Bart Beckers, président-directeur général de LeasePlan
Journal de l'Automobile. Quel a été votre parcours au sein de LeasePlan ?
BART BECKERS. Il convient d'abord de noter que je travaille dans l'univers de l'automobile depuis maintenant vingt ans. En effet, j'ai été directeur commercial de Hertz Belgique et Luxembourg avant de rejoindre le groupe LeasePlan courant 1996. J'ai rejoint ce loueur multimarques comme directeur général avec pour mission d'intégrer toutes ses sociétés, en plus de rechercher des synergies et d'accroître sa part de marché en Belgique. En France, il s'agissait surtout de travailler sur la rentabilité, même si nombre de défis étaient similaires à ceux que nous avons pu rencontrer en Belgique. Ceci étant dit, nous avons essentiellement cherché à accélérer les performances d'un exercice qui était déjà bien entamé, toute notre stratégie d'intégration ayant reposé sur un programme global d'harmonisation baptisé "Uniforce".
JA. Quand avez-vous été rejoint par Dirk Pissens et quelles décisions ont été prises à l'époque ?
BB. Dirk Pissens a été nommé directeur commercial et marketing de LeasePlan France début 2006, la principale décision de l'époque ayant consisté à réunir en une seule et même fonction toutes les responsabilités commerciales du comité de direction de LeasePlan France. Auparavant, il y avait un responsable pour la vente directe, un autre pour la vente indirecte et un troisième pour le marketing. L'idée de base était à la fois de beaucoup mieux segmenter notre clientèle, de faire en sorte que notre offre de produits et de services soit en adéquation avec chacun de nos segments de clientèle et type de distribution et enfin, de développer de nouvelles prestations, comme par exemple la couverture et gestion de sinistres intégrés. Il y avait donc plusieurs défis à relever.
JA. Le plus grand d'entre eux n'a-t-il pas été le rachat de la société DCS Fleet courant 2008 ?
BB. Une nouvelle aventure s'est en tout cas présentée à nous lorsque cette société a été "mise en vente". Nous en avons bien sûr longuement discuté en comité de direction avant de défendre notre dossier et de présenter un business case à notre maison mère. Cette dernière, qui aurait pu ne pas nous suivre dans la mesure où la crise était déjà là, nous a finalement donné les moyens d'acquérir DCS Fleet (N.D.L.R. : l'acquisition de l'entreprise et de sa flotte s'est faite à environ 250 millions d'euros). Elle m'a toutefois demandé de rester deux années supplémentaires afin d'assurer l'intégration de DCS Fleet dans LeasePlan.
JA. Une telle durée était-elle vraiment nécessaire ?
BB. Oui, dans la mesure où ce délai nous a permis de prendre le meilleur des deux mondes et de procéder par étapes, même si DCS Fleet était à la base complémentaire de LeasePlan. Nous n'avions que deux clients en commun. Nous avons successivement intégré les activités véhicules d'occasion, les services comptables et le pôle achats de DCS Fleet. Au final, nous avons pris une nouvelle dimension en totalisant une flotte de plus de 100 000 véhicules en France. Nous sommes ainsi devenus un acteur majeur de la LLD dans l'Hexagone. Cela nous a été bien évidemment favorable dans nos négociations avec les constructeurs et les spécialistes de l'après-vente. Avec l'acquisition de DCS Fleet, notre pouvoir d'achat métier en matière d'après-vente a tout de même augmenté de 20 %.
JA. Quels sont les défis que doit relever aujourd'hui LeasePlan ?
BB. A l'instar de l'ensemble de la profession, nous devons encore porter une attention très particulière au marché VO. En effet, si les choses vont mieux depuis quelques mois, il faudra sans doute encore attendre un petit moment avant de retrouver les niveaux de rentabilité historiques de 2007. Ceci étant dit, nous avions déjà cherché à diversifier nos canaux de revente avec la fermeture du marché algérien en 2006. Depuis cette date, nous travaillons beaucoup plus en direct avec des marchands étrangers et faisons beaucoup plus de ventes directes à particuliers. Autre défi majeur de la profession : le financement de la flotte. Heureusement, nous sommes plutôt bien positionnés, car nous disposons d'une licence bancaire aux Pays-Bas depuis 1993, notre rating est acceptable et nous réussissons à diversifier nos sources de financement.
JA. Cette licence a-t-elle représenté un atout ?
BB. Oui. Elle nous a notamment permis de bénéficier du système de garantie étatique mis en place dans le cadre du plan gouvernemental néerlandais pour les banques, et donc de lancer en toute sérénité des émissions de titres sur le marché des capitaux courant 2009. LeasePlan émet néanmoins à nouveau des obligations normalement, c'est-à-dire sans garantie, depuis déjà plusieurs mois. Nous sommes revenus à une situation classique. Ceci étant dit, nous avons aussi su diversifier nos sources de financement. Pour preuve : depuis le début de l'année, nous avons ouvert une banque retail en ligne aux Pays-Bas (N.D.L.R. : proposant des comptes de dépôts et des comptes d'épargne, elle est accessible à l'adresse www.leaseplanbank.nl). Elle nous permet d'attirer des fonds en direct des particuliers.
JA. Quelle va être votre prochaine mission chez LeasePlan ?
BB. Il est trop tôt pour en parler. Il me reste en outre quelques dossiers à finaliser avant de passer le témoin à Dirk Pissens le 1er janvier 2011. Nous devons notamment terminer la migration informatique de DCS Fleet et nommer un nouveau directeur administratif et financier pour LeasePlan France. L'ancien a démissionné récemment. Vous l'avez compris, nous avons souhaité que la transition se fasse en douceur et en bonne intelligence. Mais ma mission a été accomplie. LeasePlan a été bien repositionné sur le marché français, même si, il faut le reconnaître, il était impossible d'y devenir en seulement cinq ans le numéro un de la location longue durée en volume. LeasePlan est néanmoins devenu un acteur majeur de la LLD en France. Nous faisons d'ailleurs partie du Top 5 (N.D.L.R. : LeasePlan gère actuellement 112 000 véhicules dans l'Hexagone, dont 6 000 en FM). LeasePlan France représente aujourd'hui la deuxième filiale du groupe à la fois en termes de volume et de rentabilité absolue. C'est donc très satisfaisant, surtout quand on sait que le groupe est présent dans trente pays dans le monde. Dirk Pissens devrait bien sûr poursuivre dans cette stratégie de développement rentable. Il a d'ailleurs de très nombreux projets de développement (N.D.L.R. : voir article).
Curriculum vitaeNom : Beckers |
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