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L’avenir se dessine

Publié le 12 mars 2013

Par Frédéric Richard
5 min de lecture
Le marché du contrôle technique entre dans une phase d’évolution structurelle. La concurrence actuelle va encore se durcir, forçant les acteurs du secteur à se transformer pour survivre.
Le marché du contrôle technique entre dans une phase d’évolution structurelle. La concurrence actuelle va encore se durcir, forçant les acteurs du secteur à se transformer pour survivre.

Fin 2012, 5 992 centres se partageaient le marché en France. Selon une étude BVA, diligentée par Securitest, les motivations du choix d’un centre par rapport à un autre, restent toujours la proximité avec le lieu de travail ou le domicile. Autrement dit, maintenant qu’il y a un centre à tous les coins de rue, il vaut mieux qu’ils soient propres et accueillants. Beaucoup de propriétaires ont pris conscience de l’importance de l’image et du marketing dans cette période tendue, où il faut se battre pour ménager son activité et sa rentabilité.

De même, une autre tendance semble pointer, sur le modèle des concentrations qu’ont subies les concessions automobiles il y a une quinzaine d’années. Il s’agit de compenser la chute des marges par une hausse des volumes. Ainsi, on voit des plaques de contrôle technique se créer çà et là en France. Un phénomène qui risque de s’intensifier dans les mois et les années à venir. En effet, avec la baisse de rentabilité des centres, les mises en vente vont se multiplier, incitant les plus profitables à grossir, pour protéger leur zone, d’une part, mais également pour atteindre une taille critique de nature à réaliser des économies d’échelle. “Chez Dekra, nos franchisés sont dynamiques et ont compris le message. Il faut absolument regarder les opportunités d’acquisitions pour stabiliser ses volumes. D’ailleurs, dans notre réseau, la moitié des créations sont le fruit d’investissements consentis par des professionnels déjà en place, qui veulent des affaires supplémentaires et jouer sur leur masse salariale”, analyse Nicolas Bouvier, président du réseau Dekra Automotive.

Chute des prix

Le second critère de choix d’un centre, c’est, bien sûr, le prix. Et certains acteurs l’ont bien compris, CT Easy en tête, qui entame une seconde année d’exploitation avec optimisme. Un an après son lancement, CT Easy, enseigne de contrôle technique low cost, dispose d’une quinzaine de centres. Son premier centre, ouvert à Anglet (64) en 2011, a réalisé pas moins de 5 200 visites, soit bien plus que la moyenne nationale de 3 800 visites par centre, en 2012. C’est aussi 400 visites de plus que l’an dernier, preuve que le concept réussit à grignoter des parts de marché sur ses concurrents. Désormais, CT Easy aime à rappeler qu’il détient 30 à 40 % du marché sur le fameux BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz). Quant aux centres partenaires, prenant le label CT Easy et continuant de travailler sous leurs propres couleurs, ils ont aussi bien tiré leur épingle du jeu, la fonction d’apporteur d’affaires de CT Easy ayant, selon l’enseigne, bien rempli son rôle à Nantes (44) ou encore à Clermont-Ferrand (63).

Chez CT Easy, qui pratique des prix d’appel jusqu’à un euro le contrôle, on reconnaît aisément que la bataille que se livrent les réseaux (à qui détiendra le plus de zones, les meilleurs emplacements), “au risque de voir un maillage bien trop important, joue en la faveur de l’offre que nous proposons”, rappelle Emmanuel Cros, responsable informatique et associé de CT Easy.

Bien sûr, les opérateurs réseaux en place fulminent : “Le contrôle technique est un marché qui découvre la promotion, soit, mais un euro, c’est du dumping”, s’emporte Bernard Desbouvry, pour Autosur. Pour Martine Houlière, présidente de Securitest, le modèle économique du low cost n’est pas applicable au CT : “Ce business model fonctionne si vous baissez vos coûts de structure et les coûts d’exploitation. Or, dans un centre de CT, je ne vois pas ce qu’on peut retirer tout en maintenant la qualité de la prestation.”

Pas question, donc, de galvauder son image en réagissant sur le même terrain de la casse des prix. Dekra l’affirme : “Je ne remettrai pas en question la stratégie d’un groupe pour une offre disponible dans 15 centres”, affirme Nicolas Bouvier. Encore plus philosophe, Hervé de Labriffe, du réseau Autovision, temporise : “Les promotions et autres offres low cost ne constituent pas une révolution. Ce sont juste l’une des conséquences d’un commerce mature qui s’organise, comme les autres.”

A tel point que Groupon, le site Web d’achats groupés, s’est engouffré dans la brèche, parvenant à convaincre quelques opérateurs de plusieurs réseaux de mettre en vente des créneaux horaires de faible charge, à moindre coût. Rien à voir néanmoins avec une offre low cost, qui dégriffe l’ensemble de sa prestation. Bref, sur le papier, même les têtes de réseau ont trouvé l’idée pertinente, puisque certains le proposent déjà eux-mêmes, Dekra par exemple, sur son site Web, avec son offre flash, ou encore Autosur, avec ses offres spéciales web. Le problème, c’est que certains propriétaires de centres ont fait de cette offre un outil de prise de rendez-vous normal, à n’importe quelle heure, permettant de récupérer des parts de marché sur une zone. A la base une stratégie de défense qui tourne à l’attaque, et suscite l’ire des concurrents sur la même zone.
 

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