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Gare au risque d’électro bashing

Publié le 28 mars 2019

Par Damien Chalon
3 min de lecture
ZOOM DE L’OVE. Il ne fait pas bon être automobiliste ou gestionnaire de parc par les temps qui courent. Et que dire du rude métier de constructeur, chargé d’imaginer les véhicules à bord desquels nous circulerons demain. Aujourd’hui, automobile rime davantage avec "sables mouvants" que "long fleuve tranquille".

 

Il y a encore un an, l’industrie automobile vivait au rythme de la voiture autonome. On nous promettait la mise à la route des premiers véhicules autonomes pour 2020 ; aux quatre coins du monde, les salons spécialisés regorgeaient de prototypes tous plus futuristes les uns que les autres. Mais ces derniers mois, le thermomètre semble avoir aussi vite baissé qu’il était monté sur le front du véhicule autonome, et c’est à un autre emballement que l’on assiste : l’électrification à marche forcée des parcs automobiles.

 

De la même manière que des milliards d’euros ont été engloutis dans les projets de voiture autonome, ce sont désormais des milliards d’euros qui sont injectés dans le verdissement des catalogues des constructeurs. Au risque d’inquiéter le consommateur final, à qui l’on a dit de rouler au diesel pendant des décennies, et à qui l’on dit maintenant de changer son fusil d’épaule à grande vitesse.

 

Cette révolution verte, conduite au nom de la préservation de la planète, mais aussi pour éviter aux constructeurs de payer des millions d’euros d’amendes à partir de 2021 sous la pression des réglementations européennes, est-elle véritablement viable ?

 

Tout comme pour la voiture autonome, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent chez les constructeurs pour mettre en garde contre le coût trop élevé des véhicules électriques pour les consommateurs. Certains vont même jusqu’à poser ouvertement la question du marché potentiel de la voiture électrique : y-aura-t-il bien des millions de clients prêts à absorber les millions de véhicules électriques disponibles, surtout à un prix d’achat élevé ?

 

D’autres soulèvent les contraintes liées à une stratégie 100 % électrique en termes d’usages : comment garantir la recharge des modèles et à quels coûts ? Quid de l’autonomie des véhicules ? Le bilan environnemental complet du véhicule électrique est, lui aussi, régulièrement questionné et challengé.

 

D’autres enfin rappellent que les recettes fiscales tirées de la taxation des carburants représentent une manne non négligeable pour les finances publiques et que la disparition programmée des moteurs thermiques aura un coût pour l’Etat. Le manque à gagner a même été chiffré par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), à 37,7 milliards d'euros au titre de la seule année 2019. Sans compter les coûts liés à la mise en place de l'infrastructure nécessaire pour recharger les véhicules hybrides ou électriques évalués, eux, entre 30,7 et 108 milliards d'euros ! De là à imaginer une armada de nouvelles taxes spécifiques sur l’électricité, pour faire face à ces investissements, il n’y a qu’un pas.

 

En un mot, si l’on croit à l’apport du véhicule électrique pour la protection de la planète et de ses habitants, ne s’expose-t-on pas à revivre dans quelques années un scénario "d’électro bashing", semblable à celui qui vient d’éradiquer en un temps record le diesel du paysage automobile ?

 

L’Observatoire du Véhicule d’Entreprise

 

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