait y avoir cette année 2,4 millions d’immatriculations VP + VUL en France (2,628 millions en 2010). “Le marché pourrait fortement repartir en 2013 ou 2014”, a ajouté Eric Champarnaud, qui estime par ailleurs que le VE devrait participer à hauteur de 3 à 5 % aux ventes totales de VP en 2015. Mais d’ici là, d’autres évolutions on ne peut plus importantes pourraient aussi se produire, et ce, même si la part du poste transport dans le budget des ménages est restée la même ces dernières années tant en Europe qu’en France (environ 15 %).
“Cela va changer la donne dans la distribution automobile”
Si la plupart des automobilistes déclarent qu’ils prennent encore du plaisir à conduire, le choix des véhicules se fait aussi de moins en moins sur l’image qu’ils projettent… et le prix reste, quoi qu’on en dise, le premier critère de sélection des acheteurs. “Tout ce qui permettra de réduire le coût d’accès à l’automobilité intéressera donc le consommateur”, s’est donc logiquement projeté Eric Champarnaud. Les constructeurs ne devront pas pour autant se contenter de proposer des tarifs toujours plus attractifs : s’ils ne souhaitent pas voir certains marchés leur échapper, ils se devront aussi d’adopter une véritable politique servicielle. Les services de mobilité sont, en effet, appelés à se développer dans les prochaines années (ces services seront en partie provoqués par l’exiguïté de l’engorgement des mégalopoles). “Cela va changer la donne dans la distribution automobile”, a d’ailleurs prévenu Servane Tellouck-Canel, responsable de marché chez IBM. A ses yeux, les constructeurs, les distributeurs et les captives vont devoir travailler main dans la main en matière de mobilité, faute de quoi, toutes ces entités risquent d’assister à la percée d’autres types d’acteurs (des loueurs et des fournisseurs d’énergie, notamment). Bref, les principaux acteurs du marché automobile vont devoir se métamorphoser en véritables assembleurs de services de mobilité, à l’instar des loueurs longue durée. “Notre activité devrait être soutenue cette année”, a déclaré à ce titre François Piot, le président du Syndicat National des Loueurs de Voitures en Location Longue Durée (SNLVLD). Le parc total loué a progressé l’an dernier de 2,2 % en France avec 1 139 165 véhicules financés à la fin décembre 2010. “Nombre de contrats prolongés vont arriver à terme”, a expliqué François Piot. Ce dernier n’a pas exclu toutefois d’assister à de nouvelles secousses en matière de refinancement sur 2011. Il a aussi considéré que, cette année, le niveau d’activité des loueurs dépendra de nouveau du marché VO. Il a commencé à retrouver des couleurs au semestre 2010.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.