Des défis restent à relever

...et du TCO.

Constructeurs, équipementiers ou pouvoirs publics, tous ces acteurs vont devoir mettre la main à la pâte s'ils souhaitent assister à un décollage du marché des véhicules électriques. C'est en tout cas ce qui ressort de la table ronde organisée dernièrement à Paris par l'OVE Mobility Tour. "Les entreprises s'intéressent aux véhicules électriques mais des interrogations demeurent", a ainsi fait savoir Philippe Brendel, le directeur de l'Observatoire du Véhicule d'Entreprise.

Les véhicules électriques suscitent non seulement des interrogations en matière de législation et de standards mais également des doutes quant à leur TCO, qui est aujourd'hui globalement plus élevé que celui d'un véhicule thermique à hauteur de 30 %. Résultats : tous les acteurs de la chaîne vont devoir faire de la pédagogie afin d'expliquer que cet écart repose, aujourd'hui, pour l'essentiel sur le coût des batteries... et que le prix de ces dernières ne pourra que baisser avec une montée en régime de leur production. "La batterie lithium-ion est chère car il faut encore atteindre l'effet volume", a d'ailleurs expliqué Béatrice Lacout, la responsable du marché véhicules spéciaux et de traction du fournisseur de batteries Saft. Elle pourra alors afficher un tarif de 4 000 à 6 000 euros à raison de 200 ou 300 euros le kWh, les véhicules électriques embarquant aujourd'hui de l'ordre de 20 kWh.

"Mais elle affiche déjà un cycle de vie important", relève Béatrice Lacout. Pour preuve : une batterie lithium-ion de cette entreprise peut être utilisée sur 300 000 à 350 000 kilomètres. Les fournisseurs de batteries sont donc plutôt confiants, et ce, d'autant plus qu'un responsable d'EDF a aussi fait savoir que le groupe énergétique pourrait alimenter, sans problème, les 2 millions de véhicules électriques et hybrides attendus en 2020 en France par l'Etat. "Les recharges se feront dans des espaces privatifs à hauteur de 95 %", a, par ailleurs, ajouté Igor Czerny, le directeur des transports et véhicules électriques d'EDF. Les pouvoirs publics n'en devront pas moins faire quelques efforts, selon le directeur : ils devront prendre en charge l'installation des quelque 400 000 prises nécessaires sur la voie publique à l'horizon 2020. D'ici là, nombre de véhicules électriques devraient bien évidemment avoir été commercialisés sur le marché.

PSA Peugeot Citroën doit notamment lancer la C-Zero (Citroën) et la iOn (Peugeot) d'ici à la fin 2010, l'exercice 2011 devant être marqué, lui, par la commercialisation du concept BB1 ainsi que par des VU Berlingo (Citroën) et Partner (Peugeot) électriques élaborés en partenariat avec Venturi Automobiles.

Renault lancera pour sa part quatre véhicules électriques à partir de 2011 : le Kangoo Z.E., la Fluence Z.E., la Twizy Z.E. et la Zoé Z.E. "Nous estimons que la part de marché des véhicules électriques sera d'environ 10 % en 2020", a déclaré Thierry Koskas, le directeur du programme véhicules électriques de Renault.

Cela représente quelque 6 millions d'unités vendues en 2020. Les pouvoirs publics n'en semblent pas moins devoir continuer à soutenir, pendant un certain temps, l'acquisition de ce type de véhicules, en tout cas en France, où la société est passée de l'égo-mobilité à l'éco-mobilité d'après Gérard Mermet, le sociologue et directeur du cabinet d'études et de conseil Francoscopie. L'aide gouvernementale de 5 000 euros, pour l'acquisition d'un véhicule électrique émettant moins de 60 grammes de CO2/km, court jusqu'en 2012.

Tous les acteurs disposent donc encore d'un peu de temps pour travailler sur la réduction du coût total de possession des véhicules électriques, même si Peugeot a annoncé que la iOn serait accessible moyennant un loyer inférieur à 500 euros par mois et que Renault a fait savoir que les batteries de ses véhicules électriques seraient louées. "Les entreprises ne doivent pas oublier, pour leur part, que le TCO des VU électriques est déjà très proche de celui de leurs pendants thermiques", a également tenu à faire savoir, Jean-Loup Savigny, le directeur commercial d'Arval. Selon lui, le différentiel n'est aujourd'hui que de 15 %. "Le coût d'entretien de ce type de véhicules est, en outre, inférieur de 30 %", a aussi noté le directeur commercial d'Arval.