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Apprentissage : il va falloir le réapprendre

Publié le 11 juin 2020

Par Arval Mobility Observatory
4 min de lecture
Zoom de l’Arval Mobility Observatory – A la crise sanitaire, économique et sociale, vient s'ajouter celle de la formation, particulièrement celle de l'apprentissage. Plus de 300 000 candidats sont à la recherche d'un employeur.

 

La gestion de la crise de la Covid-19, c’est comme une succession de vagues, plus ou moins violentes, mais incessantes. Il y a d’abord la vague sanitaire, puis celle de l’accompagnement social (chômage partiel, aides d’urgence aux plus démunis, prêts garantis de l’Etat…). Est ensuite arrivée la vague des premières mauvaises nouvelles économiques (déficit public…), puis la grande marée des plans sociaux, fermetures de sites, avec la kyrielle de prévisions sur la montée du chômage de masse.

 

Entre les plans de sauvetage de l’aéronautique (15 milliards d’euros), de l’automobile (8 milliards), du tourisme (jusqu’à 7 milliards) ou encore des start-ups (2 milliards), les sombres prévisions de la Banque de France (deux années de purgatoire pour l’économie française), ou les appels du patronat au retour au travail des Français (1), le citoyen finit pas avoir le tournis et ne sait plus où donner de la tête.

 

Au milieu de ce maelstrom économique et social, il est une population qui subit de plein fouet la crise de la Covid-19 et dont l’avenir se dessine plus que jamais en pointillés. Ce sont les centaines de milliers de jeunes apprentis et de jeunes en alternance, à qui l’on a expliqué que leur cursus alliant théorie (à l’école) et pratique (en entreprise) n’était en aucun cas une formation au rabais ou de second zone. Mais un vrai « passeport pour l’emploi ».

 

Sur le papier, le raisonnement est imparable. Mais il a fallu des années de pédagogie pour que les mentalités changent et que les jeunes (y compris dans l’enseignement supérieur) y trouvent leur compte. Trop longtemps, alors que l’apprentissage était plébiscité chez nos voisins allemands ou suisses, il patinait en France. Changement de décor en 2016, avec de nouvelles incitations fiscales pour les employeurs et une explosion des candidats. "Avec 491 000 apprentis recensés en France fin 2019, la filière enregistrait pour la première fois de son histoire une croissance à deux chiffres : une hausse de 16 % par rapport à 2018", rappelle Corinne Caillaud dans Le Figaro Economie (2).

 

Avec la crise de la Covid-19, tout est à recommencer. "Plus de 300 000 candidats à l’apprentissage s’apprêtent à chercher un employeur", insiste le spécialiste des questions sociales et du travail Bertrand Martinot dans Les Echos (3). Oui mais voilà, comment accueillir un apprenti, même avec les nouvelles aides gouvernementales (plus d’un milliard d’euros) du « plan apprentissage » de 5 000 euros (pour les mineurs) ou 8 000 euros (pour les majeurs), lorsqu’on est patron d’une entreprise dont les plans de charge sont à « visibilité zéro » et qu’on ne sait même pas comment conserver ses collaborateurs en CDI…

 

Dans le cas de l’automobile, qui comptait en 2018 près de 28 000 jeunes apprentis, et qui faisait figure de « bon élève de l’apprentissage », la relance de ce type de formation intervient en outre dans un contexte de « révolution culturelle » de la filière. Ce qui ne facilite pas les choses. Montée en puissance de la transition énergétique, chute du diesel et des motorisations thermiques, émergence des mobilités partagées : vers quels métiers et quels postes diriger, demain, apprentis et alternants ?

 

Lors de la révolution industrielle du textile, on a continué à former des apprenties couturières, qui ne trouvaient pas d’emplois… faute d’usines ! La révolution électrique que l’on nous annonce dans l’automobile se traduira par moins d’emplois dans la filière (notamment chez les petits sous-traitants ou chez les garagistes). Dommage car, ce sont traditionnellement les petites structures (celles de moins de 10 salariés) qui embauchent les apprentis les moins qualifiés. Les acteurs de la formation appellent les entreprises à ne pas geler leurs embauches ; seront-ils entendus ?

 

L’Arval Mobility Observatory     

 

(1). « Le gouvernement doit dire aux Français qu’il est temps de retourner travailler ». Les Echos. 10 juin 2020.

(2). « Un Plan d’urgence pour relancer l’apprentissage au point mort depuis mars ». Le Figaro Economie. 4 juin 2020.

(3). « Comment sauver l’apprentissage en 2020 ». Les Echos. 10 juin 2020.


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