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Constructeurs

Objectif qualité

Publié le 14 septembre 2007

Par Christophe Jaussaud
9 min de lecture
Le 12 octobre prochain la Laguna III sera dans les showrooms. Premier étage de la fusée devant conduire Renault vers de nouveaux sommets, son importance n'en est que plus grande. Renault a investi plus d'un milliard d'euros dans ce programme...
Le 12 octobre prochain la Laguna III sera dans les showrooms. Premier étage de la fusée devant conduire Renault vers de nouveaux sommets, son importance n'en est que plus grande. Renault a investi plus d'un milliard d'euros dans ce programme...

...qui a fait de la qualité son objectif principal.

Le lancement d'un nouveau modèle est toujours un événement pour un constructeur. Mais certains produits plus que d'autres. C'est le cas de la Laguna III pour Renault. Rarement un modèle aura suscité autant d'attentes. Depuis plus d'un an et demi, alors qu'elle n'était encore que de la 3D au Technocentre, cette troisième génération de Laguna est sous les feux de la rampe. Il faut dire que Carlos Ghosn et ses équipes ont eu le temps de rappeler qu'elle serait le symbole du "nouveau Renault". Un constructeur qui semble avoir définitivement fermé le chapitre du "créateur d'automobiles" pour ouvrir celui des "voitures à vendre". Cependant, au-delà des volumes, que le constructeur souhaite bien évidemment supérieurs à la précédente génération, la mission principale de cette Laguna III est d'asseoir l'image qualitative de Renault. Le but étant d'être dans le Top 3 européen du segment en qualité produit et services. Et Renault est confiant puisqu'il va même jusqu'à garantir sa berline 3 ans ou 150 000 km. Côté services, pas moins de 23 000 personnes ont déjà été formées dans le réseau pour accueillir la Laguna. Les ateliers ont pour mission de traiter en moins d'une heure 80 % des incidents possibles et 95 % en moins de deux heures. De plus, un "check man" s'assurera de la qualité des prestations avant que le client prenne livraison de sa voiture. La qualité et la fiabilité sont donc les maîtres-mots et prennent une place majeure dans la nouvelle identité de marque de Renault : "proche, fiable et enthousiaste". Un large travail a été entrepris par Renault depuis plusieurs années comme nous l'explique Michel Faivre-Duboz dans l'entretien page 27. Pour preuve, entre 2001 et 2006, Renault affirme que les incidents dans la première année de garantie ont été divisés par 5. Cette quête du podium sera mesurée en interne mais aussi via des sociétés telles JD Power ou TNS Sofres. Nous guetterons ces premiers indicateurs de qualité de services avec intérêts.

Plus d'un milliard d'euros investi dans le programme

Sur un segment M2 en décroissance chronique, tant en Europe qu'en France, Renault veut retrouver sa place. Dans l'Hexagone cela se traduit par la volonté de renouer avec la première place qu'occupe depuis 2005 la Peugeot 407. Le constructeur n'a toutefois pas donné de volume, simplement que la Laguna III devrait représenter 10 % des 800 000 ventes supplémentaires d'ici la fin du plan. Nous avons réussi à arracher une part de segment en France : 25 %. Partant de l'hypothèse que le segment M2 serait, en 2008, orienté légèrement à la hausse (210 000 unités contre 205 000 en 2006), du fait de l'offre renouvelée, la Laguna pourrait représenter un volume de plus de 52 000 unités. Parmi ces clients, Renault veut bien évidemment séduire les particuliers, mais aussi les flottes et les loueurs longue durée. En revanche, les volumes destinés à la courte durée devraient être limités dans la logique de la politique sélective mise en place depuis plus d'un an. Pas sûr que l'usine de Sandouville batte son record annuel de production de la Laguna qui culmine à 205 000 unités. Pour l'heure, la cadence permet d'atteindre 600 véhicules par jour avec deux équipes. L'ajout d'une troisième équipe pourrait faire monter la production journalière à 940 unités. Cette usine normande qui, depuis 1964 et la R16, est dédiée au haut de gamme de la marque, va jouer une partie de son avenir sur ce produit, même s'il ne sera pas le seul a y être assemblé. L'arrivée de la Laguna sur les chaînes s'est accompagnée d'un investissement de plus de 200 millions sur le site. L'autre moitié des 407 millions affectés à l'outil industriel l'ayant été directement chez les fournisseurs. Ajoutez à cela 606 millions en R&D et 39 de frais de démarrage et vous avez un ticket d'entrée à 1,052 milliard d'euros. Une somme quasi identique au programme précédent. 32 mois de développement auxquels plus de 1 000 ingénieurs ont travaillé avec pour leitmotiv : qualité et fiabilité !

Une nouvelle plate-forme mais pas issue de l'Alliance

Si pour la fiabilité, on attendra encore un peu avant de juger. Concernant la qualité perçue, en revanche, il est indéniable que la Laguna III progresse. Les assemblages tout comme les matériaux en témoignent. Pas de fausse note dans l'habitacle, l'ergonomie est bonne même si on peut regretter un manque de rangements. Contrairement à la mode du moment qui pousse à voir plus grand de génération en génération, la Laguna conserve sensiblement le même gabarit (L + 9 cm,
l + 3 cm, h + 1 cm). De ce fait, l'espace intérieur ne s'en trouve pas révolutionné mais on peut toutefois noter que le travail sur les sièges avant, plus fins, permet d'offrir légèrement plus de place aux passagers arrière. Sinon, le seul point commun entre les deux générations, à l'exception de certaines mécaniques, est bien caché puisqu'il s'agit de tôles du plancher. Elles ont permis une économie de 100 millions d'euros que Renault a réinvestis dans le projet. Il s'agit d'une nouvelle plate-forme Renault et non de l'Alliance. Pourquoi ? Car Nissan, en Europe, n'a pas fait le choix d'une berline. Pour autant, les économies d'échelle seront au rendez-vous car d'autres modèles l'utiliseront, comme la future Samsung SM5 notamment. Mais l'Alliance n'est pas qu'une liste de plate-forme et elle a joué à plein sur de nombreux organes tels les mécaniques, les boîtes ou encore les systèmes de climatisation. Indispensable lorsque l'on sait que la Laguna doit dégager une marge opérationnelle supérieure à 6 %.

LA LAGUNA EN BREF

  • Date de lancement :
    Le 12 octobre pour la berline. En janvier 2008 pour le break
  • Segment de marché :
    Segment M2 : 205 000 (150 000 berlines et 55 000 breaks) en 2006 (- 14,5 %) soit 10,25 % du marché français
  • Objectifs :
    Renault vise environ 1/4 du segment, soit 52 500 unités sur un segment de 210 000 unités.
  • Les concurrentes de la 2.0 dCi 130 Fap Dynamique (28 750 e) :
    VW Passat 2.0 TDi 140 Fap Confortline (27 690 Euros) ; Ford Mondeo 2.0 TDCi 140 DPF Titanium X : (28 800 Euros) ; Citroën
    C5 2.0 HDI 138 Fap Sillage
    (29 340 Euros) ; Peugeot 407 2.0 HDi 136 Fap Premium Pack (30 300 Euros)
  • Prix essence/diesel :
    De 21 500 à 33 600 Euros
    De 23 500 à 35 750Euros
  • Inverser la courbe de poids

    Pour en revenir à la plate-forme, et plus largement à la conception, l'un des impératifs était également de traquer les kilos superflus. Au final, Renault annonce un gain de 15 kg, en moyenne, par rapport à la génération précédente. Cela peut paraître peu mais c'est la première fois chez le constructeur français que la tendance est inversée d'une génération à l'autre. Le meilleur résultat ayant été obtenu sur la version 1,5 dCi 110 ch qui affiche 65 kg de moins sur la balance ! Une des raisons qui explique que ce modèle peut afficher (en fonction de la monte pneumatique) une consommation mixte comprise entre 4,9 l et 5,1 l aux 100 km, soit des rejets de CO2 oscillant entre 130 et 136 g/ km. Des chiffres qui devraient sûrement séduire les flottes. D'autant que cette "petite" mécanique efface rapidement les craintes que l'on pouvait avoir sur sa capacité à animer dignement la berline. Certes, elle se montre moins alerte et un peu plus bruyante que le 2.0 dCi mais rien de rédhibitoire. Cependant, le cœur de gamme devrait se centrer sur le bloc 2.0 dCi disponible en versions 130, 150 et 175 ch. Une version 150 ch que nous avions à disposition pour notre galop d'essai. Pour s'échauffer et apprécier les qualités acoustiques, quelques kilomètres d'une autoroute allemande vous renseignent rapidement. Le silence de fonctionnement est remarquable. Plus loin, des routes plus étroites dans les vallées autrichiennes mettent en avant les qualités dynamiques de cette Laguna III. La refonte complète des trains roulants, avec notamment des barres antiroulis de plus grand diamètre et une raideur de ressort augmentée (+ 20 % à l'avant et + 50 % à l'arrière), porte ses fruits sans nuire au confort malgré une certaine fermeté. A noter que cette version 150 ch peut être associée à une nouvelle boîte automatique 6 rapports issue de l'Alliance. Côté essence, 3 mécaniques développant de 115 à 170 ch, vont se partager les miettes sur le marché français. Dans un futur proche, l'offre va s'élargir avec des V6 essence et Diesel. De plus, certaines d'entre elles pourront bénéficier des 4 roues directrices. Une technologie (là encore développée par Renault, seul, alors que Nissan en a fait de même pour sa nouvelle Skyline) devant encore accroître le plaisir de conduite mais aussi la sécurité. Un aspect sécurité particulièrement travaillé avec, en plus des classiques garde-fous électroniques et autres airbags (8 sont possibles), l'apparition de deux capteurs dans les portes avant. Ces derniers permettent une plus grande efficacité des airbags latéraux en cas de choc latéral. Rappelons que la Laguna II avait été la première voiture à décrocher les 5 étoiles Euro Ncap en 2001. Il y a un héritage à assumer mais pour une 6e étoile il faudra encore patienter (voir encadré).
    Renault joue une partie de son avenir et de sa crédibilité avec le lancement de cette Laguna. Pas qu'un éventuel échec commercial soit fatal au constructeur cependant elle représente la première pierre d'un édifice devant conduire le groupe vers de nouveaux sommets commerciaux et financiers. Début de réponse le 12 octobre prochain avec son lancement en France. A cette date, pas moins de 3 600 Laguna III seront disponibles dans le réseau pour qu'un large public puisse se faire une idée à son volant.

    FOCUS

    Bons débuts de la Twingo

  • "Nous avons déjà vendu plus de 13 000 Twingo depuis le lancement le 15 juin dernier, indique Jacques Chauvet, le directeur commercial France de Renault, c'est mieux que le plan de marche." Comme attendu les mécaniques essence représentent la majorité du mix avec près de 80 %. Quant à la cible visée, les jeunes, le directeur affirme là aussi que la Twingo réussit avec 20 % des acheteurs ayant moins de 35 ans.
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