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Constructeurs

Qui pour succéder à Ratan Tata ?

Publié le 19 février 2014

Par Alexandre Guillet
9 min de lecture
Après une année 2013 qui a accentué les inégalités face aux conséquences de la grande crise de 2008 et face au rythme de la reprise dans les différentes régions du monde, le jury de l’Homme de l’Année s’est à la fois tourné vers des valeurs sûres, comme Norbert Reithofer (BMW) par exemple, et vers des paris, comme Elon Musk (Tesla) ou Vincent Bolloré (Autolib’). Avec Laurent Burelle et Jacques Aschenbroich, les équipementiers français sont aussi bien placés, tandis que Carlos Tavares pourrait jouer les trouble-fête.
Après une année 2013 qui a accentué les inégalités face aux conséquences de la grande crise de 2008 et face au rythme de la reprise dans les différentes régions du monde, le jury de l’Homme de l’Année s’est à la fois tourné vers des valeurs sûres, comme Norbert Reithofer (BMW) par exemple, et vers des paris, comme Elon Musk (Tesla) ou Vincent Bolloré (Autolib’). Avec Laurent Burelle et Jacques Aschenbroich, les équipementiers français sont aussi bien placés, tandis que Carlos Tavares pourrait jouer les trouble-fête.

Les favoris

Norbert Reithofer - Groupe BMW
Régulièrement cité ces dernières années, le président du directoire de BMW, bien qu’il soit discret et somme toute méconnu en France, incarne mieux que personne la force tranquille de son groupe et ses récents succès. Une réussite immaculée, avec une croissance sur tous les grands marchés mondiaux l’an passé et des résultats financiers à faire pâlir bien des constructeurs automobiles. Par ailleurs, toutes les marques sont au diapason, BMW, Mini et Rolls-Royce, sans oublier BMW Motorrad. Un membre du jury souligne d’ailleurs que Mini a confirmé qu’il ne s’agissait pas “d’un revival éphémère et que nous avons bel et bien affaire à une marque à part entière”. Dans un registre différent, Rolls-Royce a su se repositionner pour tirer profit de la croissance des pays émergents, Chine en tête, sans perdre ses positions sur ses marchés “historiques”. Par ailleurs, BMW continue de frapper les esprits par la juste mesure de sa diversification et 2013 aura marqué l’acte de naissance de BMWi, une initiative pionnière qui semble bien née même si l’histoire reste à écrire. Enfin, cerise sur le gâteau, les résultats en compétition automobile sont de très bonne facture.

Arnaud Deboeuf - Programme Entry du groupe Renault
Comme ce fut déjà le cas par le passé, plusieurs membres du jury souhaitent récompenser le succès de Dacia et de la gamme Entry du groupe Renault en général. A la lecture des résultats commerciaux de l’exercice écoulé, notamment ceux des Duster et Sandero, difficile d’émettre des objections très solides. Toutefois, d’autres membres du jury soulignent que le Lodgy est pour l’heure un relatif échec. D’autres pointent encore que le pari que représente Dacia avait déjà été mis en avant en 2004 lorsque le prix fut remis à Georges Douin. Enfin, des voix s’élèvent pour affirmer que Gérard Detourbet mérite tout autant le prix qu’Arnaud Duboeuf.

Vincent Bolloré - Autolib’ Batscap - Groupe Bolloré
Comme lors des trois dernières années, Vincent Bolloré est largement cité, mais c’est toujours l’un des nominés les plus clivants. Pour les uns, en plus des qualités d’entrepreneur de Vincent Bolloré, le succès du service Autolib’ ne se discute plus et mérite donc d’être salué à sa juste valeur, surtout que le modèle est appelé à se développer dans d’autres villes françaises, mais aussi en Europe et dans le monde en général : “C’est aussi une manière de montrer que nous sommes tous conscients que l’automobile entre dans une grande phase de mutation : nouvelles formes de mobilité, mobilité servicielle, etc.”. Mais pour les autres, Autolib’ reste une forme de négation de la passion automobile… “Alors qu’on parle beaucoup de sécurité routière, on peut d’ailleurs s’étonner que le dispositif exploite des véhicules qui ne seraient pas homologués s’ils suivaient la voie de commercialisation normale”, pointe un membre du jury, immédiatement relayé : “De plus, les doutes sur la pertinence du choix technologique relatif aux batteries sont loin d’avoir été levés”. En somme, de nouveaux échanges animés sont attendus lors du tour final !

Elon Musk - Tesla
Son nom avait déjà été avancé lors des précédentes éditions, mais cette fois, Elon Musk accapare une longue partie des échanges des membres du jury. D’une part, même si les volumes demeurent modestes, Tesla a littéralement décollé commercialement cette année, avec des faits d’armes marquants en Californie ou en Norvège. La marque part désormais à la conquête de l’Europe, notamment la France dès cette année, et de la Chine où elle pratique un pricing qui déstabilise les autres marques Premium. D’autre part, même s’il n’a pas encore la même aura en Europe qu’Outre-Atlantique, Elon Musk fascine ! Sa jeunesse, sa réussite tous azimuts dans des secteurs très variés, sa dimension “out of the box thinking” qui s’est d’ailleurs appliquée à la distribution automobile… Enfin, tous ceux qui ont essayé la Tesla S ont été conquis, une voiture volontiers qualifiée de “hors normes”. Toutefois, il y a aussi quelques voix pour mettre en garde contre le fait de succomber à un charme, un bref éblouissement…

Jacques Aschenbroich - Valeo
L’administrateur et directeur général de Valeo revient dans les débats avec insistance, notamment pour “avoir su réorganiser le groupe autour de ses points forts et prendre la juste mesure de la mondialisation”. Ainsi, le groupe se distingue par son aptitude à capter la croissance en Asie. Au plan de l’innovation, Valeo n’est pas en reste et se positionne à l’avant-garde, notamment dans le domaine névralgique de la réduction des émissions de CO2. On l’a aussi vu pour la première fois de son histoire au CES de Las Vegas. Pour un membre du jury, “la réussite de Jacques Aschenbroich est impressionnante, particulièrement l’an dernier, avec un symbole fort : le titre a progressé de 100 % en bourse !”. Enfin, selon JPMorgan, le carnet de commandes est à un niveau si élevé que trois années de forte croissance sont programmées, surtout que le groupe a toujours su honorer ses commandes, fruit d’une politique d’investissements industriels parfaitement maîtrisée.

Laurent Burelle - Plastic Omnium
Si Jacques Aschenbroich et Valeo sont cités, il est tout naturel de retrouver Laurent Burelle, président-directeur général de Plastic Omnium. En partie pour des raisons similaires, à savoir que Laurent Burelle a su focaliser son groupe sur des domaines précis et porteurs, avec l’innovation comme viatique, tout en pilotant une internationalisation intense mais maîtrisée, malgré l’engagement d’investissements colossaux. Pour un membre du jury, “le groupe a en outre dévoilé un chiffre d’affaires record en 2013, à 5,1 milliards d’euros, en progression de 6,6 %. Par ailleurs, cela permettrait de récompenser une démarche environnementale affirmée et qui ne date pas d’hier, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été déployée sous la contrainte réglementaire comme chez d’autres”. Enfin, Laurent Burelle est plébiscité comme un grand dirigeant ayant su rester accessible et sympathique, “doté d’une faconde inimitable qui fait du bien dans un milieu de cols blancs très policés et parfois condescendants. Et puis, c’est encore un groupe familial, il joue avec ses sous entre guillemets, cela ajoute au charme”.

Carlos Tavares - PSA Peugeot Citroën, ex-Renault
Cela mérite une grosse cote, mais plusieurs membres du jury soulignent que les bons résultats commerciaux de Renault en 2013 sont principalement à mettre à son actif. Ils soulignent aussi qu’une large partie des espoirs de PSA reposent désormais sur lui. A propos de son transfert spectaculaire, les avis sont partagés, les uns y voyant un geste volontaire et chevaleresque et les autres un comportement de mercenaire prouvant plus d’ambition que d’attachement à un groupe. Par ailleurs, certains louent sa capacité d’écoute, son appréhension du produit et sa passion pour l’automobile, quand d’autres rappellent sa face “cost killer” et sa propension à manager brutalement. “Enfin, c’est assurément l’homme médiatique de l’année !”, sourit un membre du jury.

Les outsiders

Sébastien Ogier - Champion du monde WRC avec Volkswagen
Logiquement cité, il est défendu avec verve par plusieurs membres du jury qui voient en lui “une future légende du sport automobile, d’où l’importance de le distinguer dès le début pour que cela fasse pleinement sens”. Et d’ajouter : “Il ne s’agit pas de brûler les idoles que l’on a portées, mais Ogier est du calibre de Loeb. Et c’est un garçon intelligent et très sympathique !”.

Sebastian Vettel - Champion du monde de F1 pour la 4e fois avec Red Bull
Pas de surprise, le prodige allemand est une nouvelle fois mis en exergue et ne suscite aucun rejet au sein du jury. Au contraire, il a même de fervents appuis : “Quatre titres à son âge, cela le place d’ores et déjà à côté de noms figurant au panthéon de la F1. Sa précocité est inouïe, c’est sensationnel !”, souligne un membre du jury avant d’ajouter : “En outre, c’est quelqu’un de très accessible et abordable, loin de la caricature de certaines divas de la F1”.

Alan Mulally - Ford
Pour plusieurs membres du jury, il mérite d’être distingué tant il a su maintenir Ford à flots sans aucune aide d’Etat, puis rebondir en profitant notamment de la reprise du marché américain. Sa modernisation du groupe et son appétence pour l’innovation technologique sont aussi mises en valeur. Cependant, d’autres membres du jury estiment que les mauvais résultats en Europe posent problème.

Ils sont cités au moins une fois

Adrian Newey, pour ses -énièmes- titres en F1 avec Red Bull
Mary Barra, pour sa promotion à la tête de GM
Guillaume Devauchelle, pour son action à la tête de la R&D de Valeo
Arnaud Ribault, pour le développement de DS en Chine
Didier Leroy, pour les résultats de Toyota en Europe
Sergio Marchionne, pour la prise de contrôle de Chrysler par Fiat
Dieter Zetsche, pour ses résultats et sa stratégie à la tête de Daimler
Olivier François, pour sa capacité de travail protéiforme dans le groupe Fiat
Li Shufu, pour sa stratégie raisonnée pour Geely et Volvo
Laurens Van Den Acker, pour avoir régénéré le style de Renault
Masamichi Kogai, pour sa finesse dans la conduite du business de Mazda
Chung Mong Koo, pour la croissance du Hyundai Kia
Wolfgang Ullrich, pour les succès d’Audi Motorsport et son œuvre en général
Peter Schreyer, pour sa politique de design chez Kia et Hyundai

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FOCUS - Les membres du Jury

- Astagneau Denis, France Inter
- Barbe Stéphane, L’Equipe
- Bazizin Luc, France 2
- Bellu Serge, free lance
- Botella Jean, Capital
- Boulanger Pascal, TF1/LCI
- Bourroux Christophe, RTL
- Calvez Laurent, France 3
- Chapatte Dominique, M6
- Chevalier Jacques, Auto-Addict
- Chevalier Mathieu, L’Auto-Journal
- David Christian, L’Expansion
- David Marc, free lance
- Ducamp Pauline, L’Usine Nouvelle
- Etienne Thierry, Le Figaro
- Feuerstein Ingrid, Les Echos
- Fillon Laure, AFP
- Fréour Cédric, Les Echos
- Frost Laurence, Thomson Reuters
- Gallard Philippe, free lance
- Gay Bertrand, AutostratInternational
- Genet Jean-Pierre, L’Argus
- Genet Philippe, La Revue du Vin de France
- Guillaume Gilles, Thomson Reuters
- Grenapin Stanislas, M6
- Jagu-Roche Jean-Pierre, Auto Infos
- Jouany Félicien, free lance
- Lagarde Jean-Pierre, free lance
- Macchia Jean-Rémy, France Info
- Meunier Stéphane, L’Automobile Magazine
- Normand Jean-Michel, Le Monde/Le Monde 2
- Pennec Pascal, Auto Plus
- Péretié Olivier, Le Nouvel Observateur
- Robert Lionel, free lance
- Roubaudi Renaud, free lance
- Rousseau Anna, Challenges
- Roy Frédéric, CB News
- Roy Jean-Luc, Motors TV
- Verdevoye Alain-Gabriel, La Tribune

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