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Constructeurs

Entretien avec Didier Maitret, président de BMW France et vice-président de BMW Groupe.

Publié le 21 janvier 2005

Par Tanguy Merrien
5 min de lecture
"En 2005, nous allons poursuivre notre offensive produits". Alors que la Sécurité Routière continue de fustiger les marques allemandes de prestige, BMW poursuit son étonnante progression en France. Didier Maitret, le président de la filiale française, l'explique par...
"En 2005, nous allons poursuivre notre offensive produits". Alors que la Sécurité Routière continue de fustiger les marques allemandes de prestige, BMW poursuit son étonnante progression en France. Didier Maitret, le président de la filiale française, l'explique par...

...une offre produits qui n'a jamais été aussi forte et par la capacité d'adaptation de la marque aux changements de mentalité des Français.


Journal de l'Automobile. Comment analysez-vous les résultats 2004 ?
Didier Maitret. Nos chiffres sont bons, mais pas tout à fait à la hauteur de mes espérances. Je mets de côté Mini qui est un succès considérable et dont nous vendons tout ce qui nous est alloué. Si le contingent pour 2005 est plus important, nous répondrons à plus de demandes ! Pour BMW, je pensais que le marché serait supérieur. Dans ce contexte, nous atteignons notre objectif de parts de marché, à 1,8 %, mais pas notre volume de 40 000 ventes. Nous en sommes proches, à 37 108 unités.


JA. Le succès est au rendez-vous, pour quelles raisons ?
DM. Notre offensive produits, qui se prolonge, en est la principale raison. Nous avons lancé en l'espace de deux ans le Z4, la Série 5, la Série 6, le X3, la Série 1… Si avec un tel festival de produits, nos ventes ne progressaient pas, il faudrait se poser des questions. Surtout qu'en même temps le réseau a investi énormément pour remettre le mobilier et le matériel complètement aux normes. En moins de quatre ans, 125 concessions ont procédé à des investissements majeurs !


JA. Quels sont vos objectifs ?
DM. Nos objectifs sont extrêmement clairs. Ils consistent à continuer à assurer la croissance et la rentabilité du groupe en France, à défendre la rentabilité de notre réseau de concessionnaires et à renforcer notre implantation en France.


JA. Est-ce que vous avez eu des surprises quant aux résultats de certains modèles de la marque ?
DM. La marque a vécu et est en train de vivre une vraie mutation, qui vient de l'évolution des goûts des consommateurs et qui tient compte des campagnes extrêmement fortes visant à améliorer, à juste titre, la sécurité routière en France. Les goûts des automobilistes se fragmentent et il n'y a plus de catégories très nettes de véhicules. Tout cela pousse les constructeurs à diversifier leur offre et à voir leurs modèles phares se développer beaucoup moins vite. C'est le cas de BMW dont les berlines marquent le pas alors que l'on assiste à une explosion des 4x4 avec le succès des X3 et X5. Pour donner un exemple, j'ai un mois, un mois et demi de Série 5 en portefeuille et trois mois, trois mois et demi de X5 alors que, paradoxalement, la berline est plus récente. Dans le même ordre d'idée, on assiste à un recul des Séries 7 et à une très forte croissance des coupés et des cabriolets de la Série 6 !


JA. Quelles sont vos satisfactions ?
DM. Le X3 est clairement une satisfaction. Nous lançons d'abord un 3 l Diesel pour monter en cadence, puis en septembre en 2 l Diesel, et nous n'arrivons pas à suivre. Nous en avons livré 4 800 et nous dépasserons les 5 000 en 2005.


JA.Et vos regrets ?
DM. Pour un amateur, un passionné de voitures, le fait que les motorisations essence cèdent le pas au Diesel me gêne un peu. Nous sommes arrivés à 80 % de Diesel en termes de production. Les amateurs de V 8 se rabattent sur les Diesel ou les 6 cylindres. Ce n'est pas une question de chiffre d'affaires car le transfert de chiffre se fait, mais plutôt un léger regret. Concrètement, cette évolution des mentalités se traduit par une baisse des M3 et par une grosse incertitude sur les M5.


JA. Vous évoquez les effets de la Sécurité Routière. Pouvez-vous être plus précis ?
DM.En France, nous en sommes encore au stade de la répression ; dans plusieurs pays d'Europe où la loi est établie depuis longtemps, comme la Grande-Bretagne, les automobilistes continuent à acheter de grosses cylindrées tout en respectant les limitations de vitesse, ne serait-ce que pour les accélérations. Nous n'en sommes pas encore là en France.


JA. Comment voyez-vous l'année 2005 ?
DM. En 2005, nous allons continuer notre croissance parce que notre offensive produits va continuer. La Série 1 marche très bien et nous ne l'avons lancée que fin septembre : il est donc clair que l'année 2005 va voir les ventes de cette Série augmenter de manière significative. Nous atteindrons les 8 ou 10 000 exemplaires. Pour le X3, nous vendrons tout ce que nous avons et nous arriverons avec le X5 à 10 000 immatriculations. Et surtout, début mars, nous lancerons la nouvelle Série 3, notre cœur de cible. Cela devrait très bien marcher.


JA. En somme, vous êtes plutôt confiants ?
DM. Nous devrions dépasser pour la première fois le seuil des 40 000 voitures, nous pouvons faire les 42 000. Par ailleurs, le procès d'intention que l'on nous faisait - et qu'on faisait à Porsche -, puisqu'on stigmatisait ces deux marques comme "responsables" des dangers de la vitesse, commence à s'estomper et c'est plutôt satisfaisant. Sinon, comment expliquer que les ventes de BMW et de Porsche croissent aussi vite que le nombre de morts baisse sur les routes ?

Propos recueillis par Hervé Daigueperce

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