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Changer les couleurs de… l’hydrogène

Publié le 22 octobre 2020

Par Arval Mobility Observatory
3 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory - La filière française de l'hydrogène accélère le mouvement pour proposer un carburant produit à partir d'énergies renouvelables ou propres.

 

Depuis l’annonce du plan gouvernemental en faveur de l’hydrogène, c’est l’heure des grandes manœuvres. Tous les acteurs de la filière sont véritablement en ébullition pour poser les bases d’une industrie tricolore de l’électrolyse, cette technique qui permettra à terme de produire de l’hydrogène dit "vert" à partir d’une énergie renouvelable ou à partir d’une énergie propre. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, puisque rappelons-le, 95 % des 900 000 tonnes annuelles d'hydrogène consommées par l'industrie sont issues des énergies fossiles.

 

Les annonces se succèdent : levée de fonds de 180 millions d’euros il y a quelques jours pour le spécialiste de la production et du stockage d’hydrogène décarboné McPhy ; acquisition de la PME Areva H2Gen, spécialiste de la conception et l’assemblage d’électrolyseurs par GTT ; pose de la première pierre d’une unité d’hydrogène « vert » de la start-up nantaise Lhyfe à Bouin en Vendée, moyennant un investissement de 6 millions d’euros ; reconversion de la centrale thermique au charbon Emile Huchet à Saint-Avold en Moselle en unité de production d’hydrogène "vert" sous la houlette de Storengy (groupe Engie), pour un investissement d’une trentaine de millions d’euros. La liste est longue.

 

A en croire certains, qui vont peut-être un peu vite en besogne, l’hydrogène ne serait ni plus ni moins que le pétrole du XXIè siècle. Et cette fois, bonne nouvelle, la France n’en serait pas dépourvue. Du rêve à la réalité il y a pourtant un pas.

 

Car l’hydrogène n’est pas une source d’énergie en tant que telle. En outre, tous les hydrogènes (en fonction de leur mode de production) ne se valent pas. L’hydrogène dit "gris" produit à partir de la technique du thermo-reformage, émet en amont de son utilisation, des émissions de CO2 à l’échelle mondiale équivalentes à celles du Royaume-Uni et de l’Indonésie réunies, indiquait en 2019 un rapport de l’Agence Internationale pour les énergies renouvelables (Irena) (1). Quant à l’hydrogène dit "bleu", produit par des combustibles fossiles en y associant un dispositif de capture et de stockage du CO2, il se heurte encore à des freins technologiques et d’approvisionnement.

 

Enfin, l’hydrogène pourra difficilement jouer le rôle des carburants fossiles dans tous les segments des transports. En matière d’automobile, par exemple et pour des raisons de coût, l’hydrogène est davantage appelé, au moins dans un premier temps, à se développer dans les bus, les flottes de camions, plutôt que dans les voitures particulières. D’ailleurs, toujours selon le même rapport de l’Irena, "l’automobile n’est plus le secteur-clé des débouchés à venir de l’hydrogène vert au profit de secteurs particulièrement difficiles à décarboner, comme les industries à forte intensité énergétique ou le transport longue distance (camions, bateaux, avions)".

 

Il n’y a pas plus de place pour "l’énergie unique" qu’il n’y en avait pour "la pensée unique". Après le tout diesel, le tout essence, le tout électrique, il n’y aura pas non plus le tout hydrogène, comme remède universel à tous les problèmes énergétiques de la France. N’est-ce pas cela "le mix énergétique" ?

 

L’Arval Mobility Observatory

 

(1). « Hydrogène : un allié à venir pour la production d’électricité renouvelable ». Les Smart Grids Actualités. 19 octobre 2019

 

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