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Constructeurs

Mondeo : La berline racée de Ford

Publié le 1 juin 2007

Par Frédéric Richard
8 min de lecture
Cette voiture, vous l'avez découverte en avant-première dans le dernier James Bond, Casino Royale, dans une scène qui flirtait honteusement avec le spot publicitaire… Quoi de plus naturel direz-vous, pour une marque dont le grand patron Europe se nomme John Fleming… Après...

...Pierce Brosnan, Ford a donc enfin décidé de confier son nouveau bébé aux journalistes. Un bébé qui fait d'ailleurs office de fils prodigue tant le constructeur compte sur lui pour relancer ses ventes en France. Les objectifs affichés sont clairs : 6 000 unités en 2007 et 12 000 en année pleine. Soit une part de marché d'environ 6,5 %. Rappelons qu'aujourd'hui, l'actuelle Mondeo arrive péniblement à 3,3 % de PDM, largement dominée par la VW Passat et même devancée par la Skoda Octavia. Quant à la répartition des ventes, la marque espère réaliser 90 % de fidélisation et 10 % de conquête.
Si le constructeur fonde de si grands espoirs dans la nouvelle Mondeo, c'est aussi parce qu'il n'a rien laissé au hasard. Et c'est d'ailleurs l'impression générale qui émane de l'auto dès la première rencontre. Pas question de reproduire les schémas du passé. En dix ans, le segment de la berline familiale a chuté de moitié, pour ne représenter plus que 9 % du marché en 2007. L'ancienne Mondeo s'est progressivement exclue elle-même de ce marché, victime de son immobilisme et atomisée par les innovations mises en place par la concurrence. Car la clientèle de ce type de carrosserie, si elle s'amenuise sans aucun doute, n'en reste pas moins exigeante. Elle se montre ainsi particulièrement sensible aux offres de reprise, aux services après-vente, aux offres de LLD… Autre critère déterminant, le style. Si la première Mondeo marquait une rupture, il faut avouer que les restylages successifs égratignèrent copieusement l'image pionnière de la belle.
Au premier regard, la Mondeo 2007 ne montre donc aucun lien de parenté avec sa devancière. Le patronyme est conservé, mais c'est l'ultime vestige d'un passé révolu. Fabriquée à Genk en Belgique, la nouvelle Mondeo a été conçue pour partager un maximum de composants avec le S-Max ou le monospace Galaxy, synergie industrielle oblige. 3 carrosseries sont prévues au catalogue, 4 portes, 5 portes et SW. La 5 portes devrait remporter 70 % des suffrages du public, le SW prenant pour sa part 25 % des ventes. Le modèle 4 portes se positionne en offre complémentaire et ne devrait se vendre qu'à 5 %, selon le constructeur.

Descendante affichée d'un concept

Descendante de la stupéfiante et très réussie Iosis, présentée en 2005 au Salon de Francfort, nous attendions avec impatience sa dérivée de série. Il s'avère que la nouvelle Mondeo conserve les traits séduisants de Iosis, assagis. Moins campée au sol que le concept, moins agressive également, la nouvelle Mondeo demeure tout de même un véhicule sur lequel on s'arrête. Ford a osé trancher avec les standards actuels, ce qui mérite d'être souligné, compte tenu de la frilosité ambiante en matière de design…
Le constructeur a ainsi doté sa progéniture des projecteurs les plus longs jamais utilisés par la marque. Ce qui souligne plutôt habilement une ceinture de caisse haut placée. La berline se veut plus statutaire que la précédente, sans toutefois chasser sur les terres des marques premium. La




LA MONDEO EN BREF

  • Date de lancement :
    été 2007
  • Segment de marché :
    Berlines familiales (M2), 150 625 voitures en 2006
  • Objectifs 2007 :
    6 000 unités, 12 000 en année pleine
  • Principales concurrentes :
    Renault Laguna, Peugeot 407, Citroën C5, VW Passat
  • Prix :
    20 400 € 1.6 l 110 ch Trend
    22 950 € 1.8 TDCI Trend
    28 300 € 2.5 l 220 ch
    27 300 € 1.8 TDCI Titanium
    30 100 € 2.0 TDCI 130 ch automatique Ghia X
  • calandre, représentant deux trapèzes inversés, symbolise une mâchoire béante rappelant celle de la marque au lion. Pour Ford, il s'agit de l'illustration du "Kinetic Design", nouvelle voie dans laquelle le constructeur compte désormais s'engager pour la ligne de ses voitures. Ce qui consiste à évoquer le dynamisme, notamment grâce à des ailes et un capot larges et gonflés.  La version SW, également très réussie sur le plan du design, s'inspire clairement du S-Max à l'arrière, élue Voiture de l'Année 2007 et produite dans la même usine. Pour en terminer avec le style extérieur, remarquez les répétiteurs de clignotants à l'avant, très ressemblants, quant à eux, à ceux de la BMW série 7. A ceci près qu'ils se parent d'un joli chrome. L'élève dépasse le maître !

    Intérieur gracieux et courageux

    L'intérieur de la nouvelle Mondeo ne semble pas révolutionner les standards de segment. Le dessus de planche de bord est classique, voire décevant, en raison des aérateurs circulaires et du volant assez banals, repris du S-Max, et qui ne se révèlent pas du niveau esthétique espéré. En revanche, lorsque l'on s'y attarde, un gros travail réalisé sur la console centrale sauve l'ensemble. Sa finition aluminium brossée tout d'abord (à préférer à l'imitation bois, moins réussie), mais aussi sa forme innovante, contribuent à moderniser l'habitacle. Quant à la partie inférieure, qui accueille le levier de vitesses, Ford fait le pari de proposer un noir laqué ultra brillant. A ceux qui pensent immédiatement aux salissures et autres traces de doigts sur ce type de matériau, sachez qu'il n'en est rien et que la surface supporte tous les outrages (dans la limite du raisonnable). Côté finitions, les plastiques sont bien ajustés, les matériaux utilisés faisant quant à eux l'objet de choix rigoureux. Mention spéciale au bouton de démarrage "mains libres", logotypé Ford et cerclé de chrome, de belle facture. Un accessoire agréable à toucher au quotidien, valorisant pour son utilisateur. Le combiné de bord se dote d'un large écran couleur entre le compteur et le compte tours, afin de proposer une lecture aisée de l'ensemble des indications de fonctionnement du véhicule. Dans le cas d'un système de navigation optionnel, un second écran, tactile, vient au faîte de la console centrale. Si l'utilisateur préfère utiliser pour les cartes routières, ledit écran se voit remplacé par un autoradio intégré. Il se voit d'ailleurs estampillé Sony, du nom de son fabricant, ce qui est assez rarement aussi bien identifié. Côté habitabilité, on retiendra surtout un coffre à bagages particulièrement spacieux, disposant également d'une ouverture imposante, pratique pour son chargement. Une bénédiction, pas toujours au rendez-vous chez la concurrence.

    En voiture

    Si elle n'était pas particulièrement glamour, il faut reconnaître que la précédente Mondeo se distinguait néanmoins par un comportement dynamique de qualité. Pas facile donc, d'arriver au niveau, voire un peu mieux, puisque les dessous de la berline 2007 sont repris du S-Max. Bien que ce véhicule se pose en référence en matière de tenue de route et de synthèse dynamique au sens large, il s'agit tout de même d'un monospace, relevant donc d'autres contraintes qu'une berline. Les ingénieurs ont alors fait preuve d'ingéniosité. On prend tout pareil, on remplace les barres de torsion, corrige les tarages d'amortisseurs, deux ou trois réglages et le tour est joué. Tout ceci est évidemment schématique et simplifié. Mais le résultat est à la hauteur de nos espérances. La nouvelle Mondeo ne se laisse prendre en défaut sur aucun revêtement. Le train avant, relativement lourd, reste sain, malgré les vigoureuses sollicitations. A l'arrière, de légers survirages raviront les amateurs de sensations, dans les courbes, disons, trop optimistes… Mais nous sortons alors du domaine d'utilisation de "bon père de famille", dans lequel l'auto excelle également. Dans un silence étonnant, quelles que soient les motorisations, la Mondeo glisse sur le bitume, s'affranchissant également de bruits aéro-disgracieux… A ce sujet, rendons d'ailleurs grâce à la gestion de l'amortissement piloté, qui permet de choisir le typage de suspension souhaité (Sport, Normal ou Confort) selon les préférences personnelles du conducteur ou l'état de la route.
    Au moment de passer à la pompe, vous découvrirez avec bonheur, comme nous, un système de remplissage tout à fait inédit et innovant. Tout d'abord, le bouchon de réservoir à vis a disparu. Comme sur les nouvelles Renault, la trappe de la carrosserie fait désormais office de bouchon. Mais le plus beau reste à venir. On connaissait l'astuce consistant à réduire le diamètre de l'embouchure pour éviter de remplir de gasoil un réservoir d'essence sans plomb. Désormais, il est impossible d'introduire un pistolet essence dans un réservoir de Diesel ! Par un savant jeu de collerette multi-ergots, le pistolet Diesel, de plus grand diamètre, fait office de "clé", seule capable de libérer l'accès au réservoir. Étonnant !

    Et la mécanique ?

    Au rang des motorisations, Ford nous gratifie d'une palette très large. En Diesel tout d'abord, énergie qui devrait avoisiner les 90 % des ventes selon Ford, la Mondeo reçoit le 1.8 TDCi Duratorq, en deux versions, 100 et 125 chevaux. Pour les amateurs de tempérament un peu plus marqué, le très sérieux bloc 2.0 l TDCi développé en partenariat avec PSA sera disponible en 130 et 140 ch, selon que l'utilisateur choisira la boîte manuelle ou la boîte auto, toutes deux affichant 6 rapports. Du côté des moteurs essence, la gamme débute avec le 1.6 l de 110 ch ou 125 ch, suivi d'un 2.0 l accusant 145 ch, d'un 2.3 l de 161 ch, et enfin, pour les plus virils, le 5 cylindres 2.5 l, affichant 220 ch pour un couple de 320 Nm. Quant aux finitions, la Mondeo est prévue en 5 versions. Trend en entrée de gamme, suivi de Ghia, Ghia + (intégrant le système de démarrage sans clé), Titanium et Titanium + (phares directionnels, jantes en 17"…). En conclusion, la nouvelle Ford ratisse large, très large, grâce à une belle homogénéité, dans tous les domaines. Une ouverture d'esprit confirmée par la largeur des motorisations et des finitions proposées. La Mondeo revient donc aux avant-scènes, et devrait susciter des nuits blanches chez Renault et Peugeot, qui, à prestations équivalentes, se révèlent un tantinet plus onéreuses.


    Frédéric Richard


     

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