Carlos Ghosn vers une nouvelle garde à vue de 22 jours
Carlos Ghosn est toujours en prison et, selon la presse japonaise du 5 décembre, il devrait y rester encore de longs jours. En effet, le parquet de Tokyo a de nouvelles accusations concernant trois années supplémentaires de dissimulation de salaire, qui justifient selon la presse de relancer une procédure de garde à vue pouvant durer vingt-deux jours à partir de lundi 10 décembre.
Les investigations pourraient aussi ultérieurement être étendues à d'autres motifs, Nissan reprochant à son ancien sauveur d'avoir commis des abus de biens sociaux tels que l'usage de résidences de luxe aux frais du groupe. Carlos Ghosn continue de nier toutes les charges contre lui.
Au Japon, le parquet s'est de son côté défendu face à certaines critiques sur la longueur de la procédure judiciaire et les conditions de détention venues de l'étranger. "Chaque pays a sa propre histoire, sa propre tradition, son propre système judiciaire. Je ne critique pas les législations des autres pays juste parce qu'elles sont différentes, et je trouve malvenu de le faire", a déclaré Shin Kukimoto, procureur adjoint de Tokyo, à l'occasion d'une conférence de presse. "Nous ne gardons pas les suspects en garde en vue prolongée si ce n'est pas nécessaire", a-t-il martelé.
Renault ne sait toujours rien !
Chez Renault, où des nouvelles de l'intéressé parviennent par l'intermédiaire des avocats et du corps diplomatique, on assure qu'il est prêt à se défendre. "Il est dans un état d'esprit vaillant et combatif", indique-t-on au siège de Boulogne-Billancourt. "Des messages de soutien, de respect et même d'affection" lui ont été adressés par la direction.
Cependant, mercredi 5 décembre, le constructeur français, qui possède 43 % de Nissan, n'avait toujours pas pu obtenir du partenaire japonais les éléments de son enquête interne transmis à la justice japonaise. Selon une source proche de l'entreprise, le partenaire japonais a proposé de communiquer une synthèse sous forme de "slides", mais Renault réclame une transmission d'avocat à avocat de la totalité des pièces à charge. Au sein du groupe français, on assure respecter les procédures en cours et la justice japonaise, mais on ne comprend toujours pas comment le patron aurait pu dissimuler des revenus.
"On respecte l'état de droit et la présomption d'innocence", confie un responsable. Mais la stupeur des premiers jours est toujours présente. "Les trois entreprises (Renault, Nissan et Mitsubishi) ont vécu un traumatisme et plus les jours passent, plus la stupeur monte", ajoute-t-il.
Chez Renault, on assure par ailleurs que l'entreprise continue de travailler "normalement" avec Nissan et Mitsubishi au sein de l'Alliance franco-japonaise. Le directeur général délégué, Thierry Bolloré, qui assure l'intérim de Carlos Ghosn, connaît très bien le dirigeant de Nissan, Hiroto Saikawa, avec qui il travaille quotidiennement depuis cinq ans.
Selon une source proche du dossier, il était prévu avant le début du scandale que Thierry Bolloré, dauphin désigné en février dernier, succède formellement à Carlos Ghosn à la tête de Renault en février prochain. Sa priorité reste en tout cas le renforcement de l'Alliance. (Avec AFP)
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