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Constructeurs

En dépit de la pénurie de semi-conducteurs, Nissan est confiant

Publié le 28 juillet 2021

Par Jean-Baptiste Kapela
4 min de lecture
Après deux années compliquées pour Nissan, le constructeur japonais s’attend à un bilan 2021-2022 dans le vert. Malgré la pénurie de semi-conducteurs et la crise sanitaire, la société nipponne espère un bénéfice net de 462 millions d’euros au terme de son exercice annuel.
Après deux années compliquées pour Nissan, le constructeur japonais s’attend à une année fiscale 2021-2022 dans le vert.

 

Que ce soit la pénurie de semi-conducteurs qui joue les prolongations ou encore la crise sanitaire, rien n’ébranle l’optimisme de Nissan. Après deux exercices annuels catastrophiques, le constructeur japonais mise sur de nouveaux modèles pour revenir dans le vert au courant de cette année et en 2022. Il vise désormais un bénéfice net de 60 milliards de yens (462 millions d'euros) pour son exercice annuel se terminant le 31 mars prochain, alors qu'il prévoyait précédemment une perte de 60 milliards de yens, selon un communiqué.

 

L'allié du français Renault et de Mitsubishi Motors sort de deux exercices désastreux, marqués par de graves difficultés internes dans la foulée de l'affaire Ghosn puis de la pandémie. En 2019 et 2020, sa perte nette s'était établie à 448,7 milliards de yens, soit près de 3,4 milliards d'euros. Nissan est aussi plus confiant quant à son bénéfice opérationnel annuel, qu'il voit à présent atteindre 150 milliards de yens, alors qu'il tablait auparavant sur un résultat autour de l'équilibre. Il table sur une marge opérationnelle de 2% en 2021 et 2022 (en incluant sa coentreprise en Chine avec Dongfeng), après une marge de 4,5 % sur ce périmètre au premier trimestre.

 

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Nissan a également relevé mercredi son objectif annuel de ventes, passé de 9 100 à 9 750 milliards de yens (75 milliards d'euros), ce qui représenterait une hausse de 24 % par rapport à 2020 et 2021. "La pénurie de semi-conducteurs devrait avoir un impact significatif pour les volumes de ventes" au deuxième trimestre, a prévenu le groupe, qui s'attend à ce que ce problème "perdure". Mais "nous anticipons une reprise au second semestre, quand plusieurs nouveaux modèles seront lancés dans nos marchés clé", a déclaré le directeur général du groupe, Makoto Uchida, cité dans le communiqué.

 

Un premier trimestre "solide"

 

Aussi, malgré les difficultés de production liées au manque de puces électroniques, Nissan n'a pas modifié son objectif annuel de ventes en volume, toujours fixé à 4,4 millions d'unités, soit près de 400 000 de plus qu'en 2020/21. Sur son premier trimestre (avril-juin), le constructeur a dégagé un bénéfice net de 114,5 milliards de yens, contre une lourde perte un an plus tôt. Il a aussi signé un bénéfice opérationnel de 75,7 milliards de yens, pour un chiffre d'affaires de 2 008,2 milliards de yens (15,5 milliards d'euros), un rebond exceptionnel de 71 % sur un an.

 

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En volume, ses ventes ont très fortement rebondi en Chine, en Amérique du Nord et en Europe sur le trimestre écoulé, avec une croissance d'environ 70% sur un an sur ces trois marchés. Makoto Uchida a salué "une performance solide" au premier trimestre et noté que le plan Nissan Next, cure d'austérité lancée en 2020 pour améliorer la rentabilité du groupe, continuait de progresser. Nissan s'est félicité des attentes suscitées par son nouveau crossover 100 % électrique Ariya, dont il a toutefois repoussé début juin la sortie en raison notamment de la pénurie de semi-conducteurs. Les précommandes pour la nouvelle version de son SUV Qashqai ont aussi été dynamiques.

 

Quelques bouffées d’air pour Nissan

 

"Si Nissan parvient constamment à réduire ses coûts, bien vendre ses nouveaux modèles et limiter l'impact de la pénurie de semi-conducteurs, alors la rentabilité pourrait être en vue", avait commenté auprès de l'AFP Satoru Takada, un analyste automobile du cabinet d'études TIW à Tokyo en amont de la publication des résultats du groupe. Après des années de vaches maigres et de scandales, Nissan commence à montrer des signes tangibles de renaissance.

 

Le 1er juillet, il a ainsi annoncé un projet de "giga-usine" de batteries électriques au Royaume-Uni avec 6 000 emplois directs à la clé. Une usine similaire est aussi dans les cartons au Japon. AESC, filiale japonaise du groupe chinois Envision qui est partenaire de Nissan dans les batteries, avait aussi dévoilé quelques jours auparavant un ambitieux projet d'usine de batteries à Douai (nord de la France) pour le compte de Renault. Les vives tensions entre Renault et Nissan, qui avaient éclaté au grand jour avec l'affaire Carlos Ghosn en 2018-2019, semblent aujourd'hui appartenir au passé. Comme un symbole, Makoto Uchida, un "pro-alliance" arrivé aux commandes de Nissan fin 2019, faisait partie des grands patrons nippons reçus samedi dernier par Emmanuel Macron lors de sa visite à Tokyo pour l'ouverture des Jeux olympiques. (Avec AFP)

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